Je reprends la route
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Anges & démons
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Terra Incognita (2)
Le jeudi de l'ascension, nous avons installé très tôt les bagages dans le coffre de la voiture et nous avons pris la route de bonne heure pour éviter la grande circulation de ce long week-end. J'étais content car la veille au bureau, j'avais conclu un dossier particulièrement difficile qui m'avait causé quelques soucis. Enfin, durant quatre jours, j'allais pouvoir profiter pleinement de ma famille. Il faisait beau. Le ciel limpide portait les parfums de l'été proche. On annonçait un temps superbe pour les jours à venir et les enfants, enchantés de ne pas aller à l'école babillaient tout en riant.
La sortie de Paris n'a pas posé trop de problèmes. Bien que la radio avait annoncé des routes chargées et avait récommendé la prudence, une demi heure après notre départ, nous roulions à 130 kh/heure sur l'autoroute des vacances. La route filait agréablement, le trafic était fluide et les enfants que le bruit du moteur berçaiet ne tardèrent pas de s'assoupir. Deux heures plus tard, je m'engageai sur une aire de repos afin de nous dégourdir les jambes et boire un café.
- Ne réveille pas les enfants, suggèra ma femme. Je reste près d'eux, le temps que tu reviennes et j'irai me rafraîchir plus tard.
Je profitai de la pose pour acheter quelques magazines, un paquet de cigarettes et de retour vers la voiture j'en allumai une.
- Tu devrais profiter des vacances pour arrêter de fumer, Milan, me conseilla pour la énième fois Faustine.
J'ai rencontré ma femme à l'université. Une histoire d'amour sans complications. Nous nous sommes mariés peu après l'obtention du diplôme et Faustine qui voulait fonder une famille le plus tôt possible, a laissé sa carrière entre parenthèses pour s'occuper de notre deuxième enfant alors que je me consacrais au bien-être de mon petit monde. Nous nous entendons bien, elle et moi. Nous sommes toujours d'accord sur la manière d'éduquer les enfants, notre conception de la vie est identique et nous nous disputons rarement. Cependant, la cigarette un sujet épineux qui met la patience de Faustine à rude épreuve. Pour éviter de gâcher la matinée, j'écrase ma cigarette à peine entamée.
- Voilà qui est mieux ! Le temps de me laver les mains et boire un café et nous repartons.
Je la regarde s'éloigner vers les bâtiments de la station essence. Elle est très belle, Faustine. Malgré les années et ses grossesses, elle a gardé une silhouette d'adolescente. Je me dis qu'elle a raison, que je devrais enfin me débarrasser de ce vice qui m'empoisonne l'organisme. J'ai devrais profiter de ce week-end pour arrêter de fumer ; loin du stress du bureau.
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Terra Incognita (1)
Je m’appelle Milan Strabievitch et ce qui suit est mon aventure. Je me trouve seul sur une autoroute quelque part entre la ville de Bordeaux et les landes, ma femme et mes enfants m'ayant quitté après une dispute homérique. Du moins, je le suppose car je n’ai aucune certitude sur l’endroit exact où je suis. Je roulais sur cette route lorsque les événements que je m’efforcerais de raconter ce sont produits. Devant moi, à perte de vue le chemin qui mène à Biarritz et les plages océanes. Le bitume se déploie à l’infini sous une lumière blanchâtre et aveuglante dans un cadre sordide et désolé.
Alors que je trace fébrilement ces quelques lignes sur un cahier d’écolier déniché dans les affaires de mon fils, je doute que quiconque puisse lire ces feuillets. Cependant, je dois continuer à écrire dans l’espoir de laisser une trace, comme une empreinte de mon histoire à ceux qui pourraient venir à mon secours. Les heures s'écoulent lentement et écrire m'aiderait à supporter cette attente.
Car, j’ai attendu en vain que quelque chose se produise, que ma femme et les enfants reviennent où que leurs voix me tirent du cauchemar où je suis plongé depuis bientôt deux jours. Lorsqu'elle s'est fâchée, je n'ai pas pris au sérieux ses menaces. Elle se met souvent en colère pour pas grand chose. Mais il m'a fallu admettre que cette fois il ne s'agissait pas d'une dispute habituelle. Je l'ai vu descendre de la voiture et s'éloigner tête haute, en tenant dans chaque main celles de nos enfants et disparaître dans la poussière grise de la route. Mais commençons par le commencement.