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La Lettre III (fin)

Le regard est le premier des contacts. Le premier toucher, impalpable mais sensuel. Je plonge dans tes yeux immenses et sombres et me laisse subjuguer par le charme de ton corps. Une pulsion irrépressible me pousse et m’attire vers toi, et ton regard électrise tout mon être. Je t’enferme dans l’espace de mes bras. J’embrasse tes lèvres pulpeuses que j’aime croquer jusqu’au sang. Je laisse mes lèvres et ma langue descendre sur ton corps lisse qui se transforme et s’épanouit. Je caresse tes seins qui se dressent et durcissent sous ma bouche, je m’ aventure sur ton ventre et embrasse ta verge chaude et dressée comme un objet incongru hors de mon sexe qui brûle de la recevoir. Je fais durer l’attente. J’attise le feu afin qu’au moment où nous nous rejoignons, ton sexe fusionne avec le mien qui attend d’assouvir sa brûlure douloureuse dans ton éjaculation. Je recommence et dévore chaque parcelle de chair nue offerte sans retenue encore et encore et nous finissons ensemble dans l’anéantissement orgasmique. Un soubresaut et je me réveille avec l’amertume d’avoir perdu ta trace. Ma main s’attarde sur les draps froids et mon corps se glace. Tu n’es plus là… Pourtant je sens encore au bas de mon ventre ton sperme se mêler à ma propre jouissance. Le vide n’est que plus poignant. Ce n’était donc qu’un rêve ? Un rêve si beau, si fort, que je voudrais y rester éternellement. Je ne bouge plus. Je te contemple à nouveau. Tu restes immobile dans un brouillard qui t’enveloppe et me cache l’expression de ton visage. Je décèle une tristesse dans tes yeux. Je crie, je t’appelle et tu te détournes de moi. Ne t’en va pas ! J’ai tant attendu…Trop tard. Ton image s’efface et un homme inconnu prend ta place. La frustration remplace le désir. Avec les autres rien n’est pareil. Je répète ton prénom comme une incantation. Oui, je signerais le Pacte du diable pour sentir encore une fois ton membre en moi. Je crie, entre l’extase charnelle et la détresse morale. Je te maudis ! Parce que tu n’es pas là, parce que tu me laisses à nouveau dans la solitude et que je n’en peux plus de vivre dans les rêves. Dire encore que je souffre ? Que la solitude me pèse ? Dire que ton absence me détruit inexorablement est une banalité, un lieu commun ! Comment me libérer de cette torture ? J’ai promis de ne pas te suivre, d’attendre patiemment que tu viennes à moi… Que l’attente est donc longue ! Insoutenable ! Le sommeil me fuit l’absence foudroie mes membres et je suis exténuée. Si tu pouvais venir, donner un signe, confirmer ou infirmer mes pensées ! Impossible ! Je hais les mots, je hais les pensées et encore plus je hais les sentiments que j’éprouve pour toi. Je te hais ! Je me lève, je m’habille en hâte. Je ne peux pas te perdre ainsi, sans rien dire, sans te parler. Tu dois savoir, m’écouter, comprendre ce qui s’agite en moi. Je décide de venir te voir. En chemin, j’imagine ce que je te dirai, et ce que tu répondras en conséquence. Une sueur froide m’enveloppe mais je ne recule pas. D’un geste déterminé je sonne à la porte et je patiente jusqu’à ce que tu m’ouvres. Je balbutie un bonjour, j’explique les raisons de ma présence, je te demande de me laisser entrer. J’ignore l’expression d’étonnement sur ton visage, le bruit de la porte qui se referme sur moi. Tu me suis, tu parles, tu expliques quelque chose.

Je m’avance au centre de la pièce, mon cerveau refusant d’assimiler ce qu’il voit, ce qu’il entend. Des étoiles voltigent devant mes yeux, et je cligne des paupières. Les sons s’estompent dans un silence cotonneux et la lumière de cette joyeuse matinée se ternit.

Elle est là, la belle ensorceleuse. Adossée gracieusement dans un fauteuil, pleine de confiance et de féminité, ses cheveux épars sur le dossier, les lèvres rouges offertes dans un sourire accueillant de bienvenue. Celle qui s’interpose définitivement entre nous, celle qui emplit ton espace et ton âme, ta vie et ton être est là.

Je te regarde, une supplique muette au fond des yeux. Non ! Ne me la présente pas ! Je ne veux pas la connaître Je ne veux pas apprendre à la connaître, à l’apprécier, à chercher les raisons qui font que tu l’aimes, et non pas moi. Je ne veux pas savoir quelles sont les qualités qui font pencher la balance de son côté. Mais surtout, je ne veux pas apprendre à l’admirer, à la respecter, à l’aimer, parce que c’est accepter de te perdre. D’ailleurs, cela est déjà fait !

Commentaires

  • Mais... Vous m'aviez caché cette nouvelle, dites ??? Si c'est pas de la trahison, ça !

  • Que nenni très cher ! J'ai juste changé le titre, voyez-vous ?

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