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détournement - Page 2

  • Cendrillon et les talons aiguilles (1)

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    La chaleur atteignait son zénith et une agréable torpeur gagnait les habitants d'un  grand mûrier vert et feuillu où, depuis quelque temps, avait élu domicile un vieux, très vieux Bombyx. Midi venait de sonner et à cette heure de la journée tout paraissait silencieux et calme. Profitant de cette quiétude, le vieux Bombyx s'allongea à l'ombre d'une feuille épaisse et grasse s'apprêtant à faire une sieste pour profiter de la tranquillité de l'après-midi.

    «  Ah ! Que la vie est agréable lorsqu'on n'a aucune contrainte ou obligation excepté le souci de son propre bien-être !   Rien de tel qu'une bonne sieste pour recouvrer ses forces en attendant la fraîcheur de la soirée. Je pleins ceux qui sont obligés de travailler sous cette chaleur excessive ! » Pensa le vieux Bombyx et  ferma les yeux avec beaucoup  satisfaction.

    A peine eut-il le temps de se plonger dans le sommeil qu'un bruit désagréable se perturba le silence le tirant brusquement de sa somnolence. Au début, il ignora cette perturbation  intempestive et se contenta de rester immobile. Cependant, le bruit se réitéra. Contrarié, le vieux vers du mûrier se tourna de côté et essaya de se rendormir en vain.   A intervalles régulières le bruit persistait.  Intrigué,  il ouvrit les yeux et se redressa tant bien que mal sur son séant.

    « Sapristi ! N'y a-t-il plus moyen de dormir tranquille dans ce mûrier ? »  S'indigna notre ami. Qui s'avise de déranger un vieux vers en pleine sieste ? » Il regarda autour de lui, mais ne vit rien de particulier. Un long moment s'écoula.

    «  Hum ! se dit-il. J'ai peut-être imaginé la chose», et il s'installa encore une fois le plus confortablement possible sous le feuillage. Mais voilà que le bruit reprit  s'intensifiant et  force fut de se réveiller pour de bon. Il n'avait plus du tout sommeil. Sortant de son abri, le vieux Bombyx scruta l'alentour dressant l'oreille. Il s'avança  de quelques pas dans la branche un peu plus loin, tout en cherchant d'où pouvait provenir la cacophonie qui l'empêchait de se reposer quand tout à coup une grosse goutte vint s'écraser sur sa tête.

    « Se mettrait-il à pleuvoir sans nuage dans le ciel et par un soleil aussi radieux ? » s'étonna-t-il.

    Il leva les yeux. Sur une branche au-dessus de lui, mal caché parmi les feuilles du mûrier, se tenait une minuscule petite chenille qui n'avait pas plus de quelques semaines. Le Bombyx identifia là, la source de ses ennuis.

    « Hé ! C'est toi petite qui fais ce raffut et m'empêche de dormir ?  N'as-tu rien d'autre à faire que t'empêcher les personnes âgées de trouver un repos justement mérité ? Va donc jouer ailleurs ! » Dit-il courroucé.

    La petite chenille ne répliqua rien. Elle se mit à pleurer de plus belle. Ses sanglots étaient  à fendre le cœur d'une pierre et notre ami n'était pas de ceux qui restent insensibles à la détresse d'autrui.  Adouci devant tant de chagrin, le vieux Bombyx  monta sur la branche supérieure et s'assis ses côtés. De sa voix la plus douce et enjouée, il tenta de consoler la petite chenille.

    « Allons, allons ! Que se passe-t-il ? Qu'est-ce qui te fait tant pleurer ? Ne veux-tu pas confier à un vieux grand-père ce qui te cause tant de chagrin ? »

    -          Je... c'est... ma, ma grande... sœur, bredouilla l'enfant. Elle ne veut pas, me... me lire une histoire et elle s'est moqué de moi, parce que je ne sais pas encore...pas lire...

    -          Ha, ha ! Juste ça !?  Bien trop de chagrin pour pas grand' chose. Voyons ! Sèche tes larmes. Moi, je te raconterai une belle histoire si te le désires.

    Un grand sourire illumina le visage de la petite chenille qui oublia de pleurer et elle s'écria : «  C'est vrai ! ? Vous feriez ça pour moi ?

