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  • Un peu de Culture, que diable !

    "Le Beau XVI", exposition mise en place en collaboration avec le musée du Louvre.

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  • La source de la Douix

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    Il pleuvait

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    La source de la Douix et la nature n'étaient que plus belles

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    Quelques mètres plus loin, la Douix terminait sa course dans... la Seine.

  • Terra Incognita (6)

    2.jpgMacadam, asphalte, goudron, bitume...

    Le paysage se limite aux nombre des kilomètres que la voiture avale à une vitesse vertigineuse. Malgré ma détermination de ne pas paniquer, je sens une boule au fond de l'estomac. Inconsciemment j'appuie de plus en plus sur l'accélérateur. Par la vitre, je jette un regard sur le décor. Je vais prendre un repère : tiens ! Cet arbre à gauche à quelque distance. Je finirai bien par le dépasser. Une sorte de soulagement m' envahit. Je me mets à rire, d'abord doucement puis de plus en plus fort.  A gorge déployée. Je ris de moi-même, de mes craintes stupides. Je fixe l'arbre au loin. Bientôt j'arriverai à sa hauteur, je le dépasserai et le laisserai derrière.

    Une chaleur écrasante flotte tout à coup dans l'habitacle de la voiture. Je me penche et augmente la climatisation au maximum. La boule au fond de mon estomac intensifie sa pression.  Je sens les gouttes de sueur se former et couler sur mon front, tomber sur mes sourcils. Ma vue se brouille et je cligne des paupières.

    L'arbre à ma gauche me nargue à une certaine distance. Toujours la même. Identique. Il est impossible de le dépasser.

    Je réfléchis confusément. Que faire ? Continuer de rouler ? S'arrêter ? Faire demi-tour ? L'angoisse qui m'étreint est immense. Si nous poursuivons à cette allure nous risquons d'aggraver notre problème. Quand le jour déclinera, nous seront à court d'essence. Ma montre indique presque deux heures. Normalement, si tout s'était déroulé sans encombre, on serait déjà arrivé !

    L'arbre me nargue à bonne distance.

    Dans le mutisme qui règne dans la voiture, je sens que Faustine a les mêmes appréhensions que moi. Je n'ose pas lui adresser la parole, de crainte que les enfants nous écoutent.  Il faut pourtant que je discute avec elle. Il faut que nous prenions une décision. Tans pis, je me lance.

    " Faustine, il faut qu'on parle."

    Pas de réponse. Je répète plus fort.

    " Il faut qu'on se parle !"

    Elle ne bronche pas. Je la secoue violemment.

    "Faustine !

    - Je t'ai entendu. De quoi veux-tu parler ? Son ton est celui d'une conversation banale.

    - Mais, de tout ça !

    - Ca ! ?

    - Oui, de tout ça.

    - Je n'ai pas envie d'en parler.

    - Chérie, il le faut.

    - Je ne sais pas quoi te dire. Je ne comprends pas ce qui arrive. Je ne veux pas comprendre. Ca dépasse l'entendement. Je dois rêver. C'est un mauvais rêve, un cauchemar.

    - Tu sais bien que ce n'est pas un rêve...

    - Tais-toi ! Tais-toi ! Je ne veux rien savoir, je ne veux pas entendre. Ne dis plus rien !"

    Elle se bouche les oreilles. J'insiste. Faustine s'obstine et le ton monte. Soudain elle explose en sanglots. Les enfants affolés crient à leur tour. Victoire se met, elle aussi à pleurer. Une confusion absolue règne maintenant dans la voiture. Ca devient très difficile de conduire. Je me range sur la bande d'arrêt d'urgence. Je respire profondément.

    " Faustine, ma chérie... "

    Je tente de la prendre dans mes bras, mais elle me repousse.

    "Ne me touche pas !

    - Enfin..."

    Impuissant à la calmer, je bredouille des excuses confuses. Elle pleure de plus en plus. Je lui tends mon mouchoir qu'elle refuse en sortant ostensiblement le sien de son sac à main. Puis, elle ouvre la portière de la voiture et sort.

    " Venez, les enfants ! On s'en va, dit-elle sur un ton qui ne demande pas de réplique.

    - Faustine, où vas-tu ? Que vas-tu faire avec les enfants ? Tu n'as pas l'intention de partir en pleine nature !? Tu ne sais pas où nous sommes. Reviens !

    - Il est hors de question que je reste une seconde de plus ici avec toi. Je m'en vais, et les enfants viennent avec moi.

    - On ne va pas laisser la voiture et partir vers l'inconnu.

    - L'inconnu ? Mais nous sommes en plein dedans, mon pauvre Milan. Nous y sommes dans l'inconnu ! Tu n'as qu'à rester si tu veux. Moi, je pars avant que ce ne soit trop tard ! Venez les enfants."

    D'un pas déterminé elle s'éloigne vers la glissière, la franchit et tenant fermement nos enfants par la main, s'éloigne dans les champs. Je suis sous le choc. Je l'appelle encore et encore. Secoué, je sors de la voiture à mon tour. Je me mets à courir  vers eux en criant leurs prénoms. Pas un seul instant ils ne se retournent. Je vois leurs silhouettes s'amenuiser et disparaître. Je crie, hurle et cours. Je cours vers la glissière par où sont partis ma femme et mes enfants et je pleure à mon tour. Eberlué je regarde autour de moi le paysage baigné dans une lumière grise et sale. Epuisé je tombe au sol et je prends ma tête entre mes mains. Il faut me calmer, raisonner.  Faustine est partie. Elle va chercher du secours. Il faut que je retourne à la voiture. Il faut que j'attende. Il le faut si je ne veux pas devenir fou.

