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littérature fantastique & merveilleuse - Page 5

  • La Ville engloutie 4 (Le petit Chaperon II)

    roulotte2.jpg Une douce torpeur gagnait Phyllis que le balancement de la roulotte berçait.  La matinée avançait, chaude, réconfortante.  Le soleil jouait dans les feuillages  au rythme cadancé des pas des chevaux.  La petite fille ferma les yeux  et ne tarda pas à s'endormir. Elle se trouva dans son ancienne chambre, dans la maison de sa maison et il lui sembla entendre sa maman fredonner. Elle sourit dans son sommeil et se tourna sur le côté. La porte de sa chambre s'ouvrit et sa maman parut sur le seuil.

    - Phyllis ! Il est l'heure de se réveiller. Tu ne dois pas être en retard pour l'école.

    Dans un sursaut, le petit Chaperon rouge se réveilla.  Se redressant, elle  regarda autour d'elle quelque peu déçue. Non, elle n'était pas à la maison mais dans une roulotte de forains en route pour la Capitale.

    " La Capitale ? Mais de quelle capitale s'agit-il ?" pensa-t-elle en regréttant de ne pas avoir été plus attentive durant ses cours de géographie.

    - Capitaine, dans quel pays nous sommes ? Et quel est le nom de la Capitale où l'on va ?

    Tous les regards  se tournèrent vers  le Capitaine. Il avait longtemps voyagé. C'était un excellent marin et un bon navigateur. Il maîtrisait très bien la géographie de la planète. Ils attendirent qu'il se décidât à parler.

    - Eh bien, au moment de notre naufrage, notre position était la latitude 47-58 N et longitude 004- 10W.

    - Ce qui veut dire ?

    - Cela signifie que nous sommes  en Cornouaille.

    - En Cornouaille !? s'écria épouvanté le Pêcheur. Quelle Cornouaille ?

    Un silence interrogatuer s'ensuivit. Puis le Capitaine précisa d'une voix inexpressive.

    - Au royaume du roi Cradlon.

    - Vous voulez dire...

    Le Capitaine hocha affirmativement la tête.

    - Ker Is.

    Phyllis et Océane ne comprirent pas tout de suite ce qu'impliquait cette réponse. Ni l'une ni l'autre n'avaient entendu parler de Ker Is. Mais le Pêcheur continuait à fixer le Capitaine avec une expression de peur sur son visage et le Cracheur de feu était visiblement bouleversé lui aussi.

    - Qu'est-ce Ker Is ?  insista le petit Chaperon rouge.

    - Il s'agit de la ville d'Ys qui  fut jadis une ville marine légendaire. La fille du roi, Dahut, était fascinée par la mer, dit-on.  Elle demanda à son père de bâtir pour elle une ville d'une beauté inégalée.  Le roi Gradlon pour satisfaire sa fille, construisit une cité d'une splendeur inégalée. Cependant, la ville sombra dans la luxure et la débauche. Le diable trompa Dahut et vola la clef des portes qui protégeait la ville de la marée et livra la ville aux flots de l'océan déchaîné. Ainsi, périt Ys, engloutie par les eaux, conclut le Capitaine.

    - Mais alors, si la ville d'Ys a péri, comment se fait-il que nous y allons ? fit naïvement Océane.

    - C'est ce que nous devons découvrir,  soupira le Capitaine. Dans quelques heures nous chercherons à le savoir.

  • La Ville engloutie (Le petit Chaperon II)

    bombyx3.jpg- C'est ainsi que les personnages que nous  suivons depuis un moment déjà grâce à Phyllis le petit Chaperon rouge, arrivèrent en terre inconnue.  Leur navire n'était plus en état de reprendre la mer et ils ne savaient pas comment ou quand ils allaient le réparer.  Ils étaient fatigués du voyage  après une tempête terrible  ne se doutant pas que la Sirène hostile, cherchait toujours leur perte.  Ils avaient suivi le petit garçon sans vraiment poser de questions et ils pensaient que si des difficultés venaient à surgir, ils pourraient faire face  grâce à la solidarité et leur ingéniosité.  Du moins, c'était de cette manière qu'ils avaient procédé jusqu'à ce jour. Mais  l' histoire  prend  désormais un nouveau tournant, dit le vieux Bombyx aux enfants-vers du mûrier. C'est à l'instant  où  nous baissons la garde que l'ennemi choisit pour attaquer.

