Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

détournement - Page 7

  • La Ville engloutie 8 (Le petit Chaperon II)

    ville portuaire.jpg-  Après Platon, le miroir enchanté ! Voilà qui n'annonce rien de bon, dit le Pêcheur. Décidément, le destin s'acharne contre nous. Vous auriez du me laisser perir en mer, Capitaine. Depuis que vous êtes venu à mon secours, rien ne va.

    - Ne soyons pas pessimistes, lui répondit le Hollandais. Restons solidaires et nous parviendrons à vaincre l'adversité. Pour le moment nous devons aller au chantier naval. Nous aviserons plus tard. Quant à vous, Cracheur de feu, soyez prudent durant notre absence.

    - Je ne suis pas inquiète pour le miroir enchantée. Je pense que nous l'avons laissé dans le navire, dit au bout d'un moment Phyllis. Je crois me souvenir que je l'avais sorti de mon sac avant que nous échouions. Ça doit être ça.N'ayez pas d'inquiétude Capitaine. Nous  attendrons sagement ici votre retour.

    Sur ce, les quatre hommes s'éloignèrent laissant seuls les deux fillettes et le Cracheur de feu.

    Pendant ce temps, la Sirène des mers arriva dans son domaine. Elle déposa l'agneau évanoui sur un tas d'algues, s'installa confortablement et attendit qu'il reprît  ses esprits. Au bout d'un moment, le malheureux animal reprit connaissance. Il secoua sa tête pour chasser les dernières vapeurs d'étourdissement et soupira profondément. Il se remit fébrilement sur ses pattes et chercha Phyllis et Océane du regard. Son petit coeur faillit se rompre lorsqu'il vit la Sirène face à lui.

    - N'aies crainte agneau, je ne te veux aucun mal, le rassura la Sirène. Je t'ai conduit ici parce que je désire certaines informations que tu pourrais me fournir.

    Au son de cette voix,  Platon craintif,  recula de quelques pas se trouvant acculé contre les parois de la grotte. Son lainage blanc se hérissa.  Un sentiment de désespoir l'emplit mais  il s'eforça à ne pas montrer son affolement. Muet, il attendit la suite.

    - Tu étais présent lorsque le Capitaine porta secours au Pêcheur, poursuivit la Sirène. Tu as assisté au sauvetage. Je veux savoir par quel moyen, alors qu'il était voué à la mort, il a pu en réchaper. Aussi, comment le sortilège de la bague-loup que j'avais placé moi-même au doigt de la petite fille a pu se rompre ?  Qui a mis en place le cercle de feu qui m'empêcha d'approcher et reprendre le Pêcheur ? Mais surtout, par quel enchantement le Hollandais parvint à mener son vaisseau à un port alors que le temps imparti n'était pas arrivé à son terme ?

    Au fur et à mesure que la Sirène parlait, Platon prenait courage. Il examina le visage pur de la créature, sa chevelure d'or, son buste d'albêtre, sa queue iridescente, son allure. "Elle est si belle, pensa-t-il. Comment une créature si parfaite puisse se montrer aussi cruelle ? Peut-être qu'elle n'est pas aussi terrible que nous l'avons cru."

    La Sirène qui observait l'agneau, comprit ce qui se passait dans la tête de l'animal, sourit avec bienveillance et d'un hochement de sa crinière dorée encouragea Platon à lui faire confiance.

    Hypnotisé par tant de  beauté et cette  voix mélodieuse et ensorcelante, Platon raconta tout ce qu'il savait :  sa rencontre avec Phyllis,  le Cracheur de feu, comment ils embarquèrent sur le vaisseau du Hollandais volant, les péripéties qu'ils eurent,  le sauvetage du Pêcheur, le cercle de feu, la transformation de Phyllis en loup,  l'arrivée au port du navire. Il répondit à toutes les questions que la Sirène lui posa et se sentit libéré d'un fardeau. Une sorte d'éphorie l'avait gagné. Il s'enhardit et s'approcha de son interlocutrice au point de la toucher.

