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contes - Page 9

  • La Ville engloutie 11 (Le petit Chaperon II)

    miroir2.jpg- Puisque nous avons le miroir, pourquoi ne l'interrogeons-nous pas sur ce qui s'est produit sur le navire ?

    Tout les passagers du navire se trouvaient réunis autour de la table dans la pièce commune lorsque le petit Chaperon rouge fut sa suggestion. L'idée fut approuvée et d'un air solennel, Phyllis posa le miroir au centre de la table.  Elle s'éclaircit la voix et prenant une grande inspiration se lança. La tension était palpable. La question retentit dans la pièce et tous les regards se fixaient sur la surface lisse du miroir. Rien ne se produisit.  Etonnés, ils attendirent. Habituellement, le miroir se troublait avant de laisser place aux images. Phyllis regarda l'assistance. Puis, elle réitéra sa question. Toujours rien.

    - Je ne comprends pas... balbutia-t-elle.

    - Laissons quelqu'un d'autre essayer, intervint le Capitaine. Peut-être que ça marchera mieux.

    L'un après l'autre ils reposèrent la question qui les tracassait : Qu'était advenu de l'équipage ? Ils eurent beau changer le ton de leur voix, rien n'y fit. Le miroir resta muet et sa surface brillante les narguait comme un l'oeil d'un cyclope au milieu d'un front gigantèsque.

    Le Hollandais prit l'objet entre ses mains puissantes et l'éxamina attentivement. Il le tourna et retourna, l'inspectant sous toutes ses coutures. Enfin, il reposa l'objet.

    - Ce miroir, n'est pas celui que je t'ai donné, Phyllis. Quelqu'un a substitué le miroir magique à un autre, parfaitement semblable mais qui n'a aucun pouvoir.

    - Est-ce un tour de la Sirène des mers ? interrogea Phyllis.

    - Probablement. Néanmoins, nous ne pouvons compter sur le miroir, et nous devons trouver la solution à la disparition de l'équipage sans aide.

    - Comment allons nous faire ? demanda sur un ton d'angoisse Océane. Cette Sirène est très puissante. Que pouvons nous contre elle ?

    - Il est possible que nous n'y puissions rien. Notre priorité à présent est de finir les réparations du navire.

    Le Capitaine se tourna vers l'homme du littoral qui les avait accompagné afin de les aider à réparer les dégats sur le navire.

    - Combien de temps, pensez-vous disposer pour mener à bien les réparations ?

    - Eh, bien,  j'avais escompté que nous serions plus nombreux à travailler aux réparations, répondit l'homme. Vu le nombre de travaux à éffectuer, il faut compter au moins trois jours, si le beau temps se maintient et si rien ne vient perturber la situation.

    - Très bien. Nous nous mettrons au travail dès l'aube. Chacun se pliera à vos diréctives jusqu'à finalisation de la tâche. Ensuite, nous verrons comment retrouver l'équipage. Allons nous reposer à présent.

    On se leva pour regagner sa cabine pour la nuit, mais le Capitaine rappela Phyllis et Océane.

    - Avant de partir, dit-il aux deux fillettes, je tiens à vous rappeler qu'il ne faut pas vous aventurer hors de votre cabine. Je me chargerai de vous surveiller. Phyllis, il est important que tu obéisses strictement aux consignes, car nous ne pouvons savoir comment l'énnemi peut procéder. Il peut attaquer à tout moment. Le danger est réel pour nous tous !