    Lorsque les personnages entrèrent dans le hangar, le sol se mit à trembler, la lumière disparut et tout devint sombre. Comme sortant des parois  de la pièce, un souffle chaud les enveloppa et ils furent obligés de s'agripper les uns aux autres pour ne pas tomber. Ils se sentirent soudain soulevés du sol.  Le souffle autour d'eux s'intensifia formant un tourbillon qui les emporta avec une rapidité extraordinaire et les projeta sur une surface lisse et dure.  Ils leur fallut un bon moment pour retrouver leurs ésprits. Le premier à se mettre debout fut le Capitaine. Le temps de s'habituer à la semi-obscurité qui régnait dans l'endroit, il vérifia que tout le monde était là sans dommages.

    - Que s'est-il passé ? Où sommes-nous ?demanda le Cracheur de feu.

    - Je ne sais pas. Mais j'ai bien l'intention de le découvrir, répliqua le Capitaine en jetant un coup d'oeil autour. Il semblerait que nous sommes dans une sorte de caverne naturelle.

    - Un moment, j'ai cru que nous allions tous mourir étouffés par la chaleur. Je n'arrivais plus à respirer ! s'exclama Phyllis.

    - Tu devrais d'abord attacher Platon à avec une ficelle, lui conseilla le Capitaine. Le Cracheur doit avoir ce qu'il faut dans sa besace.

    - Heureusement que nous n'avons pas perdu nos affaires !

    Il fouilla et sortit  d'une des poches de son sac une bobine de grosse ficelle et, coupant un bout le tendit à Phyllis.

    La petite fille attacha Platon. Puis, suivant les instructions du Capitaine, en file indienne, ils se mirent en route. Le Capitaine marchait devant, suivit du Pêcheur. Puis venait Océane, Phyllis qui tenait Platon par la ficelle, le Cracheur de feu, et les les deux hommes de l'équipage qui étaient descendus du bateau avec le Capitaine.

    - Où est passé le garçon ? chuchota au bout d'un moment Océane à son amie.

    - Je crois qu'il n'a jamais eu de petit garçon répliqua Phyllis. C'était un leurre pour nous attirer dans cet endroit. Dieu sait ce qui va arriver maintenant.

    - Crois-tu que la Sirène est responsable de notre situation ?

    Phyllis ne répondit pas et personne ne parla. Ils n'avaient pas le coeur à discuter. Ils avaient tous la même idée. La Sirène avait provoqué la tempête et avait fait en sorte de les attirer dans ce lieu horrible qui sentait le moisi afin de les laisser périr lentement de faim et de soif.

    Ils marchèrent longtemps. Phyllis perdit la notion de temps, ses jambes commençaient à la faire souffrir, parfois elle trébuchait sur des pierres et peinait à suivre. Elle souhaitait que le Capitaine fît une pause pour qu'ils puissent se reposer, mais n'osait pas le demander. Elle avait faim et soif et Platon qui tirait sur sa corde ne facilitait pas la tâche. Elle serait prête à abandonner si les autres ne continuaient à avancer. Tout à coup, la lumière du jour s'intensifia. D'un geste de la main, le Capitaine s'arrêta, et le Pêcheur vint se heurter à lui. Ils levèrent la tête.  Ils étaient enfin sortis de la caverne. Maintenant devant eux, à perte de vue s'étendait une vallée arborée et verdoyante.


  • Le petit Chaperon rouge (29)

    sirène8.jpgLorsque la Sirène comprit que son énigme fut résolu, elle se mit dans une rage telle, que son corps perdit son aspet d'albâtre et   toute sa peau s'affubla d'une couleur irisée dangereuse qui mit en fuite toute créature vivante à des mètres à la ronde.

    - Satané Hollandais volant ! Je n'ai pas dit mon dernier mot. Ça ne se passera pas comme ça !