    -          Bien sur, mais pour le moment il fait trop chaud pour faire quoi que se soi. Rentre chez toi et dès que l'heure de la sieste sera passée reviens me trouver sous ma grande feuille et je te raconterai autant d'histoires que ton cœur peut désirer.

    -          Je pourrai venir avec mes amis ?

    -          Oui. Maintenant rentre chez toi. »

    Rassérénée, la petite chenille s'en alla toute réjouie à cette perspective et le vieux Bombyx regagna  son abri et se plongea, enfin, dans un court sommeil réparateur.  Deux heures plus tard, lorsqu'il se réveilla, il vit arriver la petite chenille accompagnée de sa sœur et de quelques autres enfants-vers du voisinage, enchantés d'écouter une des histoires du plus célèbre conteur du mûrier. Ils s'assirent respectueusement en cercle autour du vieux Bombyx et attendirent qu'il veuille prendre la parole. Flatté, le conteur prit son temps avant de se lancer. Il se racla la gorge.

    « D'abord, commença-t-il, je tiens à vous dire que j'ai horreur de l'impertinence. Vous ne devez donc pas m'interrompre à tout venant  en posant de questions incongrues. A vous de réfléchir et trouver des réponses satisfaisantes à vos interrogations.  Ensuite, vous le savez déjà, tout ce que je vous révèlerai est la stricte vérité vraie. Je l'ai vu de mes propres yeux lorsque j'étais encore jeune et je parcourais le monde. »

    Les enfants-vers du mûrier acquiescèrent et le récit débuta.

     

  • La Ville engloutie 28 (Le Petit Chaperon II)

    Amsterdam3.jpgUn enfant ne voit pas les choses de la même manière que les adultes. Mlagré son chagrin, Phyllis voulu connaître la surprise que lui avait réservé le Capitaine. Sans perdre un instant, ce dernier lui mit entre les mains un petit paquet enveloppé dans du papier à fleurs, décoré d'un ruban rouge.

    - De la part de nous tous, pour que tu te souviennes de nous. Avec notre plus profonde affection et reconnaissance, conclut-il.

    Le petit Chaperon rouge contempla le paquet e hésita un instant. Elle se souvint de la petite sculpture que le Pêcheur lui avait fait cadeau un jour, le seul objet qu'elle avait de lui. Puis, d'une main tremblante elle défit le ruban et ouvrit le papier. Emballé dans un plastique transparent, il y avait un livre : Le Petit Prince, par Antoine de Saint-Exupéry. Sur la couverture un dessin fait de jolies couleurs, représentait un petit garçon blond, regardant une rose rouge. Fébrilement, Phyllis déchira la cellophane et se mit à feuilleter le livre. al_St_Exupery07_Le_Petit_Prince_1__3.jpg

    Intriguée elle lu quelques lignes de-ci de-là, et tomba sur certaines qui l'enchantèrent.

    - C'est...

    Elle ne finit pas sa phrase. Océane lui prit le livres des mains et s'exclama d'une voix enjouée.

    - Oui, Phyllis ! C'est l'histoire du Petit Prince qui voulait que l'aviateur lui déssine un mouton ! C'est l'histoire que Platon cherchait !

    - Platon s'agita dans les bras d'Iris et sauta à terre.

    - Mon aviateur ? s'écria-t-il. Cet aviateur que nous cherchions depuis si longtemps ? Je finissait par croire qu'il n'existait pas, qu'il s'agissait d'un mensonge juste bon à calmer mon impatience et à me faire accepter les difficultés du voyage.

    Oubliant tout le reste, les trois amis s'installèrent dans un coin et se mirent à feuilleter le livre. Phyllis commenta d'abord les images. Ensuite, elle se mit à lire le texte. Océane et Platon ne tardèrent pas à s'imaginer parcourant le vaste désert où avait échoué l'aviateur. Les adultes regardèrent avec tendresse le tableau si touchant de cette jeunesse insouciante.

    Le temps passa rapidement et la nuit devenait de plus en plus noire. Il fallait qu'on se sépare et malgré ses réticences, Phyllis n'eut pas de mal à quitter ses amis, heureuse de pouvoir profiter de son livre à sa guise.Dans sa chambre d'hôtel, elle lut et relut des passages entiers de ce merveilleux livre. Platon avait demandé de rester éveillé pour regarder à nouveau les images. Ce n'est que très tard que le sommeil les surprit tous deux penchés sur les pages illustrées.