    Sur ces recommandations, on se retira pour la nuit. A nouveau le vaisseau se plongea dans le silence, mais devant la cabine de Phyllis, Océane et de Platon, le Capitaine veillait sans fermer l'oeil. Une angoisse l'empêchait de quitter son poste. Il réflechissait à ce qui avait pu se passer sur le navire pendant que lui et ses compagnons étaient à terre. Comment tout un équipage pouvait disparaître sans laisser aucune trace ? Certes, la Sirène des mers était puissante ; sa magie remontait à des centaines d'années de pratique. Mais était-elle capable d'anéhentir des dizaines d'individus sans qu'un seul parmi eux ne tente quelque chose pour l'éviter ? Sans une seule infime petite trace ? Non, il devait y avoir autre chose ! Oui, mais quoi ? Les pensées du Capitaine se bousculaient dans son esprit. Doù qu'il étudiait le problème, il arrivait toujours aux mêmes conclusions. Aucune trace de l'équipage, aucune trace du passage de la Sirène, pas la moindre  indication ou d'indice de lutte.

    Le lendemain, à peine l'aube se levait, la petite équipe se mit au travail avec acharnement en vue de réparer le navire le plus tôt possible. Personne ne ménagea sa peine. Le petit Chaperon rouge et Océane contribuèrent aussi en apportant de quoi désaltérer les travailleurs et autres menus services. Le soir, chacun trouva un repos bien mérité. Le Capitaine chargea le Cracheur de feu et le Pêcheur de surveiller à tour de rôle la cabine des deux enfants, le temps que lui aussi se repose un peu, mais il passa la plus grande partie de la nuit à veiller.

    Trois jours s'écoulèrent depuis que nos amis avaient rejoint le navire. Les travaux se terminèrent et on décida de raccompagner l'homme du littoral à terre. On se mit en route peu avant midi, le quatrième jour. Une légère brise balayait la surface de l'eau provoquant de clapotis sur la coque du canot. Tout en tirant sur les rames, les deux hommes du Capitaine se mirent à fredonner au rythme du clapotement de la mer et sans s'en rendre compte ils entamèrent une vieille chanson de marin de leur pays natal, dans un langage rude et étrange comme une litanie. Le Hollandais n'avait pas entendu cette chanson depuis fort longtemps et d'un air nostalgique il se mit lui aussi à chanter de sa belle voix de baryton ce cantique qui lui rappelait les rivage de son pays, sa vie d'antan, ses amis disparus à jamais, sa vielle mère qu'il avait contemplé pour la dernière fois sur le port d'Amsterdam toute habillée de noir comme le sont les mères de marins. Son regard s'était voilé et pour cacher son émotion, il ferma les yeux. Soudain, il se tut. Une idée nouvelle venait de traverser son esprit. Les marins, surpris que le Capitaine cessât de chanter, se turent à leur tour. On regarda le Capitaine.

    - Vite, à terre ! Je sais ce qu'est devenu mon équipage ! s'écria-t-il. Dépechons de déposer notre passager !

    Aucune question ne fut posée. Mais les marins tirèrent avec plus d'ardeur sur leurs rames et bientôt le littoral se profila devant eux, dans la lumière résplendissante de l'après midi.

     

    (Note de l'auteur : Chers lecteurs, une mauvaise manipulation de ma part au niveau des dates a fait paraître cet épisode alors que je ne l'avais pas encore terminé. Veuillez m'en excuser et j'espère que vous apprécierez cette suite.)

     

  • La Ville engloutie 10 (Le petit Chaperon II)

    Bateau.jpgL'immense voilier du Hollandais volant se dressait entre ciel et eaux, silhouette fantomatique et solitaire.  Aucun mouvement à son bord. Un silence inhabituel régnait sur tout le navire. Un sentiment de malaise gagna les passagers du canot lorsqu'il se profila à quelques mètres d'eux. Personne ne parlait. Plus on s'approchait du vaisseau,  plus le silence paraissait étrange et inquiétant. Ceux qui tenaient les rames poussèrent  plus  fort  afin d'arriver rapidement à destination. On s'approcha enfin  du bâtiment et tout le monde tendit l'oreille pour capter les bruits habituels qui auraient accompagné cette approche. Rien ne bougea.

