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Le Petit Chaperon voit rouge (5)

Le grand navire voguait sur les vagues, depuis un long moment déjà. Le soleil laissait percer à l'est un halo de lumière alors qu'à l'ouest la nuit ne laissait voir que quelques étoiles. Phyllis qui s'était installée dans une cabine avec Platon, dormait poings fermés d'un sommeil heureux et sans rêves. Cependant, Platon n'avait pas fermé l'oeil et tournait encore et encore dans un panier que la petite fille avait installé au pieds de son lit. L'agneau ne savait pas s'il fallait attendre le jour ou s'il fallait réveiller son amie. Durant des heures il avait ouvert grand ses oreilles pour entendre les bruits du navire et il lui avait semblé que quelqu'un soupirait dans le noir. Ne tenant plus, il se leva et tira sur les couvertures de Phyllis et, de son museau, il poussa la petite fille à se réveiller.

- Phyllis ! Phyllis ! chuchota-t-il. Réveille-toi ! Il y a quelqu'un dans la cabine. Phyllis je t'en prie, c'est urgent !

Tant de tintamarre finit par sortir notre Chaperon de son sommeil.

- Enfin, Platon, que se passe-t-il ? Tu ne dors pas ? Tu n'est pas fatigué ?

- Comment puis-je dormir alors qu'une personne ou peut-être une créature dangereuse n'arrête pas de soupirer dans le noir ?

- Tu as dû rêver, Platon. Il n'y a personne ici à part nous !

Le petit chaperon n'avait pas fini de prononcer ses paroles lorsqu'un soupir profond semblant venir d'un minuscule placard se fit entendre. La petite fille et l'agneau restèrent immobiles comme pétrifiés sur place. Puis, Phyllis d'un geste très déterminé, sauta du lit, alluma sa lampe torche et ouvrit le placard. Au début, elle ne vit rien de particulier et s'aprêtait à refermer les portes et retourner au lit quand un autre soupir beaucoup plus proche résonna de nouveau. Platon poussa un petit bêlement de surprise et de frayeur mais Phyllis décidée à en finir avec les peurs stupides de l'animal, regarda plus attentivement le fond du placard et dans une fente bien dissimulée par l'ombre, découvrit une araignée accrochée à sa toile. Délicatement, elle tira sur la toile et demanda : "C'est toi qui soupire ma petite araignée ? Il faut que tu  arrêtes tout de suite, parce que mon ami Platon a très peur et ne peut pas fermer l'oeil. Quel idée saugrenue pour une araignée de soupirer !

toile-araignee-perles-rosee_5600.jpg- Hélàs, répondit l'araignée. Je ne suis pour rien dans tout ça. Moi, je tisse ma toile sans gêner personne. Celui qui soupire se trouve sur le pont inférieur, exactement sous mon placard. D'ailleurs vous n'êtes pas seuls à ne pas pouvoir dormir. Figurez vous, que toutes les nuits, après minuit, cette personne se met à pleurer et à soupirer.

- Mais, qui est-ce ?

- Je ne sais pas; soupira à son tour l'araignée. Chaque fois que j'essaie de voir de qui il s'agit, les soupirs et les pleurs cessent.

- Il faut vite tirer au clair ce mystère, décida Phyllis. J'irai sur le pont inférieur et je trouverai cette personne. Peut-être qu'elle a besoin de notre aide. Platon, viens avec moi.

- Ah ! non, il n'est pas question que tu y ailles ou que je t'accompagne. Il faut vite trouver un moyen de prévenir le Cracheur de feu ou le Capitaine.

- Sottises ! dit résolument Phyllis. Si tu ne veux pas venir, j'irai seule, et je découvrirai d'où proviennent ces soupirs.

Ainsi, armée de sa lampe torche et d'un canif, la petite fille, accompagnée d'un Platon  craintif et tremblotant, déscendit l'étroite échelle qui menait au pont inférieur. Malgré sa peur, Platon insista pour accompagner son amie, et tout les deux finirent par découvrir sous le placard de la chambre une petite pièce qui avait l'aspect d'un débaras. Ils commencèrent par chercher dans deux grandes boîtes mais il n'y avait rien d'intéressant. Ensuite ils dégagèrent sous un tas de poussière un coffre en bois. Phyllis le tira de là, l'épousseta et l'ouvrit à l'aide de son canif. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir sur un fond de velours noir un miroir brillant comme neuf. miroir_verre_barock.jpg

- Quel joli objet ! Je me demande à qui il appartient, dit-elle à Platon. Crois-tu qu'on pourrait le garder ?

- Pour l'amour de Dieu Phyllis ! Que ferions-nous d'un miroir ? Dépêchons nous de trouver qui soupire et retournons vite dans notre cabine. Je n'ai plus le courage de rester ici. Je crois que mon coeur va s'arrêter de battre !

Il n'avait pas terminé ses paroles qu'un long soupir l'interrompit. De frayeur, Phyllis faillit laisser tomber le miroir.

- Hé ! Doucement petite fille ! Tu risques de me briser en mille morceaux ! J'ai beau être enchanté, je ne pourrais pas me rafistoler si l'on me casse !

- Un miroir enchanté ? Comme celui de Blanche Neige ? le questionna Phyllis qui fut vite remise de sa surprise.

- Blanche Neige ? répondit le Miroir. Je n'ai pas eu l'honneur de faire sa connaissance. Je suis le Miroir que la Bête offrit à Belle afin qu'elle puisse la surveiller et je peux te montrer tout ce que tu désires.

- Tout ? Alors... Ma maman aussi ? Hésita Phyllis, car elle avait beau aimer l'aventure, elle aimait sa maman plus que tout au monde et de temps en temps, elle était nostalgique.

- Quelle question ! Évidemment que je le puis !

Le miroir se troubla quelques secondes avant de laisser paraître devant les yeux ébahis de la petite fille un lit dans une  chambre qu'elle reconnaissait bien, dans lequel sa maman dormait. Le petit Chaperon essuya une larme furtive.

- Devenons amis, cher miroir, proposa Phyllis d'une voix émue. Je vous garderais avec nous et vous ne souffrirez plus de solitude. J'imagine que c'est vous qui soupirez et ne laissez personne dormir ?

- J'accepte votre proposition. Je désespérai que quelqu'un me trouve enfermé dans cette boîte malodorante qu'on m'avait enfermé !

- Mais comment vous vous êtes trouvé là dedans ? ne put se retenir Phyllis bien que sa maman lui avait souvent répété que la curiosité  est un vilain défaut.

- La faute à Belle, qui m'emporta chez son père lorsqu'elle alla lui rendre visite. Ses soeurs profitèrent de l'occasion et me vendirent à un marchand de passage qui me vendit à son tour au Capitaine. Mais mécontant, ce dernier m'enferma ici pour ne plus rien voir de son passé.

- Croyez-vous qu'il accepterait de vous laissez en ma possession ? Vous le voulez, n'est-ce pas ?

- Nous verrons  ! répondit le miroir. Seulement, de temps en temps, je vous demanderez de m'autoriser à voir mon Maître et Belle, car ils étaient gentils avec moi et ils me manquent.

Phyllis et Platon regagnèrent leur cabine et tôt le matin, la petite fillette raconta ce qui s'était passé et demanda au Capitaine si elle pouvait garder le miroir. Il n'opposa pas d'objection. Ainsi, un nouveau compagnon vint s'ajouter à notre petite bande.

Pendant ce temps, le Vaisseau qui se nommait Espoir poursuivait sa route vers les mers océanes.

 

 

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