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contes - Page 2

  • Le Petit Poucet (Conte pour tous, ceux qui ne sont pas partis encore en vacances ou les autres) 1

    Après moult hésitations, l'Eté est enfin arrivé dans la cour des Sentiers-battus. Il fait une entrée fracassante puisqu'il s'affiche déjà au top 50° de la canicule et de sa forme. Malgré la chaleur torride, un vieux Bombyx en haut de son mûrier, à l'abri des rayons du soleil ardent, attend patiemment dans le feuillage vert et tendre, les enfants du voisinage pour leur raconter une histoire. C'est la tradition en haut du mûrier. Chaque après midi de l'été, alors que les adultes s'activent, ou se rôtissent dans la fournaise, le vieux Bombyx accueille les bambins afin de les distraire. Aujourd'hui, le vieux Bombyx a décidé de faire mieux que d'habitude.  Il pense avoir trouvé l'histoire qu'il leur faut ! (C'est qu'il est un peut suffisant le vieux Bombyx : il pense toujours avoir raison, savoir tout sur tout, maîtriser tous les sujets, être en mesure de faire face aux impondérables). Mais ne nous écartons pas du sujet. Le Bombyx pensait donc avoir trouvé le conte parfait pour les enfants-vers du mûrier. Ainsi commence-t-il son récit, à trois heures tapantes de l'après midi.

    "Dans une  forêt si vaste que l'on ne voyait ni le commencement ni la fin, un  (pauvre) bûcheron s'activait, avec sa tronçonneuse toute neuve, à couper du bois. Inlassablement, il admirait la rapidité, la maniabilité et la précision de son instrument de travail. Malgré le prix exorbitant qu'il avait payé, il ne tarissait pas d'éloges sur l'éfficacité qu'il procurait, la rapidité de l'exécution, la précision de la coupe et il bénissait sa banque et son banquier de lui avoir accordé le crédit nécessaire à l'achat de la tronçonneuse. Bien sûr les taux d'intérets et les garanties exigés pour l'accord du crédit étaitent assez exorbitants, mais cette tronçonneuse lui permettrait de couper plus de bois, vendre plus, gagner plus, rembourser les traites, nourrir sa famille, économiser quelqu' argent et pourquoi pas, emmener sa petite famille en vacances ?

    " D'ici un an ou deux, j'aurais mis de côté suffisamment pour rembourser mon crédit. Je pourrais enfin emmener ma femme au restaurant, lui offrir quelques babioles quelque colifichet qu'apprécient les femmes, payer une glace aux enfants les dimanches ! Pourquoi pas, les inscrire dans un club de lutte ou de karaté, leur acheter un instrument de musique. C'est vrai que le petit dernier a un don pour la chanson. Qui sait ? Il deviendra peut-être un chanteur célebre un jour ! Ah le plus intelligent de mes enfants ! Celui qui me ressemble le plus, mon dernier, mon Petit Poucet !" Il sourit tendrement à ce surnom. " Qu'il ne m'entend pas l'appeler comme ça ! Il va se mettre en colère. Papa, je ne suis plus un gamin ! qu'il me dirait. Il grandissent vite ces garnements. Au début , quand ils sont petits, il sont toujours dans vos pattes. Puis un beau jour ils vous trouvent trop collant et vous crient que c'est leur droit d'avoir leur intimité qu'il faut les respecter et que ce n'est pas aàvous de leur dicter leur conduite. Bon, pas toujours. Mais je sais que mon Petit Poucet n'est pas comme les autres. Lui, il ira loin ! je le sais. J'ai une intuition. Mon intuition de père. Et mon intuition ne me trompe jamais." 

    Ainsi rêvait le (pauvre) bûcheron en tranchant des troncs avec sa tronçonneuse neuve achetée à crédit dans sa fôret si vaste.

    Mais tout le monde le sait : les rêves ne sont bons qu'en tant que rêves et les rêves du (pauvre) bûcheron allaient rester en l'état de rêves plus longtemps que les rêves des autres gens car le destin allait briser ses rêves, les trancher net à l'aide de la tronçonneuse toute neuve tel un tronc d'arbre qui s'abat sous les coups des hâches des bûcherons.

    Alors qu'il tronçonnait un tronc d'un coup de tronçonneuse, l'instrument tressaillit entre les mains du tronçonneur, trembla, trésauta, vibra, rendit l'âme et trancha dans son dernier tréssaillement l'élan et les rêves du (pauvre) bûcheron.