    Le canot avec le Capitaine et ses compagnons à son bord, manoeuvra vers une échelle de  gros cordage qui, pendue sur le flanc à tribord, se balançait aux mouvements des vagues produisant un bruit sinistre. Le Hollandais attrapa l'échelle, et se hissa sur le pont le premier. Il récupéra l'amarre,  fixa le canot au navire pour le stabiliser et aida ses amis à monter à bord. Le Pêcheur arriva le dernier tenant  fermement sous son bras Platon. Le groupe s'avança avec précaution guettant un danger qui pourrait se tapir dans un coin ou derrière un amoncélèment d'objet. Chacun retenait son souffle et on s'efforçait de ne pas faire grincer les planches du pont.  Lentement, ils se dirigèrent vers la cabine de pilotage où avec surprise on constata qu'il n'y avait personne. Personnes sur le gaillard d'avant. Personne sur le gaillard d'arrière. On inspecta le pont inférieur, les cabines, les câles. On ne trouva âme qui vive. Dans le livre de bord, apparaissait la date de la veille, la température de l'air et de l'eau mais aucun événement notable.

    Autour du Capitaine, Phyllis, Océane et les autres attendaient qu'il parle. Seul l'homme embarqué sur le littoral se tenait à l'écart, ne faisant pas parti du groupe.

    - Quel est ce nouveau coup du sort ?

    - Je ne sais quoi penser. Nous avons fouillé le bateau de fond en comble. Les barques de sauvetage sont à leur place. Tout paraît à sa place.

    - Un nouveau coup de la Sirène ? osa le Cracheur de feu.

    - Comment le savoir ? Elle est notre ennemi depuis que le Pêcheur lui a échappé. Mais pourquoi elle attaquerait mon équipage ? Le faire disparaître ? Dans quel but ?

    - Pour nous empêcher de partir d'ici, tout simplement !

    - C'est une possibilité, admit le Capitaine. Mais n'y aurait-il pas une trace ? Comment s'est-elle prise ?

    Ils se plongèrent dans leur réflexions. Voilà qui était incompréhensible. On mesurait l'absurdité de la situation. Cependant, le Hollandais ne resta pas inactif.

    - Quoi qu'il en soit, dit-il, nous devons vérifier le navire et apporter les réparations nécessaires si nous le pouvons. Puisque vous êtes ici, poursuivit-il en s'adressant à l'homme du littoral, nous n'allons pas rester les bras croisés.Venez avec moi.

    Il donna des ordres aux deux marins qui restaient, chargea le Pêcheur de les aider à décharger leur provisions, et bientôt tous les hommes s'activèrent en vue de réparer les dégats de la tempête. Phyllis, Océane et Platon furent consignés dans leur cabine avec la récommendation de sortir uniquement lorsque le Capitaine lui-même viendrait les chercher. Les deux fillettes obéirent et quelque temps plus tard on entendit  à nouveau une activité sur le navire. Ce fut l'occasion pour le petit Chaperon rouge de chercher son miroir enchanté.

    - Aide-moi à chercher, s'il te plaît Océane. Nous devons retrouver le miroir. Il pourra sûrement nous aider à comprendre ce qui s'est passé sur le navire durant notre absence.

    Le deux petites filles se mirent à explorer minutieusement la cabine, vidèrent d'abord leurs sacs, puis les rayons d'un petit placard, regardèrent sous le lit, entre les couvertures.

    - Je crois que je l'ai laissé la haut, dit à la fin de leurs recherches infructueuses Phyllis. Il faudrait monter et regarder si je n'ai pas oublié le miroir dans la pièce commune.

    - Non, Phyllis ! Tu as entendu le Capitaine. Nous devons rester ici jusqu'à ce qu'il vienne nous chercher !

    - Il ne saura pas que nous sommes sorties, la rassura son amie. Juste le temps de récuperer le miroir.