    Le lendemain, le soleil brillait et il faisait très chaud lorsqu'ils descendirent tous sur les quais à la rencontre du Hollandais volant et de son vaisseau fantôme. Mais ils eurent beau chercher, regarder partout, ils ne trouvèrent aucune trace du navire, ni d'aucun membre de l'équipage. Découragés ils revinrent sur leur pas et Phyllis ne put s'empêcher d'éprouver un sentiment de culpabilité au fond de son coeur. Pendant qu'elle se reposait au fond de son lit douillet, le Capitaine, Océane et le reste de ses amis, disparaissaient telle une brume qui s'évapore au soleil.

    - Il est temps pour nous de regagner notre pays et notre maison, Phyllis, lui dit sa maman. Tu as manqué pas mal de jours d'école et il faudra que tu t'y remettes. Quant à moi, je ne peux pas rester en vacances éternellement. Dès demain, nous entreprendrons les démarches nécessaires pour notre retour. Évidemment, Platon vient avec nous.

    Le Cracheur de feu, regarda Iris au fond de ses yeux si semblables à ceux de Phyllis.

    - Chère Iris, dit il en rougissant. Depuis le temps que nous voyageons ensemble, je me suis attaché à votre fille. Je veux dire, poursuivit-il que je ne peux envisager de vous laisser partir seules au pays. Permettez-moi de vous accompagner, si vous le voulez bien. Après tout, Phyllis est un peu comme ma fille désormais, conclut-il en devenant cramoisi.

    Un sourire illumina le visage de Phyllis qui dans son enthousiasme ne remarqua pas le trouble de sa mère.

    - Oh ! Oui, maman ! accepte, s'il te plaît ! Ce serait si fabuleux que nous vivions tous les trois ensemble ! Tu ne serais pas obligée de travailler si durement pour subvenir à nos besoins et nous passerions de superbes moments ensemble !

    Émue, Iris baissa la tête et rougit à son tour.Dans un souffle à peine audible elle murmura "oui". Après quoi, le Cracheur de feu lui prit maladroitement sa main et la serra dans la sienne.

     

    Des années plus tard, Phyllis le petit Chaperon rouge garda précieusement le livre que le Hollandais volant lui avait offert ce soir-là sur son vaisseau fantôme et chaque fois qu'elle tournait ses pages, la nostalgie  gagnait son coeur et son esprit, et  elle revivait en mémoire les fabuleuses aventures qu'ils avaient vécu ensemble.

    FIN

  • La Ville engloutie 27 (Le Petit Chaperon II)

    Saint-ExuperyPilotePPrin.jpgUn silence de plomb régnait en haut du mûrier. Personne ne parlait et tous les enfants-vers du mûrier retenaient leur souffle. La fin était évidente. L'histoire arrivait à son terme et le vieux Bombyx paraissait satisfait de la tournure que prenaient les événements. Non pas qu'il aimait la disparition du Hollandais volant, non. Mais la réaction des enfants vers montrait incontéstablement qu'ils appréciait beaucoup le Capitaine et qu'ils s'étaient attachés à sa personalité particulière. Il poursuivit donc lentement la suite de son histoire.

    "Le lendemain de très bonne heure, Phyllis fut réveillée par sa maman.

    - Il est temps pour nous de descendre à quai, Phyllis ! Nous ne pouvons guerre nous attarder sur le navire. Si le Capitaine nous a dit la vérité, dans très peu de temps, tout va disparaître et nous nous retrouverons à l'eau. Il faut que tu récupère tes affaires. Le Cracheur de feu va nous aider.

    Le petit Chaperon rouge se leva à la hâte et prépara son sac. Ensuite elle monta sur le pont où l'attendaient sa maman tenant Platon dans ses bras, et le Cracheur de feu.

    - Où est Océane ? s'enquit-elle. Il faut la prévenir.

    Un silence accueillit sa question.

    - Je vais descendre la chercher, se proposa-t-elle. De plus, je ne veux pas partir sans dire au revoir à tout le monde et embrasser le Capitaine.

    Le Cracheur de feu s'avança vers elle et s'agenouilla.