    "Adieu argent, restaurant et glaces. Au revoir babioles, colifichets, aisance ! Bonjour soucis, huissiers et dettes ! " se lamenta le (pauvre) bûcheron en contemplant le désastre. "Que faire ? Comment annoncer la nouvelle à ma femme ? Comment rembourser mon crédit ?"

    Dans un couinement moqueur, la tronçonneuse neuve que le naîf (pauvre) bûcheron avait tant convoitée , tant désirée achetée à crédit, afficha pour le désespoir du pauvre homme : made in China !

    (to be continued)






  • Cendrillon et les talons aiguilles (9)

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    La Reine-mère était quelque peu inquiète pour son fils. Son cœur de mère le lui disait : le Prince n'était plus le même ces derniers temps!

    Depuis quelques jours déjà, le Prince paraissait amaigri, pâle. Il avait l'air las et  rêveur. Un peu trop distrait au goût de la Reine-mère. Il ne mangeait pas assez. Il ne dormait pas suffisamment. Le pauvre garçon était accaparé constamment ! Il se fatiguait à satisfaire les exigences du protocole et de sa femme !

    Sa femme ! Parlons-en de celle-là ! Non pas que la Reine-mère lui reprochât quoi que ce fût, non !  Dieu l'en garde ! La Reine  n'était pas comme ça ! Elle ne faisait pas partie de ces belles mères abusives qui croient que la fin du monde arrive parce que leur enfant se marie ou que leur fils est mal tombé  dès qu'il parle de s'installer avec quelqu'un et voit des pièges partout.  Non ! La Reine-mère s'était préparée à l'idée que son fils allait un jour trouver une compagne et fonder une famille : c'est la loi de l'existence, n'est-ce pas ? D'ailleurs, elle avait incité son fils à chercher parmi leurs connaissances la jeune fille idéale pour devenir son épouse. Elle-même avait suggéré quelques noms, en vu d'une alliance réussie parce qu'elle se souciait de son bonheur.  Bon ! Ca ne s'était pas fait ; le Prince avait préféré choisir Cendrillon. Soit ! Il était assez grand pour décider à sa guise !  Il voulait Cendrillon, qu'il épousât donc Cendrillon ! Et puis,  loin d'elle l'idée de médire de sa belle fille ! Cendrillon était une fille bien ! Toujours souriante, toujours aimable, polie, bien élevée, jamais un mot plus haut que les autres... Avec cela, elle était jolie, peu bavarde, savait se conduire en toutes circonstances, chantait et dansait  si bien !  Elle s'était adapté rapidement à la vie au Palais, traitait le Roi et sa belle-mère respectueusement... Non, la Reine-mère ne lui reprochait rien. D'accord, sa condition sociale n'était pas identique à la leur ; mais les temps changeaient, on n'était plus au Moyen-âge et tant mieux. On pouvait désormais se marier avec une jeune fille plus pauvre que soit sans que cela soit un problème. Non, la Reine-mère acceptait les changements ; de son temps elle en avait même initié quelques uns. Le Prince pouvait épouser Cendrillon. D'ailleurs il l'avait bien fait et son choix convenait parfaitement à la Reine-mère et elle serait la dernière personne à en dire quoi que ce fût.

    Tout de même ! La Reine-mère hésitait. Tout serait merveilleux si on ne pouvait soulever quelques objections. Lesquelles ? Pour commencer, on ne lui enlèverait pas de la tête que quelque chose ne tournait pas rond dans cette affaire. Cendrillon était gentille, mais, tant de perfection était à la limite de la décence. « Trop c'est trop ! » se disait la mère du Prince. Ensuite, Cendrillon influençait visiblement le Prince. Positivement, cela s'entend. Cependant, lui, qui auparavant ne faisait qu'à sa tête,  ne prenait plus aucune décision sans consulter sa femme. Enfin, impuissante, elle ne pouvait que constater : son fils devenait absent, perdait du poids et si ça continuait, il tomberait malade ! Elle ne permettrait pas une chose pareille. En tant que mère du Prince, il fallait intervenir, aider son enfant. C'était son rôle de mère !

    La Reine-mère réfléchit longuement, et prit sa décision.  A partir de ce moment-là, elle espionnerait sa belle fille et le Prince afin de savoir de quoi il retournait.