    Malgré ses rétiscences, Océane n'eut d'autre choix que de suivre Phyllis dans la salle commune. A chaque pas, elle craignait que le Capitaine ou quelqu'un d'autre ne les surprît. Cependant, elles arrivèrent sans encombre jusqu'à la salle commune et s'efforcèrent de trouver rapidement l'objet magique. Elles inspectèrent tous les endroits où le miroir pouvait se cacher. Tout à coup, Phyllis qui s'était mise à quatre pattes pour mieux regarder sous les meubles, se hissa sur ses jambes.

    - Je l'ai ! cria-t-elle triomphante en brandissant au dessus de sa tête l'objet convoité. Il avait glissé sous la banquette.

    Soulagée, Océane suivit son amie dans leur cabine où Platon guettait leur retour avec anxiété. Tranquillement, ils patientèrent jusqu'à ce que le Capitaine et le reste de l'équipe vinrent les chercher.

     

     

     

  • La Ville engloutie 9 (Le petit Chaperon II)

    murier5.jpgLe Vieux Bombyx fit une pause.  Intérieurement, il jubilait. Pas un seul vers parmi les jeunes enfant-vers du mûrier n'avait bougé depuis qu'il avait commencé son récit. Il était  un vers à soie expériementé et avait roulé sa bosse. Il avait évité beaucoup de désagréments dans sa longue existence, rencontré des gens de tout acabit.  Il s'était battu pour sa subsistance. Il avait plaidé pour garder sa liberté, et son indépendance, argumenté pour  être seul maître de sa déstinée. Il lui avait fallu du temps et des efforts pour gagner le droit  à la tranquilité et au respect. Il savait aussi, comme personne d'autre raconter des  belles histoires et,  biensûr, il savait ménager le suspense. Il se tut donc et observa son auditoire malicieusement.

    Le silence se prolongea jusqu'à ce que les petits vermisseaux du mûrier se mettent à protester. Ils réclamaient la suite.

    - Il est l'heure de rentrer chez vous maintenant les enfants. Je suis fatigué et j'ai besoin de sommeil pour me requinquer. Allez ! Oust ! Je vais dormir.

    - Allons, grand'père ! Tu ne peux pas t'arrêter maintenant ! Juste au moment où Platon est catapulté devant le Capitaine ! Raconte !

    - Que voulez-vous que je raconte ? Vous avez compris ce qui va se passer, non ?

    - S'il te plaît, grand'père !

    Sous son allure bourrue, le Vieux Bombyx avait un coeur sensible et tendre comme du beurre. Il aimait la tranquilité, mais il adorait plus encore la compagnie, et les enfants en étaient une excellente. Ses yeux pleins de malice brillèrent.

    - D'accord ! Puisque vous insistez, je vais bien poursuivre. Mais auparavant, allez me chercher une gouttelette de jus de mûres blanches. J'ai le gosier sec à force de parler !

    Deux d'entre eux, filèrent apporter des grosses mûres bien juteuses qu'ils offrirent au vieux Bombyx qui, rassasié, reprit notre conte.

    Vous imaginez la surprise du Capitaine et de sa compagnie lorsqu'ils virent atterrir devant eux l'agneau qu'ils croyaient mort, arrivant de nulle part, bien en vie et en bonne santé ! Ils s'empréssèrent de l'examiner, et lui posèrent de tas de questions aux quelles il ne put répondre. Malheureusement, Platon fut incapable de dire comment il avait atterri au milieu d'une ruelle juste au moment même où le Capitaine s'y trouvait. De même qu'il fut impossible pour lui de se rappeler quoi que ce soit sur la Sirène des mers.

    - Concentre-toi, Platon ! insista Phyllis. Te souviens-tu quand la Sirène t'a emporté avec elle ?