    La Sirène satisfaite, se pencha et de sa fine main blanche, caressa la tête crépue de Platon, laissant courir ses doigts dans le doux lainage de son pelage. Une sensation étrange parcourut le monstre marin. Habituée à la rudesse des surfaces écailleuses et froides des animaux marins, elle plongeait pour la première fois sa main dans cette tignasse douce, chaude, palpitante. La Sirène apprécia cette sensation et son sourire s'élargit.

    - Tu m'a dit tout ce que je voulais savoir. Je n'ai plus aucune raison de te garder.

    A ces mots, Platon sursauta. Allait-elle lui ôter la vie ? La Sirène compris au regard affolé de l'agneau ses craintes.

    - Non, mouton. Je ne vais pas te tuer. Tu me plaîs. Tu a été courageux et honnête. Pour te remercier, je te ramènerais vers tes amis.

    Platon n'en croyait pas ses oreilles. Il allait partir ! Retrouver Phyllis et ses amis ! La Sirène n'était pas l'abominable créature qu'il fallait éviter à tout prix ! Un sentiment de gratitude parcourut le petit agneau.

    - Avant de nous quitter, je te donne en gage de notre nouvelle amitié ce médaillon. Lorsque tu porteras ton museau sur lui, je le saurais et je viendrais à toi, dit la Sirène et tirant d'un coffret placé à proximité une chaîne d'argent au bout de laquelle pendait un coquillage.

    Elle la passa autour du cou de Platon qui ne dit rien, tant l'émotion l'étranglait. Encore une fois, la Sirène des mers passa sa main diaphane sur le dos de l'agneau après quoi, elle leva les bras au-dessus de sa tête et fit un geste compliqué en murmurant une phrase inintélligible.

    - Adieu, mouton ! Nous nous reverrons très vite ! conclut-elle.

    A peine avait-elle prononçé ces paroles, que Platon eut l'impression de tomber dans le vide. Cela ne dura pas  et pantelant il atterrit sur le révêtement dur d'une ruelle. Devant lui, se tenait le Capitaine, le Pêcheur et les deux hommes de l'équipage.

  • La Ville engloutie 7 (Le petit Chaperon II)

    sorcières4.jpg En voyant son ami fidèle disparaître dans les flots, prisonnier de la Sirène des mers, Phyllis ne put s'empêcher d'éclater en larmes.  Pour la deuxième fois depuis leur rencontre,  Platon était en danger. Mais si la première fois Phyllis avait gardé espoir, ce jour là, au fond de son coeur, elle ne pensait  plus revoir son ami vivant.

    - C'est terrible ! C'en est fini de Platon ! Il ne trouvera jamais l'aviateur ni le petit Prince. Pourtant je lui avais promis de l'aider... J'ai échoué, se lamentait-elle.

    En vain Océane essayait de la consoler. Phyllis s'en voulait pour sa crédulité et sa négligeance. Comment avait-elle pu tomber dans un piège aussi grossier et croire que la Sirène était sa mère ? Comment n'avait-elle pas compris l'imposture ?

    - C'est naturel, Phyllis, lui dit le Cracheur de feu. Ta maman te manque, alors ton désir de la revoir, d'être au près d'elle t'a aveuglé. N'importe qui à ta place en aurait fait pareil. Moi-même je pensais sérieusement que ta maman t'avait retrouvé. Pas un seul instant je ne me suis douté !

    - Non, mon bon Cracheur de feu, tu n'arriveras pas à justifier ma conduite. J'aurais du connaître ma vraie maman. Depuis le début j'agis sans réfléchir et voilà le résultat. Platon est en danger de mort et peut-être que nous ne le verrons plus jamais vivant !

    Pendant que le Cracheur de feu et Océane tentaient de remonter le moral à Phyllis, le Capitaine, le Pêcheur et les deux hommes de l'équipage s'activaient. Ils chargèrent  le canot de provisions et des matériaux qu'ils avaient acheté dans une coopérative marine en vue de réparer le navire.  Puis, le Capitaine laissa les marins s'installer  pour la nuit dans le canot afin d'éviter les mauvaises surprises. Ceci fait, il conduisit ses amis à un petit hôtel qu'il avait répéré tantôt dans une rue non loin du port. Il réserva deux chambres pour la nuit , s'assura qu'ils seraient tous en sécurité et s'enferma dans sa chambre avec le Pêcheur.