     

  • Cendrillon et les talons aiguilles (8)

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    L'Avatar de Cendrillon était éveillé malgré l'heure tardive, échafaudant des projets pour prendre définitivement la place de Cendrillon au Palais. Il ne savait pas combien de temps le sortilège de la Fée-marraine pouvait encore tenir. Il fallait donc agir vite et avec beaucoup de discrétion. Il ferma la porte à clef, s'assura que tout le monde dormait et habillé de noir, se faufila par la porte du balcon dans les jardins, et de là, vers la ville basse. Il connaissait bien les lieux, ce qui lui permettait de se déplacer avec aisance sans éclairage. Il marcha longtemps et arriva enfin devant une masure appuyée sur les remparts de la ville. L'Avatar frappa trois coups et entra sans attendre de réponse. Une fois sa besogne exécutée, il regagna les jardins du Palais, grimpa sur le balcon de la chambre de Cendrillon. Rapidement, il se débarrassa de ses vêtements sombres et se glissa comme si de rien n'était dans le lit.

    Le lendemain matin, la fausse Cendrillon  prétexta une indisposition soudaine, s'enferma dans ses appartements et refusa de recevoir quiconque demandait audience. Elle interdit à ses suivantes de la déranger mais envoya un message au Prince qui s'empressa d'arriver, alarmé d'apprendre que son cher amour ne se sentait pas très bien.

    « Que vous arrive-t-il, cher ange ? Voulez-vous que j'envoie chercher le médecin du Palais ?

    -          Non, non ! Ne prenez pas cette peine, mon Prince. Ce n'est qu'une indisposition passagère qui ne tardera pas à se dissiper.

    -          Dites-moi ce qui vous ferait plaisir, et je me ferais un honneur de satisfaire vos désirs !

    -          Mon Prince, dit l'Avatar d'une voix qu'il fit douce et caressante. Cela fait bien longtemps que je désire aller rendre visite à ma vieille grand-mère qui habite près des remparts. Elle est vieille et malade et je ne sais combien de temps lui reste-t-il à vivre ! Elle me manque terriblement !

    -          Pourquoi ne le disiez-vous pas plutôt ? Est-ce cela qui cause votre indisposition ? J'envois mes gardes la chercher pour l'accompagner au Palais tout de suite.

    -          Non ! s'écria aussitôt la fausse Cendrillon. Inutile de déranger les gardes. Elle est trop vieille et elle risque de prendre peur avant qu'ils aient eu le temps de lui expliquer leur présence chez elle !

    -          Mais alors ?

    -          Je voudrais qu'aujourd'hui, vous m'accompagniez chez elle. Rien que vous et moi.

    -          Rien de plus facile. J'ordonnerais qu'on nous prépare le carrosse royal et ...

    -          Allons à pied ! S'empressa de demander Cendrillon-Avatar. Ne le dites à personne et partons ensemble chez ma grand-mère pendant l'heure de la sieste. Je ne veux pas que les gens au Palais sachent que je vais voir une pauvre parente dans les bas quartiers.

    -          Pourquoi donc ? C'est tout à votre honneur de vouloir prendre des nouvelles de votre parente ! Cela prouve combien vous êtes gentille, prévenante et combien vous vous souciez du bien-être de votre famille !

    -          Non, non ! Pensez à ce qu'on dira. Certaines personnes ne voient pas d'un bon œil notre mariage et ne demandent qu'à trouver des prétextes pour m'accuser de ne pas appartenir à votre monde. Elles ne manqueront pas de raconter que je néglige mes devoirs pour courir chez mes parents à la première occasion. Je ne puis souffrir que ma réputation soit ternie. Cela nous causerait un grand préjudice si on s'avise à dire que j'ai des préférences. Imaginez mon amour si votre mère l'apprenait ! Elle ne supporterait pas de se sentir évincée.

    -          Je ne vois pas en quoi ça la dérangerait.

    -          On ne sait jamais, mon Prince. Je préfère que cela reste notre secret à vous et moi. Cela me ferait tant plaisir ! »