    - Je me rappelle que nous étions tous assis  tranquillement près de la barque. J'ai voulu regarder la mer et me suis approché de la berge. Ensuite, j'ai glissé et suis tombé. J'ai eu  très peur. Mon coeur battait très fort comme un oiseau qui veut sortir de sa cage  en volant dans tous les sens. Mais après, je me suis senti au chaud et en sécurité. Et avant que je ne comprène ce qui m'arrive et où je me trouve, le Capitaine me bousculait en me posant de tas de questions bizarres.

    Phyllis et Océane entreprirent de raconter à Platon ce qui s'était réellement passé. Elles insistèrent sur de nombreux détails mais rien n'y fit. Platon avait  oublié tout ce qui se produisit avant son enlèvement par la Sirèene des mers.

    - Ce n'est pas grave, Platon, lui dit le petit Chaperon rouge. L'essentiel est que tu sois sain et sauf parmi nous. Tu es sous le choc. Ta mémoire reviendra avec le temps. N'y pensons plus !

    Cependant, le Capitaine ne fut pas du même avis que Phyllis. Il trouvait l'amnésie partielle de Platon étrange. Sans souffler mots aux autres pour ne pas les inquiéter, il décida de surveiller étroitement l'agneau.

    Sur ses entre faits, l'homme qui devait apporter son aide dans les réparations du navire, arriva sur le quai avec sa caisse à outils prêt à partir.

    - Il faut que nous partions tout de suite, histoire de gagner du temps. Si votre navire peut être réparé sur place, nous le ferons. Dans le cas contraire, il faudrait le remorquer vers le chantier naval afin d'apporter les réparations nécessaires.

    - Eh, bien ! Nous sommes prêts, répondit le Capitaine.

    Ils montèrent tous dans le canot, les hommes de l'équipage aux rames, le Capitaine à la barre et s'éloignèrent vers le large là où le vaisseau du Hollandais volant avait échoué sur un banc de sable.

  • La Ville engloutie 8 (Le petit Chaperon II)

    ville portuaire.jpg-  Après Platon, le miroir enchanté ! Voilà qui n'annonce rien de bon, dit le Pêcheur. Décidément, le destin s'acharne contre nous. Vous auriez du me laisser perir en mer, Capitaine. Depuis que vous êtes venu à mon secours, rien ne va.

    - Ne soyons pas pessimistes, lui répondit le Hollandais. Restons solidaires et nous parviendrons à vaincre l'adversité. Pour le moment nous devons aller au chantier naval. Nous aviserons plus tard. Quant à vous, Cracheur de feu, soyez prudent durant notre absence.

    - Je ne suis pas inquiète pour le miroir enchantée. Je pense que nous l'avons laissé dans le navire, dit au bout d'un moment Phyllis. Je crois me souvenir que je l'avais sorti de mon sac avant que nous échouions. Ça doit être ça.N'ayez pas d'inquiétude Capitaine. Nous  attendrons sagement ici votre retour.

    Sur ce, les quatre hommes s'éloignèrent laissant seuls les deux fillettes et le Cracheur de feu.

    Pendant ce temps, la Sirène des mers arriva dans son domaine. Elle déposa l'agneau évanoui sur un tas d'algues, s'installa confortablement et attendit qu'il reprît  ses esprits. Au bout d'un moment, le malheureux animal reprit connaissance. Il secoua sa tête pour chasser les dernières vapeurs d'étourdissement et soupira profondément. Il se remit fébrilement sur ses pattes et chercha Phyllis et Océane du regard. Son petit coeur faillit se rompre lorsqu'il vit la Sirène face à lui.

    - N'aies crainte agneau, je ne te veux aucun mal, le rassura la Sirène. Je t'ai conduit ici parce que je désire certaines informations que tu pourrais me fournir.

    Au son de cette voix,  Platon craintif,  recula de quelques pas se trouvant acculé contre les parois de la grotte. Son lainage blanc se hérissa.  Un sentiment de désespoir l'emplit mais  il s'eforça à ne pas montrer son affolement. Muet, il attendit la suite.