    Une pensée la taraudait. Elle devait entrer en contact étroit avec le vaisseau, observer de prêt ce qui s'y passait., comprendre pourquoi elle avait échoué dans sa tentative d'attirer le petit Chaperon dans ses griffes, pourquoi le Pêcheur vivait encore et comment le navire maudit pouvait toucher terre alors que le temps imparti n'était pas arrivé à son terme.  Par trois fois consécutives ses plans avaient été contrariés. Un projet plus efficace s'imposait. Cependant, pour assurer le succès d'un nouveau plan, il lui faudrait mieux connaître  son ennemi afin de mieux le vaincre.  Il   fallait  pouvoir approcher  le Capitaine, ses hôtes et l'équipage sans soulever des soupçons. Elle médita longtemps de la meilleur façon de s'y prendre. Ne pas précipiter les choses. C'était certain, les occupants du grand voilier bénéficiaient de protéctions nouvelles, puissantes avec lesquelles il faudrait composer.

    Dès que le jour pointa, la Sirène nagea vers le navire et se garda bien de sortir à la surface. Elle se mit à surveiller la trajéctoire du bateau, à noter les allées et venues de l'équipage. Elle attendrait le moment propice en échafaudant ses plans obscures.

    Sur le vaisseau,  personne ne remarque la surveillance étroite dont ils étaient l'objet. Phyllis heureuse de retrouver son apparence de petite fille, ne cessait de demander qu'on lui raconte comment ils avaient trouver la solution à l'énigme de la Sirène, comment le Cracheur de feu avait établi son cercle de feu pour que la créature des mers ne pût le traverser et blesser ceux qui étaient à l'intérieur et tant d'autres choses. Mais elle prit un soin particulier à la statuette que le Pêcheur avait sculpté pour elle lorsqu'il pensait ne plus la revoir. Océane et Platon ne laissaient jamais Phyllis seule désormais et le Capitaine veillait à ce qu'un homme de l'équipage montât la garde quand les fillettes dormaient.

    Ainsi le navire poursuivit sa route sur les mers et s'approcha des côtes européennes vers les célebres Colonnes d'Héraclès, et l'on pouvait voir par temps clair le détroit où le géant Atlas supportait la voûte céleste sur ses épaules de granit. Lentement, la terre s'approchait et la mer devenait bleue émeraude  ou bleue saphir selon la lumière, éclatante, tentatrice et désirable. La lointaine Europe se profilait enfin à l'horizon.

  • Le petit Chaperon rouge (26)

    4.jpgBouleversés, le Capitaine du vaisseau, le Cracheur de feu et le Pêcheur, éloignèrent Platon et Océane de la cabine du loup, et sécurisèrent l'entrée pour que l'animal ne puisse pas s'échapper. Un homme de l'équipage fut chargé  de monter la garde devant la porte. Puis, nos compagnons s'enfermèrent dans la salle commune pour réflechir à l'attitude à tenir.

    - Le loup ne semble pas agréssif, comença le Cracheur de feu. A mon avis, un maléfice a transformé Phyllis en animal sauvage. Il faudrait trouver le moyen de lui rendre son apparence de petite fille. Sans elle, rien n'est pareil.

    - Il est primordial de connaître comment cette métamorphose s'est produite pour trouver un remède.   Qui avait intérêt à faire disparaître Phyllis ? Qui essaye depuis un bon moment déjà de nuire au vaisseau et à son équipage ? Il m'est d'avis que nous connaissons cette créature, ajouta le Capitaine. C'est la même personne qui a tenté de saboter le navire ! La même qui a essayé de faire enlever Phyllis afin d'accomplir son oeuvre dévastateur !

    A ses mots, tous se regardèrent entre eux, puis ils fixèrent le Pêcheur. Ce dernier se leva d'un bond.

    - Vous pensez que la Sirène est responsable de la transformation de Phyllis en loup  !? Comment elle s'y serait prise pour cela ? Il faut une puissante incantation pour y parvenir, une force magique importante !

    - Peu importe les moyens. L'essentiel c'est que Phyllis n'est plus une petite fille mais une bête sauvage. Il faut trouver quelqu'un susceptible de nous aider. Il faudrait appeler la Sirène, discuter avec elle, lui proposer sa collaboration. Je pense que la seule la personne qui peut se charger de ce travail, c'est vous.

    - Je ne saurais quoi faire, quoi dire, protesta le Pêcheur. Rien ne garantit qu'elle viendrait si je l'appelle, et je ne suis pas sûr qu'elle voudrait discuter avec moi ! Il est préférable ce soit vous, Capitaine qui engagiez les pourparlers avec elle.

