Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La Ville engloutie 24 (Le petit Chaperon II)

murier6.jpg

La fin tragique de la Sirène des mers ne laissa personne indifférent parmi les enfants-vers du mûrier. C'est que malgré sa méchanceté notoire, les enfants s'étaient attachés à la créature marine. Ils l'aimaient bien ! A l'annonce de sa mort cruelle, un léger murmure s'éleva dans l'assistance et se transforma rapidement en protestation. On aurait dit qu'une brise se levait, secouant le feuillage de l'arbre où le vieux Bombyx avait élu domicile. Des voix indignées, déçues, d'autres incrédules, interrogatives, venant de toutes parts, stoppèrent le conteur dans sa narration.

"Voyons, grand'père ! Elle ne peut pas être morte ! Comment est-ce possible ?"

Le grand' père Bombyx hésita un moment avant de répondre. " Je ne comprends pas où est le problème. Évidemment qu'elle est morte  !  Comment voulez-vous qu'elle survive avec sa tête arrachée ?"

- Qu'est-ce qui l'a tuée ? C'était quoi cette chose dans la caverne ?

- Je sais ! Intervint un minuscule vers assis un peu à l'écart des autres. C'est un Kraken !

- Un Kraken ! ? Pas du tout ! répondit dédaigneux le Bombyx. Où êtes-vous allés pêcher une idée aussi saugrenue ?

- On a vu un Kraken dans un film récemment...

- Sottises ! Vous regardez un peu trop la télévision si vous voulez mon avis !

- Mais tu as bien dit qu'il s'agissait de tentacules !

- Vous n'êtes pas attentifs, les enfants ! J'ai dit : une substance glaciale et visqueuse s'enroula autour de son bras !  Je n'ai jamais parlé de Kraken !

- Il se pourrait bien que ce soit un Kraken !

- Moi, je ne veux pas que la Sirène meurt, ajouta un autre enfant-vers. Je trouve qu'elle ne devrait pas être morte. Il faut la faire revenir.

- Et comment je te prie ? Elle a la tête arrachée, je te rappelle.

- Il est possible que sa tête ne soit pas coupée. Elle est vivante dans le ventre de la substance. Il suffirait que le Hollandais volant vienne à son secours.

Les enfants-vers du mûrier approuvèrent. Mais le Bombyx ne l'entendait pas de cette oreille.

- Balivernes ! La Sirène des mers est bien morte et je n'ai pas l'intension de changer l'histoire pour vous faire plaisir !  Les événements se sont déroulés comme je vous l'ai raconté, un point c'est tout ! Si vous voulez connaître la suite de l'histoire, vous devez arrêter de m'interrompre à tout bout de champ. Voulez-vous que je continue ou vous avez décidé d'écrire votre propre histoire ?

Contrits, les enfants-vers du mûrier se turent petit à petit et le silence régna dans le feuillage.

- Parfait ! soupira le Bombyx, un sourire de satisfaction au coin des lèvres. Poursuivons.

La disparition de la Sirène ne fut pas sans conséquences pour nos personnages. Au moment où le cri de la créature marin s'étouffa dans les entrailles de l'abomination de la caverne du bout du monde, le Pêcheur s'éveilla dans un sursaut et se redressa dans sa couche. Une douleur atroce lui transperçait la poitrine. Le Cracheur de feu qui dormait dans sa couchette non loin de là près de lui, se réveilla à son tour.

- Que se passe-t-il, Pêcheur ? Que t'arrive-t-il ?

Le Pêcheur, une grimace de douleur sur son visage, avait porté ses deux mains à sa poitrine au niveau du cœur, incapable d'articuler le moindre mot.

- Pêcheur, parle-moi ! Pêcheur !

Aucune réponse.

- AU SECOURS ! A l'aide !

Quelques instants plus tard, les habitants du vaisseau fantôme se précipitèrent dans la cabine du Pêcheur, mais ils ne purent qu'assister impuissants à la souffrance de leur compagnon. Pendant que le Capitaine tentait de réanimer le Pêcheur, ils restaient tous pétrifiés sur place à contempler la scène incroyable, impuissants. Océane pleurait silencieusement, ses larmes roulant sur ses joues pâles. Phyllis avait joint les mains dans une prière ardente. Iris, la maman du petit Chaperon rouge serrait  Platon dans ses bras à l'étouffer. Quelques membres de l'équipage  apportaient ce que le Capitaine demandait. Une ambulance traversa la ville à toute allure vers l'hôpital le plus proche.

Pendant que le  Cracheur de feu et le Hollandais volant accompagnaient le corps inanimé du Pêcheur, Iris se chargea de consoler Océane,  Phyllis et Platon qui étaient complètement désemparés. Personne n'osait poser la question qui les taraudait.

Cependant, au petit matin, les nouvelles confirmèrent les pires craintes de tout le monde. Le coeur amoureux du Pêcheur, lié à la Sirène des mers par les maléfices de cette dernière ne résista pas. Son âme, libéré de son enveloppe terrestre  rejoignit l'âme de sa bien aimée par delà les mers, dans la caverne du bout du monde. Ils s'enlacèrent et ensemble, devinrent vagues.

 

 

Les commentaires sont fermés.