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contes - Page 3

  • Cendrillon et les talons aiguilles (6)

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    Juchée sur des talons d’une hauteur vertigineuse, Cendrillon s’efforçait  de suivre les indications du chorégraphe.

    « Qui m’a mis une cruche pareille, pensait avec amertume le Maître de danse. J’ai rarement vu une gourde pareille ! On ne sera jamais prêt pour l’ouverture du spectacle. S’il vous plaît mesdemoiselles ! déclara-t-il à haute voix. Reprenons à la troisième mesure, et tâchez de ne pas vous tromper ! Soyez dans le rythme, conclut-il en faisant signe au pianiste de reprendre. A mon signal ! »

    Il fit une pause, retourna s’asseoir face à la scène.

    "Prêtes, Mesdemoiselles ? Sept, huit. Et un, deux, trois, quatre, et cinq six, sept… STOP ! »

    Une rumeur se diffusa parmi les danseuses. Il s’avança  de quelques pas vers le groupe, sortit un énorme mouchoir de sa poche et s’épongea le front.

    « ARRETEZ TOUT ! Bonté divine quelle genre de danseuse vous êtes à le fin ? Lança-t-il à l’attention de Cendrillon. Vous ne pouvez pas faire attention ? Ce n’est pas compliqué ! Vous avancez de deux pas… poursuit le Maître en joignant le geste à la parole. Pirouette, on lève la jambe, et hop, on revient à la position de départ.  On recommence. Sept, huit. Et un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit… Bien. Mesdames, c’est tout pour aujourd’hui. Je vous revois demain à sept heures précises. »

    Cendrillon suivit les autres danseuses dans les coulisses. Une fois dans la loge qu'elle partageait avec deux autres filles,  la jeune fille retira ses hauts talons avec  un soulagement manifeste. Elle prit le temps de masser ses orteils puis, elle glissa ses pieds meurtris dans une paire de charentaises que Giselle lui avait offertes. Elle avait des ampoules, ses pieds, ses jambes et ses orteils la faisaient souffrir atrocement.

    « Mes pieds sont si déformés, que je n’arriverais plus jamais à entrer dans mes jolies pantoufles de vair ! Soupira-t-elle. Si au moins, je pouvais rester me reposer à la maison demain ! » Elle savait pourtant, que cela était impossible, et que dès cinq heures du matin, Giselle l’attendrait avec une tasse de thé à la main pour l’accompagner à ses répétitions.


    ***

     

     

    Pendant que Cendrillon s'évertuait à tenir debout sur ses talons aiguilles, l'Avatar resté au palais à sa place, passait des journées heureuses et tranquilles. Elle avait tout ce dont elle avait besoin ; on prenait soin d’elle ; on faisait attention à ses moindres désirs ; et le Prince était parfaitement charmant. Une après midi où elle se promenait bras dessus-dessous avec l’héritier du trône, elle envisagea son existence avant d’arrivée au Palais. Ah ! Comme ce serait bien de rester toujours ici dans ce lieu superbe, entourée des gens de qualité ! Ne jamais se soucier des besognes bassement matérielles et vulgaires du quotidien ! Tout en hochant la tête à ce que lui murmurait le Prince à l’oreille, l’Avatar échafaudait ses plans.

    « Pourquoi je laisserai ma place à Cendrillon ? Elle n’apprécie pas plus que ça la vie au Palais ! Elle passait son temps à s’ennuyer et à se plaindre ! Je ne vois pas pourquoi elle aurait droit de profiter de tout alors que je suis cantonnée à faire les doublures ? Après tout, elle a choisi de partir ; personne ne l’a forcée. Elle était d’accord pour qu’on échange nos places. Il faut trouver un moyen pour qu’elle ne revienne plus… »

     

  • Apologie d'une fainéantise

     

    Il est temps,   Cher lecteur,

    Pour récompenser ta patience, ta persévérance,  ta détermination. Toi, ami lecteur sans qui je ne prendrais pas la peine de tracer ces quelques lignes. Toi, lecteur  inconnu qui parcours régulièrement (ou occasionnellement) les pages hétéroclites de ce blog. Toi anonyme lecteur qui, derrière ton écran  a consacré quelques moments de ton temps à regarder, lire apprécier ce que j'ai mis ici en ton intention. Il est temps d'avoir, Lecteur,  quelques explications.

    Je sais que les facéties du destin informatique, les générateurs de mots clefs, les sites référents, les aléas de Google et autres moteurs de recherche ont guidé tes pas Lecteur. Tu es arrivé sur ces pages le plus souvent  par hasard ; parfois par erreur. Cependant, malgré la complexité de la tâche, tu as voulu revenir ! Tu as pris le temps de trouver à nouveau le chemin du « Défilé ».