    - Il est possible que vous ayez raison : vous êtes impressionnable et vous risquez de tomber à nouveau sous le charme  dévastateur de la Sirène,  en oubliant  pourquoi nous la faisons venir. D'abord, vous allons l'appeler ; vous êtes le seul à savoir comment procéder. Ensuite, une fois la Sirène arrivée, je vais négocier avec elle. Il faudra nous prémunir contre ses sortilèges, éviter de la regarder en face, garder le regard baissé. Si elle nous propose un marché, le refuser sans hésitation. C'est à nous de poser nos conditions. Il faut rester prudents ! On ne peut tromper facilement un être aussi ancien que la Sirène. Cependant, j'ai une idée pour nous protéger tous contre la séduction de la Sirène. Cracheur de feu, j'aurais besoin de ton art pyrotéchnique !

    Sans tarder, le Capitaine expliqua au cracheur de feu ce qu'il attendait de lui. On s'activa tous pendant  une heure environ. La tempête s'était éloignée et la nuit devint calme. L'aube était encore loin, mais le Capitaine craignait que l'aurore ne les surprît avant d'avoir terminer les préparatifs. Enfin, ils furent prêts.   Autour du grand mât, le Cracheur de feu avait placé un cercle qu'il devait alimenté de feu lorsque la Sirène apparaîtrait ; Le Capitaine et le Pêcheur seraient à l'intérieur du cercle incandéscent. La lueur des flammes empêcherait les deux hommes de voir au delà du cercle le visage de la Sirène. Quant à la créature marine, elle ne s'aventurerait pas à s'approcher des flammes.

    Les deux hommes prirent place à l'intérieur du cercle, et le Pêcheur parla dans une langue inconnue. Sur le coup, rien ne se produisit. Il réitéra sa demande dans la langue étrange. Soudain, on entendit un bruit de vagues déferlant sur la coque du navire et un éclaire verdâtre brilla dans l'océan et les eaux se fendirent en deux. Du fond des profondeurs, surgit une tornade de cheveux dorés, un visage d'une beauté sublime, un corps parfait, et le visage de la Sirène s'immobilisa à quelques centimètres du cercle ardent.

    - Qui trouble mon repos ? tonna la voix mélodieuse et ensorcelante de la Sirène ?

    Son regard ne pouvait voir au delà   du cercle de feu qui entourait les deux hommes. La chaleur lui brûlait désagréablement la peau et elle récula.

    - Je suis le Capitaine de ce vaisseau, ô Sirène ! Je vous ai appelé pour vous proposer un accord.

    - Mon temps est précieux et un accord avec un pauvre mortel ne m'intéresse pas !

    Elle fit mine de plonger dans les flots, mais la voix du Capitaine la rappela.

    - Rendez à Phyllis son apparence humaine, sinon je jure que je dévoilerai votre nom aux quatre vents, d'Est en Ouest, du Nord au Sud !

    Contrariée, la Sirène tenta encore une fois de voir l'homme qui lui parlait.

    - Comment peux-tu savoir mon nom ? Je ne te l'ai jamais dit !

    - Vous, non ! mais je le sais. Et si vous ne me dites pas comment Phyllis retrouvera son apparence humaine, je le ferais connaître dans  tous les ports, dans toutes les mers et les océans ! Votre magie est puissante, mais la magie qui me retient prisonnier avec mon équipage sur ce  Vaisseau est encore plus puissante. Vous ne trouverez jamais plus le repos si vous refusez de faire ce que je vous demande.

    La Sirène bâtit en retraite. Le Capitaine volant semblait sérieux. Ce Hollandais maudit avait le pouvoir de crier son nom aux vents qui le transporteraient aux quatre coins du globe. Le silence s'éternisa. Enfin, la créature prit sa décision.

    - Je vous dirais comment rendre à l'enfant son aspect primitif, si vous me donnez en échange le Pêcheur que vous avez sauvé de la noyade. Je vous laisse vingt-quatre heures. Demain, à la même heure, je reviendrai récuperer mon dû. Sinon, la petite fille restera à jamais une bête sauvage !

    Sans d'autres mots,  enveloppée dans une lumière verte, la Sirène plongea au plus profond de l'océan et disparut.