    - Tu étais présent lorsque le Capitaine porta secours au Pêcheur, poursuivit la Sirène. Tu as assisté au sauvetage. Je veux savoir par quel moyen, alors qu'il était voué à la mort, il a pu en réchaper. Aussi, comment le sortilège de la bague-loup que j'avais placé moi-même au doigt de la petite fille a pu se rompre ?  Qui a mis en place le cercle de feu qui m'empêcha d'approcher et reprendre le Pêcheur ? Mais surtout, par quel enchantement le Hollandais parvint à mener son vaisseau à un port alors que le temps imparti n'était pas arrivé à son terme ?

    Au fur et à mesure que la Sirène parlait, Platon prenait courage. Il examina le visage pur de la créature, sa chevelure d'or, son buste d'albêtre, sa queue iridescente, son allure. "Elle est si belle, pensa-t-il. Comment une créature si parfaite puisse se montrer aussi cruelle ? Peut-être qu'elle n'est pas aussi terrible que nous l'avons cru."

    La Sirène qui observait l'agneau, comprit ce qui se passait dans la tête de l'animal, sourit avec bienveillance et d'un hochement de sa crinière dorée encouragea Platon à lui faire confiance.

    Hypnotisé par tant de  beauté et cette  voix mélodieuse et ensorcelante, Platon raconta tout ce qu'il savait :  sa rencontre avec Phyllis,  le Cracheur de feu, comment ils embarquèrent sur le vaisseau du Hollandais volant, les péripéties qu'ils eurent,  le sauvetage du Pêcheur, le cercle de feu, la transformation de Phyllis en loup,  l'arrivée au port du navire. Il répondit à toutes les questions que la Sirène lui posa et se sentit libéré d'un fardeau. Une sorte d'éphorie l'avait gagné. Il s'enhardit et s'approcha de son interlocutrice au point de la toucher.

    La Sirène satisfaite, se pencha et de sa fine main blanche, caressa la tête crépue de Platon, laissant courir ses doigts dans le doux lainage de son pelage. Une sensation étrange parcourut le monstre marin. Habituée à la rudesse des surfaces écailleuses et froides des animaux marins, elle plongeait pour la première fois sa main dans cette tignasse douce, chaude, palpitante. La Sirène apprécia cette sensation et son sourire s'élargit.

    - Tu m'a dit tout ce que je voulais savoir. Je n'ai plus aucune raison de te garder.

    A ces mots, Platon sursauta. Allait-elle lui ôter la vie ? La Sirène compris au regard affolé de l'agneau ses craintes.

    - Non, mouton. Je ne vais pas te tuer. Tu me plaîs. Tu a été courageux et honnête. Pour te remercier, je te ramènerais vers tes amis.

    Platon n'en croyait pas ses oreilles. Il allait partir ! Retrouver Phyllis et ses amis ! La Sirène n'était pas l'abominable créature qu'il fallait éviter à tout prix ! Un sentiment de gratitude parcourut le petit agneau.

    - Avant de nous quitter, je te donne en gage de notre nouvelle amitié ce médaillon. Lorsque tu porteras ton museau sur lui, je le saurais et je viendrais à toi, dit la Sirène et tirant d'un coffret placé à proximité une chaîne d'argent au bout de laquelle pendait un coquillage.

    Elle la passa autour du cou de Platon qui ne dit rien, tant l'émotion l'étranglait. Encore une fois, la Sirène des mers passa sa main diaphane sur le dos de l'agneau après quoi, elle leva les bras au-dessus de sa tête et fit un geste compliqué en murmurant une phrase inintélligible.

    - Adieu, mouton ! Nous nous reverrons très vite ! conclut-elle.

    A peine avait-elle prononçé ces paroles, que Platon eut l'impression de tomber dans le vide. Cela ne dura pas  et pantelant il atterrit sur le révêtement dur d'une ruelle. Devant lui, se tenait le Capitaine, le Pêcheur et les deux hommes de l'équipage.