    Je me dois donc te donner quelques explications quant à certains contes, nouvelles, histoires qui restent inachevées sur ces pages.

    *

    J'aime écrire. J'aime inventer des trames, des histoires, des situations fantastiques, réalistes ou autres. J'aime créer des personnages qui n'appartiennent qu'à moi : je les façonne, je leur invente des univers, je leur donne vie. Je trouve l'inspiration partout. Dans mon travail, ma famille, dans les discussions des rues, les infos, les lectures, les légendes, les événements réels... Puis, quand la graine est plantée, il suffit de la laisser s'épanouir.

    Sauf...

    Sauf que souvent le temps me manque, la disposition d'esprit aussi. Alors, il m'arrive d'éprouver ta patience, Cher Lecteur, et je te laisse attendre indéfiniment la suite d'une histoire vraie (Marie Maroulène), ou fantastique (Cendrillon et les talons aiguilles).

    Je t'assure, cher lecteur patient et compréhensif que ce n'est pas par manque de respect à ton égard. C'est surtout, je l'avoue humblement, (Mea culpa, mea maxima culpa) par fainéantise...

    Oui, j'ai honte.

    Mais je me rattraperai durant les vacances de la Toussaint. Voire durant la semaine. J'écrirai la suite de ces histoires afin que tu aies le loisir de les lire en entier, les apprécier ou les détester.

    Je te présente mes plus plates excuses en m'efforçant à l'avenir de corriger ce vilain défaut

    Bien à toi,

    File La Laine alias Nériel

     

     

  • Cendrillon et les talons aiguilles (4)

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    Sa valise à la main, Cendrillon se sentit perdue.

    Le sortilège de sa marraine l'avait expédiée devant une immense gare, dans un univers chaotique où tout était nouveau pour elle et où tout lui sembla hostile. Dès le premier abord, une odeur atroce la fit suffoquer. Elle toussa et  plissa son joli nez. Des larmes lui montèrent aux yeux et il lui fallut un temps pour respirer à nouveau normalement. Comment les gens qui vivaient ici pouvaient supporter cette puanteur ? Ce n'était pas tout ! Des bruits atroces jaillissaient de toutes parts ! Des carrosses tirés par aucun cheval mugissaient, crissaient, klaxonnaient. Des cris insupportables, des sons stridents, des exhortations diverses se mêlaient dans une cacophonie indescriptible. Ses oreilles en furent offensées. Des passants se pressaient, la frôlant presque. Ils  allaient, venaient, s'arrêtaient, repartaient, gesticulaient. Bref, une agitation extrême entourait notre héroïne.

    Une peur panique étreignit la jeune fille. Son cœur sombra au fond de sa poitrine.  Soudaine, la solution de la Fée-marraine lui parut absurde et ridicule. Elle-même se sentit ridicule. Quelle idée vraiment, de quitter son Prince, le palais, son bien-être pour se lancer dans un monde inconnu ! Découragée, elle regretta son empressement. Il aurait mieux valu qu'elle restât là où elle était, chez elle ! Désormais, il était impossible de revenir en arrière. Restait à souhaiter que le délai du sortilège passe le plus vite possible pour la ramener dans son monde.  Rassérénée quelque peu à cette réflexion,  Cendrillon fit deux-trois pas en avant. Elle hésita. Que faire ? Où aller ? Elle ne connaissait ni l'endroit ni personne.

    « Tout de même, pensa-t-elle.  Je ne peux pas rester plantée ici ! Je dois faire quelque chose ! Commençons par trouver un endroit où loger, puis, j'aviserai. »

    Serrant la poignée de sa valise, Cendrillon s'avança courageusement vers la première personne qui lui sembla digne de confiance, une dame d'un certain âge assise avec son chien sur un banc.

    « Excusez-moi, Madame, dit-elle d'une voix tremblante. Je suis étrangère ici, je ne connais personne et je voudrais trouver un endroit où loger provisoirement. Pourriez-vous m'aider ? »

    La dame examina son interlocutrice suspicieusement. D'où débarquait-elle ? Ses vêtements bien que correctes étaient affreusement démodés. Ses chaussures portaient des boucles brillantes ridicules et sa valise paraissait d'un autre siècle.

    « Je cherche un endroit où loger. Pourriez-vous m'aider ? » répéta plus fort Cendrillon croyant que la dame ne l'avait pas entendu.