    - Je sais que tu sera triste Phyllis, mais Océane a décidé de rester sur le Navire avec le reste de l'équipage.

    - Comment est-ce possible !

    - Vois-tu, Phyllis, Océane ne fait pas partie de notre monde. Lorsque la malédiction qui pesait sur le Capitaine et ses compagnons a commencé à se lever, Océane a senti que son heure était venu également. Elle est, comme eux, l'objet d'un désir né de l'imaginaire d'un auteur ! Alors, elle aussi a commencé à disparaître.

    - C'est impossible ! Comment je ferai sans elle ? se lamenta Phyllis. Je ne sais si je peux supporter tant de tristesse. D'abord le Capitaine, puis Océane !

    - Tu dois te résigner, Phyllis. La vie est ainsi faite. Personne ne maîtrise son destin, encore moins le destin des autres. Il suffit de se dire que tu n'as pas tout perdu, que ta maman et moi resterons à tes côtés. Et puis, il y a les souvenirs de tous les moments passés ensemble, les aventures que nous avons vécus et partagées.

    Triste, le coeur lourd, Phyllis suivit sa mère et le Cracheur de feu à terre. Son esprit vagabondait vers ses amis et elle ne savait comment exprimer cette peine qui l'emplissait tout entière. Mais il fallait se résoudre.

    D'abord, il avait fallu qu'ils se trouvent un gîte pour la nuit. Ensuite le Cracheur de feu partit récuperer le reste des affaires sur le navire. Puis, ils s'installèrent tous dans un salon de thè pour se sustenter. Vers le soir, ils regagnèrent leur hôtel. A la réception, un message les attandait et le Cracheur s'empressa de le lire. C'était de la part du Capitaine. Il les informait qu'une surprise attendait Phyllis et Platon sur le navire et il se ferait une joie de les revoir une dernière fois pour leur souhaiter adieu. La mort dans l'âme, Phyllis suivit ses compagnons sur les quais. Dans la lumière du soir, le vaisseau du Hollandais volant se détachait comme une ombre immense sur le ciel orangé.

    Le Hollandais volant les accueillit avec un large sourire. Océane se tenait à ses côtés et, derrière lui, Phyllis vit tout le reste de l'équipage. Océne se précipita dans les bras de son amie et elles s'embrassèrent en pleurant. Mais Phyllis remarqua que la petite fille de la haute mer présentait elle aussi les mêmes signes d'altération sur son corps que le Capitaine.

     

  • La Ville engloutie 26 (Le petit Chaperon II)

    Capitaine4.jpgEn entendant cette date, Iris et Phyllis sursautèrent. Le calcul était facile à faire. Si le Capitaine disait vrai, il devait avoir plus de deux cents ans ! A le regarder le Hollandais volant n'en paraissait que trente à peine. Quel était ce mystère ?

    - Cela vous étonne, j'en suis sûr, poursuivit le conteur. Vous pensez que j'ai perdu l'esprit, ou que je raconte n'importe quoi. Avant de tirer des conclusions hâtives, je vous demande de me croire sur parole. Les aventures que nous avons traversées ensemble vous convaincront que je ne dis pas de mensonges.

    Tous hochèrent affirmativement la tête. Aussi incroyable que cela pouvait sembler, le Capitaine venait d'une autre époque.

    - Poursuivez, je vous en prie, osa la maman du petit Chaperon rouge.

