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parodie.

  • Cendrillon et les talons aiguilles (4)

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    Sa valise à la main, Cendrillon se sentit perdue.

    Le sortilège de sa marraine l'avait expédiée devant une immense gare, dans un univers chaotique où tout était nouveau pour elle et où tout lui sembla hostile. Dès le premier abord, une odeur atroce la fit suffoquer. Elle toussa et  plissa son joli nez. Des larmes lui montèrent aux yeux et il lui fallut un temps pour respirer à nouveau normalement. Comment les gens qui vivaient ici pouvaient supporter cette puanteur ? Ce n'était pas tout ! Des bruits atroces jaillissaient de toutes parts ! Des carrosses tirés par aucun cheval mugissaient, crissaient, klaxonnaient. Des cris insupportables, des sons stridents, des exhortations diverses se mêlaient dans une cacophonie indescriptible. Ses oreilles en furent offensées. Des passants se pressaient, la frôlant presque. Ils  allaient, venaient, s'arrêtaient, repartaient, gesticulaient. Bref, une agitation extrême entourait notre héroïne.

    Une peur panique étreignit la jeune fille. Son cœur sombra au fond de sa poitrine.  Soudaine, la solution de la Fée-marraine lui parut absurde et ridicule. Elle-même se sentit ridicule. Quelle idée vraiment, de quitter son Prince, le palais, son bien-être pour se lancer dans un monde inconnu ! Découragée, elle regretta son empressement. Il aurait mieux valu qu'elle restât là où elle était, chez elle ! Désormais, il était impossible de revenir en arrière. Restait à souhaiter que le délai du sortilège passe le plus vite possible pour la ramener dans son monde.  Rassérénée quelque peu à cette réflexion,  Cendrillon fit deux-trois pas en avant. Elle hésita. Que faire ? Où aller ? Elle ne connaissait ni l'endroit ni personne.

    « Tout de même, pensa-t-elle.  Je ne peux pas rester plantée ici ! Je dois faire quelque chose ! Commençons par trouver un endroit où loger, puis, j'aviserai. »

    Serrant la poignée de sa valise, Cendrillon s'avança courageusement vers la première personne qui lui sembla digne de confiance, une dame d'un certain âge assise avec son chien sur un banc.

    « Excusez-moi, Madame, dit-elle d'une voix tremblante. Je suis étrangère ici, je ne connais personne et je voudrais trouver un endroit où loger provisoirement. Pourriez-vous m'aider ? »

    La dame examina son interlocutrice suspicieusement. D'où débarquait-elle ? Ses vêtements bien que correctes étaient affreusement démodés. Ses chaussures portaient des boucles brillantes ridicules et sa valise paraissait d'un autre siècle.

    « Je cherche un endroit où loger. Pourriez-vous m'aider ? » répéta plus fort Cendrillon croyant que la dame ne l'avait pas entendu.

    « J'ai compris, répondit la vieille femme. D'où sortez-vous accoutrée de la sorte ? On dirait que vous allez à un carnaval ! »

    - Pas du tout ! Dans mon pays tout le monde s'habille ainsi.

    -Ah ! Alors vous devez être de très loin, dépondit la vieille femme en examinant encore les vêtements de Cendrillon. J'aurais parié que vous vous êtes déguisée. Vous feriez mieux de changer de style si vous ne voulez pas avoir des ennuis.

    -Vous croyez ?

    -J'en suis sure ! N'avez-vous rien d'autre à vous mettre ?

    Cendrillon observa les habits de la dame, puis regarda les passants. Parmi eux des femmes. Elles portaient des jupes courtes qui laissaient voir leurs jambes sans une once de gêne. D'autres portaient des vêtements masculins mais personne ne paraissait s'en formaliser. Leurs chaussures avaient des formes et des couleurs variées. Elles avaient les cheveux coiffés librement, portaient des sacs et des bijoux et semblaient pressées et affairées. Cendrillon posa se valise, s'assit près de la dame et regarda ses propres habits.

    « C'est que... je suis partie précipitamment, murmura-t-elle accablée. Je ne m'attendais pas à ça ! Je me sens complètement perdue. Je viens d'arriver dans cette ville. Je n'ai pas où aller. Je n'ai personne vers qui me tourner. Pas moyen de rentrer chez moi avant un certain temps. »

    Devant son innocence, son air désemparé la dame eut pitié de Cendrillon.

    « Ecoutez, je ne vous connais pas, mais vous m'avez l'air d'une brave fille. Je vous propose de m'accompagner chez moi. Vous me raconterez votre histoire devant une tasse d'un bon chocolat. Je pourrais peut-être vous aider. Qu'en dites-vous ? »

    N'ayant pas d'autre solution, Cendrillon accepta avec gratitude. Elle suivit donc la dame chez elle dans un petit appartement non loin de la gare. Assise dans le minuscule salon de la vieille dame, sa tasse de chocolat dans une main et un beignet dans l'autre, Cendrillon raconta tout à sa bienfaitrice qui insista pour que Cendrillon l'appelât  par son prénom. Après l'avoir écouté attentivement, Giselle -c'était le prénom de la vieille femme- dit à Cendrillon.

    « Ton histoire est invraisemblable mais je te crois. Je vais bien t'aider. En attendant que le sortilège se termine, tu peux rester ici. Ce sera amusant ! Tu agiras à ta guise jusqu'à ce que tu rentre chez toi. Ne raconte à personne qui tu es vraiment et ce que tu fais ici ; les gens  te prendraient pour une folle et t'enfermeraient dans un asile ! Avant tout, il faudra te trouver un autre nom et une histoire qui te ferra passer pour quelqu'un de normal. »

    Cendrillon acquiesça. Elle faisait confiance à sa nouvelle amie.  Ainsi, elle accepta que Giselle l'aidât. Elle s'appellerait désormais Cendrine Grosjean et serait la petite fille de Giselle.