    Une fois dans la voiture, je récupère ce cahier d'écolier dans les affaires de mes enfants et je me mets à écrire afin de tromper mon attente.

    Toute tentative pour rejoindre Faustine et les enfants a été vaine. J'ai couru jusqu'à épuisement. Je n'ai pas avancé d'un mètre ! J'ai essayé à plusieurs reprises. Le résultat a toujours était le même. Je me retrouve prisonnier de cette route qui aurait dû être celle des vacances et du repos. Je m'efforce de ne pas penser à ma faim ou ma soif. J'écris, noircis les pages de mon cahier d'écolier. Et j'attends les secours dans la lumière jaunâtre de ce pays qui me garde prisonnier.

    Et, à gauche de la route, à une certaine distance de l'endroit où je me trouve, l'arbre me nargue de loin.

    FIN

  • Terra Incognita (5)

    1.jpgJe respire profondément. Surtout ne pas paniquer. Je vérifie à nouveau. Paris, la sortie, la route, la station essence... Je jette un coup d'oeil au  GPS qui affiche imperturbable la direction à suivre. Mes pensées sont confuses. Que se passe-t-il ? Je ne comprends plus rien ! C'est absurde. On dirait que nous n'avons pas avancé depuis notre première pause. Que faire ?

    Je plie la carte. Faustine et les enfants reviennent et s'installent dans la voiture. Sans un mot, je mets le moteur en marche, puis le clignotant et j'appuie doucement sur l'accélérateur. Le puissant véhicule se lance sur la chaussée. J'accélère. Le compteur indique 90 kilomètres. J'accélère encore. Rapidement  j'arrive à 100 ;  je continue à appuyer.  Nous roulons à 120 kh/h, bientôt 130. Avec une sorte de jouissance j'observe le compteur qui dépasse maintenant les 140 kh/h.

    - Milan ! Ralentis ! Tu vas nous précipiter dans le décor ! Qu'est-ce qui te prends ?

    - Quoi ? Je ricane. Ce n'est pas un peu de vitesse qui te fait peur !

    Je sens la machine vibrer sous mes pieds. J'atteins plus de 150.

    - Milan ! Arrête ! Tu vas nous tuer ! Arrête, je te dis ! hurle Faustine. Tu perds l'esprit.

    Je ne réplique rien. Je suis comme hypnotisé par le rugissement du moteur. La voiture avale les distances.

    - Pour l'amour du ciel, Milan ! On va avoir un accident !  Ralentis, s'il te plait. Tu me fais peur.

    Je ne daigne pas répondre mais je relève le pied de l'accélérateur. La voiture continue sur sa lancée et finit par perdre de la vitesse. Je reprends une allure plus raisonnable.

    - Excuse-moi, Faustine. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je voulais voir...

    - Ne recommence plus, tu m'entends ! m'interrompt-elle. J'ai cru que nous allions percuter les barrières. Tu es fou de rouler si vite.

    - Je voulais voir quelque chose.

    - Ah ! Quoi donc ?

    J'évite de répondre à sa question. Comment aborder le sujet sans alerter les enfants, sans lui faire peur ?

    - Tu n'aurais pas mis un paquet de gâteaux dans le coffre ? Histoire de manger un peu en attendant ?

    - Tu sais bien qu'il ne faut pas grignoter avant  le repas sinon...

    Elle s'arrête soudain. Elle vient de comprendre. J'entends sa respiration s'accélérer. D'un doigt qui tremble légèrement, elle montre le bas côté de la route.

    - Arrête-toi là...

    Sa voix s'étrangle dans sa gorge. Je stoppe le moteur. Nous descendons de la voiture sans faire particulièrement attention à la route. D'ailleurs, nous ne risquons rien. Nous sommes totalement seuls sur ce chemin. Abrités du regard des enfants derrière le coffre ouvert, nous nous dévisageons quelques instants. Par où commencer ? Faustine me facilite la tâche.

    - Nous sommes perdus.

    - Pas exactement. Nous sommes toujours sur la route qui nous mène à Biarritz. Sauf que...

    - Sauf que ?

    - Eh, bien, nous n'avançons pas vraiment.

    Elle répète bêtement ce que je viens de lui dire.

    - Nous n'avançons pas vraiment ! ?

    - Après la station essence nous avons parcouru plusieurs dizaines de kilomètres. C'est comme si nous avancions sur place.

    - Nous avancions sur place ! ? reprend-elle  ce qui m'énerve prodigieusement.

    - Cesse de répéter ce que je dis ! Nous n'avançons pas ! Nous roulons, roulons et nous restons sur place !

    - C'est ridicule ! Comment veux-tu rouler et rester sur place ?

    - Je ne sais pas. Je ne comprends pas plus que toi. Ce que je sais c'est que nous sommes toujours au même endroit. Il est une heure passée et nous aurions dû être proches de notre destination ! Au lieu de ça...

    Sans un mot, Faustine ouvre un sac et sort un paquet de gâteaux au chocolat et une brique de jus d'orange, rabat le coffre.

    - Allons-y ! dit-elle. Partons.

    Je la suis dans la voiture. Elle distribue à chacun des gâteaux et donne à boire aux enfants à même le carton. Nous n'avons pas de verre.

    - Démarre ! ordonne-t-elle.

    J'obéis et  tourne la clef de contact.  Je passe la première et laisse glisser le véhicule lentement sur la chaussée.. Les pneus soulèvent un nuage de poussière grise qui part rencontrer ceux qui courent déjà à l'horizon. Le soleil semble terni tout à coup.

    A nouveau la route s'étale devant nous. Interminable.