    - Merci, fit-il avec un léger sourire. Nous offrîmes des funérailles descentes à notre ami et je partageai ses maigres affaires personnelles entre mes compagnons comme le veut la coutume pour ceux qui périssent en mer. Puis, je donnai l'ordre de poursuivre notre route. Selon mes calculs, six jours plus tard, nous verrions se profiler les côtes françaises.  Le temps se calma, le soleil tardait ses rayons brûlants et la mer était d'huile.  Au début, je ne doutais pas d'arriver à bon port. Mais, les jours s'écoulèrent lentement, dans une extrème tension et je devais faire face au mécontantement de mon équipage.  Six jours après que nous avions essuyé la tempête, aucune terre ne se profila à l'horizon. Je refis mes calculs, persuadé que nous avions, dans la tempête dévié de notre route. J'ordonnai à mes hommes de virer de bord, les accusant de négligeance. Je les traitais durement, n'écoutant pas leurs protestations, persuadé de regagner bientôt l'Europe. Mon arrogance fut payé au prix fort.  Le désespoir gagna mes hommes. Nous redoublâmes d'efforts, et bien que cela en coûtait à mon orgueil, je demandai conseil aux plus anciens pour retrouver notre route. Une force invisible semblait nous ramener à notre point de départ, entre ciel et eaux. Quels que fussent nos efforts, mon équipage et moi ne pûment toucher terre qu'après des années d'errance. Durant des mois, nous errâmes sans but, incapables de nous diriger correctement. La mer fut notre territoire, les embruns notre quotidien et le sel marin s'infiltrait jusque dans le pain que nous mangions. J'ai su plus tard que mon navire était condamné à parcourir les mers sans repos. La première fois que nous touchâmes terre, nous tombâmes tous à genoux pour rendre grâce au Seigneur de Sa miséricorde. Mais la force invisible qui semblait gouverner désormais le navire et nos destinées, se mettait en oeuvre et une semaine à peine après être descendus sur terre, nous nous retrouvions à nouveau balottés par les lames des fonds. Ce calvaire durait depuis une éternité. Nous nous résignâmes à notre triste sort, et nous pensions être damnés pour toujours. Jusqu'au jour où, durant une de ces brèves escales qui nous rendaient le voyage encore plus amère, nous rencontrâmes Phyllis et ses compagnons.

    Le Capitaine cessa un instant son histoire et ses yeux se remplirent de nostalgie.

    - Je ne vous raconterais pas ce que vous connaissez déjà. Cependant, depuis lors, un vent nouveau souffla sur le vaisseau. L'air devint plus léger, plus réspirable. La mer plus facile à fendre à l'étrave, le soleil moins brûlant et plus chaleureux. Les côtes s'approchèrent, nous permirent de les accoster, de les visiter ! Mon équipage et moi-même n'osions y croire au début de peur d'être à nouveau victimes d'un mirage. Victimes de ces "fada morgana" qui se produisent parfois en haute mer. Jour après jour nous graignîmes de nous réveiller seuls sur notre vaisseau fanôme. Mais les mois passèrent et nous fîmes cap vers l'Europe. Et malgré le passage difficile de Douarnenez, nous touchâmes le sol béni de notre patrie par deux trois fois ! Nous arrivâmes enfin, en Hollande !

    Le Hollandais les regarda un à un à tour de rôle. Il sourit tristement. Puis, il leva le bras et montra d'un geste autour de lui.

    - Apparemment, le Seigneur a eu pitié de nous et nous a permis de regagner notre pays . Nous arrivons au bout de nos peines. Notre route s'achève comme elle a commencé.  Lentement, au fur et à mesure que les jours s'écoulent, les objets du navire retournent à la poussière où ils devaient y parvenir depuis pas mal de temps déjà. D'abord ce fut les petits objets, puis les vêtements, les meubles. Tout retourne au néant auquel il appartient. Bientôt, mes hommes et moi-même ne serons qu'un pâle reflet de ce que nous fûmes jusqu'à disparaître de la surface de la terre.

    Ce disant, il se leva et se plaça devant la lumière que diffusait une des lampes. Avec horreur l'assistance pu voir à travers le corps du Hollandais. Phyllis se mit à pleurer doucement, Iris serra fort Platon entre ses bras, et même le Cracheur de feu écrasa une larme qui menaçait de couler sur ses joues.

    - Ne soyez pas tristes mes amis, poursuivit le Capitaine. Notre fin ne doit pas vous chagriner. Au contraire ! Soyez heureux ! Car nos pauvres âmes torturées trouverons enfin le repos et tous ceux qui nous ont été chers et que nous n'aurions dû jamais quitter. La poursuite de notre existence fut une abomination. Grâce à ta gentillesse Phyllis, ta tendresse et ton optimisme nous goûtrons au repos. Nos fautes nous ont été pardonnées.

    Il s'approcha de la petite fille et maladroitement, la prit dans ses bras. Il déposa un baiser sur son front, puis alla serrer la main du Cracheur de feu et d'Iris.

    - Notre temps est proche. Cependant, il me reste encore quelque chose à faire avant de vous dire définitivement adieu, conclut-il. Retournez vous reposer pour l'instant. Demain nous verrons bien.