    « J'ai compris, répondit la vieille femme. D'où sortez-vous accoutrée de la sorte ? On dirait que vous allez à un carnaval ! »

    - Pas du tout ! Dans mon pays tout le monde s'habille ainsi.

    -Ah ! Alors vous devez être de très loin, dépondit la vieille femme en examinant encore les vêtements de Cendrillon. J'aurais parié que vous vous êtes déguisée. Vous feriez mieux de changer de style si vous ne voulez pas avoir des ennuis.

    -Vous croyez ?

    -J'en suis sure ! N'avez-vous rien d'autre à vous mettre ?

    Cendrillon observa les habits de la dame, puis regarda les passants. Parmi eux des femmes. Elles portaient des jupes courtes qui laissaient voir leurs jambes sans une once de gêne. D'autres portaient des vêtements masculins mais personne ne paraissait s'en formaliser. Leurs chaussures avaient des formes et des couleurs variées. Elles avaient les cheveux coiffés librement, portaient des sacs et des bijoux et semblaient pressées et affairées. Cendrillon posa se valise, s'assit près de la dame et regarda ses propres habits.

    « C'est que... je suis partie précipitamment, murmura-t-elle accablée. Je ne m'attendais pas à ça ! Je me sens complètement perdue. Je viens d'arriver dans cette ville. Je n'ai pas où aller. Je n'ai personne vers qui me tourner. Pas moyen de rentrer chez moi avant un certain temps. »

    Devant son innocence, son air désemparé la dame eut pitié de Cendrillon.

    « Ecoutez, je ne vous connais pas, mais vous m'avez l'air d'une brave fille. Je vous propose de m'accompagner chez moi. Vous me raconterez votre histoire devant une tasse d'un bon chocolat. Je pourrais peut-être vous aider. Qu'en dites-vous ? »

    N'ayant pas d'autre solution, Cendrillon accepta avec gratitude. Elle suivit donc la dame chez elle dans un petit appartement non loin de la gare. Assise dans le minuscule salon de la vieille dame, sa tasse de chocolat dans une main et un beignet dans l'autre, Cendrillon raconta tout à sa bienfaitrice qui insista pour que Cendrillon l'appelât  par son prénom. Après l'avoir écouté attentivement, Giselle -c'était le prénom de la vieille femme- dit à Cendrillon.

    « Ton histoire est invraisemblable mais je te crois. Je vais bien t'aider. En attendant que le sortilège se termine, tu peux rester ici. Ce sera amusant ! Tu agiras à ta guise jusqu'à ce que tu rentre chez toi. Ne raconte à personne qui tu es vraiment et ce que tu fais ici ; les gens  te prendraient pour une folle et t'enfermeraient dans un asile ! Avant tout, il faudra te trouver un autre nom et une histoire qui te ferra passer pour quelqu'un de normal. »

    Cendrillon acquiesça. Elle faisait confiance à sa nouvelle amie.  Ainsi, elle accepta que Giselle l'aidât. Elle s'appellerait désormais Cendrine Grosjean et serait la petite fille de Giselle.

     

  • Cendrillon et les talons aiguilles (3)

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    Un soir où  le sommeil tardait à venir, Cendrillon quitta son lit. « Inutile de rester allongée, pensa-t-elle. Je vais prendre un peu l'air. » Sur la pointe des pieds, Cendrillon alla vers une porte fenêtre qui donnait sur le balcon de sa chambre,  l'ouvrit et  sortit  à l'air frais de la nuit. Le ciel était limpide. Les étoiles brillaient  au-dessus de sa tête. Cendrillon se pencha et regarda les astres, perdue dans ses pensées. Fermant les yeux, elle respira profondément l'air pur. Elle souhaita que quelque chose changeât dans sa situation. A peine son souhait formulé, qu'elle entendit un léger tintement comme le son d'une clochette de cristal. Intriguée, Cendrillon regarda l'obscurité autour d'elle  et vit une lumière argentée s'approcher rapidement. Peu après, devant ses yeux ébahis, se tenait sa marraine, la Fée. Cendrillon s'inclina gracieusement devant elle. Sa marraine ouvrit ses bras et la jeune princesse s'y réfugia avec émotion. Les effusions des retrouvailles terminées, Cendrillon invita sa visiteuse à entrer dans son boudoir de peur que quelqu'un les surprît.

    «  Marraine chérie ! Que je suis contente de vous voir !

    -Moi de même, mon enfant. Cela fait longtemps que je ne t'ai pas vue.

    -C'est vrai, chère marraine, depuis la cérémonie du mariage ! Que me vaux le plaisir de votre visite à une heure pareille ?