    Afin de satisfaire sa femme qui le lui demandait comme une faveur, le Prince accepta d'accompagner la fausse Cendrillon dans les bas quartiers. Ainsi, à l'heure de la sieste, lorsque tout le monde se retira pour se reposer dans sa chambre, le Prince et celle qui croyait être sa femme, déguisés et méconnaissables sortir par une porte dérobée et se dirigèrent vers les quartiers pauvres. Arrivés devant la même porte que l'Avatar             avait poussée la veille, ils frappèrent. Une voix chevrotante et faible les invita à entrer et les deux époux, pénétrèrent dans une pièce au plafond bas, sombre et malodorante. Dans un coin, se tenait une très vieille femme, laide et dépenaillée qui se hissa sur son séant dès qu'elle les vit. Le Prince esquissa un mouvement de recul mais ne dit rien de peur d'offenser sa femme. La vieille femme leur fit un accueil chaleureux, les invita à s'asseoir et leur offrit à boire. A contre cœur, le Prince goûta à l'affect breuvage de la grand-mère et décida de faire semblant d'avaler. Mais Cendrillon le fixait avec un sourire et il s'obligea à l'avaler jusqu'à la dernière goutte. Les deux femmes se promirent de se revoir très bientôt et après des embrassades qui parurent interminables au Prince, ils reprirent le chemin du retour. Cendrillon était heureuse et n'arrêtait pas de répéter combien la visite chez sa grand-mère lui avait fait du bien, et combien elle était reconnaissante aux Prince d'avoir accepté de l'accompagner. Elle penchait tendrement sa tête sur l'épaule du Prince, lui caressait la main et ne cessait pas de soupirer d'aise. Pour ne pas la contrarier le Prince ne dit rien, et promis de recommencer l'expérience. Il quitta son épouse devant la porte de ses appartements et regagna les siens avant que les gens du Palais ne se rendent compte de son absence.

    L'Avatar jubilait. Son plan avait marché à merveille. En réalité, la vieille femme à qui ils avaient rendu visite n'était nullement sa grand-mère mais une puissante sorcière qui en contrepartie de ses services avait préparé un filtre pour ensorceler le Prince et le lier pour toujours à la fausse Cendrillon. De sorte que si la vraie Cendrillon venait à revenir à l'improviste, elle ne pourrait plus reprendre sa place et l'Avatar serait reine pour toujours.

     

  • Cendrillon et les talons aiguille (7)

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    Cendrillon ne se doutait pas des projets malveillants  de son Avatar.

    Pour le moment, les pieds plongés  dans une bassine d'eau salée préparée par les soins de Giselle, elle discutait avec son amie. Elle lui racontait les répétitions du matin, ses difficultés, ses faux pas, les humiliations du Maître de la danse, les moqueries de ses camarades et leur dédain. Les larmes traçaient des sillons disgracieux sur les joues de la jeune fille et son rimmel coulait abondamment, formant des cernes noirs autour de ses paupières. En la voyant on aurait eu du mal à reconnaitre en cette fille échevelée et abattue la splendide épouse du Prince.  La grâce et la délicatesse avaient disparus. Cendrillon renifla, accepta le mouchoir en papier que la main secourable de Giselle lui offrait et se moucha bruyamment. Contrariée de sa faiblesse momentanée,  Cendrillon répéta encore une fois la même chose.

    «  J'ai bien entendu, Giselle ! Il disait que je n'étais qu'une empotée ! Moi, qui avais la réputation d'être une excellente danseuse au Palais, voire la meilleure parmi les courtisanes !

    -          Allons ! Ne vous mettez pas dans tous vos états, lui conseilla Giselle. Ce qu'il vous faut ce sont quelques cours de danse, histoire de prendre confiance en vous et être fin prête pour la générale du spectacle. Vous avez suffisamment de talent pour y arriver.

    -          Vous le pensez vraiment ? demanda pleine d'espoir Cendrillon.

    -          J'en suis convaincue. Seulement, il faudra travailler plus durement. Un effort supplémentaire s'impose, sinon ils prendront quelqu'un d'autres à votre place et vous vous retrouverez au chômage.

    -          Mais comment faire ?

    -          Laissez-moi m'occuper de cela. Il suffit de passer deux-trois coups de fil. Pendant ce temps, débarbouillez votre visage. Je reviens dans un instant. »

    Giselle disparut dans sa chambre.

    Cendrillon se leva en soupirant, essuya ses pieds meurtris par des heures interminables d'exercices, alla s'enfermer dans la salle de bains. Elle se démaquilla soigneusement, se lava, se brossa les cheveux qu'elle attacha en une tresse, mit une confortable robe de chambre et alla s'installer devant la télé en attendant que Giselle termine ce qu'elle avait à faire. Cette dernière, le téléphone dans une main, une friandise dans l'autre, appela des vieilles connaissances et quelques amies qui étaient encore dans le circuit. Elle expliqua, discuta, parlementa, négocia, déploya des trésors de patience et, enfin, triomphante raccrocha le téléphone et alla trouver sa protégée qui se morfondait devant sa série préférée « Malcolm ».

    « Tout est réglé ! Mon ami Isa, vous prend en charge dès demain soir. Au programme, petite remise en forme, endurance, leçons de danse. Et maintenant, au lit, si vous voulez être en forme. »

     

    ***