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La Ville engloutie 12 (Le petit Chaperon II)

dauphins3.jpgLe canot avec à son bord le Hollandais volant et ses compagnons, toucha terre au moment où le soleil déclinait à l'horizon. Les passagers débarquèrent et le Capitaine suggéra qu'on passât  la nuit  à l'auberge du port avant de  repartir le lendemain matin vers leur Vaisseau. Ainsi fait, ils prirent leurs dispositions pour la nuit et se retrouvèrent autour d'une table pour le repas du soir. Le Capitaine avait évité toute question relative à la disparition de l'équipage et tous brûlaient d'impatience en attendant qu'il racontât où étaient partis les marins du navire. Le dîner prit fin et le Capitaine ne fit aucune allusion. N'y tenant plus, Phyllis téméraire osa avancer.

- Capitaine, vous avez dit tantôt que vous saviez où était l'équipage de votre vaisseau. Pourriez-vous nous en parler ?

- Oui, nous voudrions le savoir, renchérit Océane. Qu'est devenu l'équipage ?

Les autres membres du groupe acquiescèrent. Eux aussi voulaient connaître ce qu'étaient devenu leurs camarades.

- Je comprends votre impatience, répondit le Capitaine. Mais je préfère d'abord vérifier si ma théorie est la bonne avant de vous en parler. Demain matin, avant de partir, j'ai quelques courses à faire au port. Allons nous reposer et demain je vous raconterai tout ce que je sais.

Personne ne contesta et sur ce, ils se retirèrent pour la nuit. Le lendemain, tous étaient prêts bien avant l'heure. Ils arrivèrent sur la jetée, s'installèrent dans le canot en attendant le Capitaine qui ne tarda pas à paraître chargé d'une petite bouteille d'un liquide noirâtre.

- Qu'est-ce que vous avez là, Capitaine ? demanda un des hommes.

- Voici le moyen de ramener l'équipage ! dit-il en montrant la bouteille à l'étrange contenu. Et maintenant, en route !

Les marins attrapèrent les rames et deux heures plus tard, la petite équipe se tenait sur le pont du grand voilier réunie autour du Capitaine qui à l'aide d'une craie avait tracé un cercle à l'intérieur duquel, distant de quelques centimètres, il en traça un second.  Il plaça en leur centre une  grande coupe métallique. Puis, tirant un bout de papier de sa poche, il recopia soigneusement dans l'espace vide que formaient les circonférences de deux cercles, une inscription  en caractères grecs.  Lorsqu'il termina, il demanda au Cracheur de feu d'allumer un feu dans la coupe métallique et de faire en sorte qu'il soit alimenté constamment jsuqu'à ce que tout soit términé. Le feu fut allumé et lorsque les flammes montèrent assez haut, le Hollandais déboucha la bouteille qu'il avait raporté et versa son contenu au milieu des flammes. Une odeur âcre et désagréable s'éleva en même temps qu'une fumée noire envahissait le pont provoquant des picotements des yeux et de la gorge de l'assistance.  Ceux qui se trouvaient les plus proches du cercle commencèrent à tousser, des larmes pleins les yeux. Cela durant quelques minutes qui semblèrent interminables. Mais soudain, la fumée se dissipa et l'air autour de la coupe métallique parût vibrer. Lentement, les vibrations dessinnèrent de légères ombres qui continuèrent à s'épaissir. Sous les regards ébahis de nos amis, les ombres prirent consistance et donnèrent place aux hommes de l'équipage.

Assis autour du Capitaine, Phyllis, Océane, Platon l'agneau, et les autres pouvaient écoutaient les explications du Hollandais. Quelque temps plus tôt ils avaient salué le retour de l'équipage, son apparition de nulle part mais ils voulaient à présent tout savoir.

- Le plus intriguant dans la disparition de l'équipage était l'absence de traces, commença le Capitaine.  Il n'y avait pas de traces de bagarre,  ni d'objet laissé à l'abandon ou quoi que ce soit qui aurait pu faire penser qu'un danger imprévu avait menacé mes hommes.  Tout sur le vaisseau était en ordre, ce qui me menait à penser que l'équipage était parti de son propre gré.  Où donc étaient-ils allées ?  Ils n'avaient pas gagné le littoral. Les canots, excepté du nôtre, étaient à leur place. Ils ne s'étaient pas jetés à la mer.  Nombre d'entre eux ne savant pas bien nager et ils ont peur de la noyade. Ensuite la marée les auraient  conduit sur la côte et on aurait retrouvé quelque traces de leur corps.  Avaient-ils subi le sort de Platon lorsqu'il a était projeté sur l'île océane ? Peu probable; il existe effectivement des passages d'un univers à un autre. Mais si proche des côtes européennes on l'aurait su !  Il y aurait eu des rumeurs parmi le monde et les gens de la mer.  Non, il fallait qu'il y ait une autre explication. Cela réveillait en moi un souvenir vague mais je n'arrivais pas à savoir exactement quoi. Quand nous avons terminé les réparation du navire et nous cheminions vers le littoral, les deux hommes de l'équipage qui restaient, se mirent à chanter une vieille chanson de mon pays natal. depuis trop de temps déjà nous naviguions sur les eaux. Cet air fit surgir en moi des souvenirs chers à mon coeur et la nostalgie de revoir les rivages de la Hollande m'étreignit. Je me suis senti comme ce malheureux Ulysse qui loin de son île natale, languissait de revoir sa patrie !

Le Hollandais volant se tut plongé dans ses réflexions. Il reprit son récit d'une voix où perçait l'émotion.

- Ulysse ! Ce héros condamné à parcourir les mers ! Son destin n'était-il pas semblable au mien ? N'étais-je pas comme ce roi abandonné de tous, maudit pour l'éternité ? N'avais-je pas perdu mes camarades sur les mers inhospitalières ? Victimes de mille dangers, tombés sous les griffes de la Sirène de mers, magicienne sans coeur ? J'en étais là de mes réflexions quand tout à coup, j'ai compris ! Mon équipage n'avait pas péri ! Il était là sous mes yeux et je ne pouvais pas le voir ! Tout comme Ulysse ne vit pas ses compagnons transformés en bêtes sauvages sur l'île de la magicienne Circée ! * Je répris espoir ! Je pouvais éssayer de rendre visibles mes hommes. Une fois sur terre, je me suis adressée à une vieille sorcière que j'avais rencontré quelques jours plus tôt. Je lui expliquais ce que je voulais et elle m'a donné de quoi secourir mes hommes. Ils n'avaient pas quitté un seul instant le navire, fidèles à leur Capitaine. Voilà toute l'histoire.

 

* Homère, L'Odyssée

 

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