    -A toi de me le dire ! J'ai entendu ta prière. Que se passe-t-il ? N'es-tu donc pas heureuse avec ton Prince ?

    - Si, si ! Il ne s'agit pas de cela, chère marraine.

    -Qu'est-ce donc ? Tu peux tout me dire. Ouvre ton cœur. »

    Cendrillon expliqua en détails son profond ennui et poursuivit.

    « Je sais que d'autres me blâmeraient dans ces circonstances et me jugeraient ingrate. J'ai tout ce que je peux désirer, voire plus encore !

    -Alors ?

    - Alors ? Voyez-vous marraine chérie, au palais chacun pense à mon bien-être, à mon bonheur ; ils prennent soin de moi, ils m'aiment et me respectent. Sauf ...

    - Sauf ? demanda la Fée avec un léger sourire.

    - Ne croyez pas que je n'apprécie pas ma nouvelle existence ou les gens qui m'entourent. Tant de gentillesse ! Je n'ai pas l'habitude que l'on me montre autant de prévenances. Avant, lorsque j'habitais  chez ma belle mère, c'était difficile ! Je travaillais beaucoup et on me traitait durement. Mais j'avais l'habitude d'organiser mon temps. Je n'avais que peu de moments de tranquillité, mais j'étais libre d'agir à ma guise. Ici au palais, je n'ai aucune autonomie ! Pas un seul instant où les autres ne décident pas ce que je dois dire ou faire ! Je ne décide de rien, je ne choisis même pas ce que je dois porter ou à quelle heure je dois aller me coucher ! Cela me pèse profondément et pour être honnête, bien que mes journées soient très remplies, je m'ennuie ! Tous ces bals, toutes ces réceptions ! J'ai l'impression que je suis réduite bêtement à sourire et à danser !»

    « Je crois comprendre ce que tu éprouve, dit la Fée-marraine lorsque Cendrillon se tut. Cependant, il serait ridicule de vouloir retrouver tes anciennes tâches ou retourner dans ta vielle maison. Tu es trop gentille pour être vindicative mais tout de même ! Tu n'as pas oublié si vite combien tu as souffert de la cruauté de tes demi-sœurs et de ta belle mère ! »

    Cendrillon hocha négativement la tête. La Fée-marraine poursuivit.

    « Il devrait y avoir un moyen de t'occuper différemment, mais je ne vois pas du tout comment ! »

    La Fée réfléchit longuement et au bout d'un moment qui parut interminable à Cendrillon elle dit : «  Je crois que j'ai une alternative à te proposer. Tu n'es pas obligée d'accepter tout de suite. Je ne peux changer le cours des événements et ta situation de Princesse ne te permet pas de négliger tes obligations à la cour au près du Prince. Quoi que tu fasses tu ne peux quitter ta place au palais. » Conclut-elle.

    Voyant la déception assombrir le joli visage de sa filleule et ajouta : « Néanmoins, un peu de magie devrait aider à te sortir d'affaire ! »

    En attendant ces propos, Cendrillon se réjouit.

    « Je vous adore marraine chérie !s'exclama-t-elle en la prenant dans ses bras et l'embrassant bruyamment sur les deux joues.

    -Pas si vite ! Ce ne sera qu'une solution provisoire, tu le sais ! Mais ça vaux le coup d'essayer. Voici mon idée. »

    La Fée marraine entreprit de raconter son plan à Cendrillon.

    « Je peux créer un avatar qui prendrait ta place au palais pendant que tu seras occupée ailleurs. Tu agirais à ta guise puis te reprendrais à nouveau ta place sans que personne ne soit jamais au courant. »

    La joie de Cendrillon fut si grande qu'elle se mit à virevolter autour de la pièce. « Comme cela semble excitant ! Je suis si impatiente que je ne pourrais pas attendre demain matin ! »

    « Prends garde Cendrillon ! Je ne suis qu'une Fée -marraine. Ma magie est limitée et mes sortilèges ne sont  pas permanents. Je ne peux accomplir ce tour de force que pour une courte période !

    « Oui, je comprends. »

    « Aussi, je dois t'avertir. Tu devras te débrouiller seule. Il faudra t'expédier à une autre époque afin d'éviter que tu te trouve face à ton avatar ou que vous vous retrouviez simultanément au même endroit ; car ça rendrez fou tout le monde ! »

    Ne voyant pas d'objection, Cendrillon acquiesça. Elles mirent en place les détails du plan. Enfin, la Fée-marraine sortit sa baguette magique, souhaita bonne chance à sa filleule et d'un tour savant, expédia Cendrillon dans notre monde.