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littératures fantastique & merveilleuse

  • La Ville engloutie 19 (Le petit Chaperon II)

    Statue petite sirène.jpgArimée  sur la roche, baignée de lumière et d'or, la statue de la petite Sirène d'Andersen contemple les flots pour l'éternité. Muette, les yeux  emplis de nostalgie et d'espoir, elle attend son amoureux dans une posture immuable.Malgré ses doutes, le Pêcheur s'approcha et de sa main calleuse hasarda une caresse maladroite sur les cheveux de bronze. Il s'attarda quelque peu, puis recula d'un pas. Il inclina la tête sur sa puissante poitrine, il eut un soupir mélancolique. Enfin, de sa voix rude il murmura ses mots.

    - O, Sirène !  Amie de tous les marins, humbles ou riches, compagne de mon sommeil et de mes rêves, créature  peuplant les mers et les océans de ce monde; toi, petite Sirène qui refusa l'immortalité pour l'amour d'un mortel ! Écoute ma prière, accepte-la parce qu'elle vient du fond de mon coeur ! Sirène, ma Sirène bien aimée, reçoit le sacrifice de mon amour, de mon âme, de ma pensée, de mon être ! Toi qui sillonne les mers par la pensée, accueille dans tes bras la vie misérable d'un être qui n'a connu l'amour que dans les vastes contrées bleues des eaux  qui t'ont  vu naître ! C'est simplement que je viens à toi !

    Tel fut la prière du Pêcheur lorsqu'il se trouva face à la statue de la petite Sirène dans le port de la capitale du Danemark. Dès qu'il eut prononcé ces paroles, il sortit de sa poche le petit sachet que la Dame de Ker Is lui avait confié et vida son contenu dans la mer. Les particules de sable  iridescent voltigèrent dans la brise légère, en formant un mince filet coloré, et  s'enroulèrent autour du cou de la statue un moment comme suspendus en collier de lumière et finirent leur valse dans les eaux dorées  par le  coucher de soleil. Le Pêcheur soupira à nouveau. Il releva la tête et regarda encore la statue. Sur son visage se dessina une expression de tranquilité sereine. Il sembla libéré d'un fardeau invisible qu'il eût peser ses ses épaules.

    Ses amis, étaient restés un peu en retrait afin de lui laisser la possibilité d'être seul avec son rêve. Tous avaient apréhendé l' instant qui allait mettre le Pêcheur face à l'avatar de la Sirène des mers, une version édulcorée et bien plus humaine  de cette dernière.  Tous, durant la traversée n'osèrent pas exprimer à voix haute leurs doutes. Ils avaient craint à chaque instant de voir surgir de nulle part la Sirène des mers avec ses révendications, sa méchanceté et ses pièges mortels. A présent, tous se sentaient soulagés.

    Le soleil tardait à décliner dans ses contrées nordiques et il se faisait tard déjà. Après avoir respecté lla prière et le recueillement de son ami, Phyllis le petit Chaperon rouge, impatiente de terminer cette quête, s'avança vers le Pêcheur et posa sa minuscule main sur le bras tanné par les travaux marins.

    - Il est temps pour nous de partir, Pêcheur. Je suis contente que tu aies accompli ton pélérinage. Mais je pense qu'il faut pour nous, retourner à notre point de départ !

    - Notre point de départ ?

    - Évidemment ! La Sirène des mers nous laisse tranquilles pour le moment. Rien ne s'oppose désormais à ce que nous partions tous à la découverte de l'Europe ! N'est-ce pas Capitaine ? ajouta-elle en direction du Hollandais.

    - Tu as raison, Phyllis. Tant de choses, de lieux, de personnes et d'aventures vous attendent dans ce vieux continent ! Peut-être qu'il est temps de réaliser vos projets.

    - Quel discours étrange ! Mais, vous venez avec nous Capitaine !

    - Je crains que cela ne soit pas possible Phyllis, répondit le Hollandais avec un tremblement d'émotion dans la voix. Le Cracheur de feu, Océane, Platon et toi vous pouvez partir à la découverte de ce merveilleux continent. Cependant, même si je le voulais, je ne pourrais pas vous accompagner. Je ne suis qu'un vieux marin habitué aux mouvements de la houle sous les planches de mon navire ! De plus, que ferait mon équipage sans moi ?

    - Oh ! Cela est impossible, Capitaine ! s'écria Phyllis horrifiée. Il est hors de question que nous vous quittions ! Je ne partirai pas sans vous. N'êtes vous pas de mon avis, Océane ? Plation ? Pêcheur ? les interpella-t-elle. Et recevant l'approbation de ses compagnons et amis, elle poursuivit triomphante.

    - Vous voyez !? Personne ne partira sans vous ! Même toi, mon cher Cracheur de feu ! Tu ne voudrais pas quitter le Capitaine ?

    Tous acquiescèrent. Il n'était plus question de partir découvrir l'Europe sans le Capitaine. Sans lui, plus rien ne serait pareil ! Tous regardèrent le Hollandais qui se tenait immobile, dos à la mer. Il était venu le moment tant redouté de tous. Qu'allait-il se passer ? Que fallait-il décider ? Tous les yeux restèrent rivés sur le visage du Hollandais volant en attente de sa réponse.