    Les heures passèrent et les deux hommes ne s'étaient pas encore montrés. Le Cracheur de feu raconta des histoires aux deux jeunes filles, fit quelques tours de préstigititation pour tromper leur ennui en attendant, et Phyllis et Océane finirent par s'endormir pelotonnées l'une contre l'autre. Ce n'est que le lendemain matin que la porte du Capitaine s'ouvrit. A leur aspect fatigué, leurs yeux rouges et leur cheveux hirsutes on pouvait constater qu'ils n'avaient pas dormi de la nuit.

    - Allons au port, lança le Capitaine. Il faut s'assurer que rien de fâcheux n'est arrivé aux hommes de l'équipage et que notre canot est intact.

    Le soleil pointait à peine lorsqu'ils arrivèrent au môle. Le canot n'avait pas bougé depuis la veille et les marins émergeaient juste d'un sommeil profond et réparateur. Après une inspéction minutieuse, le Capitaine annonça:

    - Je dois retourner au chantier naval de la ville pour trouver quelqu'un   qui accepte  de nous accompagner sur le navire pour nous aider à réparer les dégats. Phyllis et Océane, vous restez avec le Cracheur de feu et le Pêcheur ici.  Pour plus de sûreté, je désirerais emporter avec moi le miroir enchanté afin de rester en contact avec vous. Veux-tu bien me le prêter, Phyllis ?

    Le petit Chaperon acquiéça et ouvrit son sac à dos pour extraire l'objet. Elle chercha au fond du sac, puis elle sortit un à un les vêtements et les quelques objets qu'il contenait ; le miroir enchanté était introuvable.

     

  • La Ville engloutie 6 (Le petit Chaperon II)

    sorcière3.jpg - Je suis étonné de voir que vous nous avez trouvé, dit le Capitaine à la mère de Phyllis. Il fallait que vous ayez beaucoup de chance pour arriver ici juste au moment où nous arrivions. Une sacré chance en effet.

    Iris, rit à la réflexion du Capitaine.

    - Vous n'avez jamais entendu parler de l'instinct maternel, Capitaine ? C'est comme une force irrépricible qui vous guide. Un lien invisible qui unit la mère et son enfant. Parfois, lorsque je m'endormais, la nuit, je rêvais de Phyllis en train de dormir et je m'approchais d'elle pour la border. D'autres fois, lorsqu'elle était en danger, je sentais ce danger et il m'arrivais de prier de toutes mes forces pour le conjurer ! je pourrais vous raconter de dizaines d'histoire de la sorte qui montrent bien la force de l'instinct maternel. Mais vous êtes un homme, et vous ne pourriez pas comprendre. Vous demanderiez des preuves tangibles; or, le sixième sens est tout sauf tangible !

    Elle se tut. Ses beaux yeux, de la même nuance de violet que ceux de Phyllis le fixaient avec une innocence désarmante.

    - Je ne vous demande pas de me croire, reprit-elle. Je veux juste rester avec ma petite fille si vous le permettez, prendre soin d'elle. De même qu'Océane, ajouta-t-elle. Il n'est pas bon pour des petites filles de rester trop longtemps en compagnie de seuls hommes. Elles ont besoin de la tendresse et de l'attention d'une présence féminine !

    - Oh ! s'il vous plaît ! Acceptez Capitaine ! s'écria le petit Chaperon rouge. Ce serait si agréable que maman nous accompagne !

    Le Hollandais volant regarda avec circonspection le reste du groupe. On pouvait constater que le Cracheur de feu était subjugué par le charme d'Iris, le Pêcheur semblait acquis à sa cause, Océane la regardait avec plein d'espoir dans ses yeux, quant à Platon il avait sa tête crépue posée sur les genoux de la dame. Prenant le Cracheur de feu par le bras, le Capitaine le força à s'éloigner du groupe. Quand ils furent assez loin pour que les autres ne puissent pas les entendre, il lui tint ces propos.

    - Elle vous a ensorcelé, ma parole ! Réveillez-vous ! Il est impossible que cette femme soit la mère de Phyllis.

    - Qu'est-ce qui vous fait croire qu'elle ment ? Phyllis l'a reconnue, non ?

    - Mon vieux, réfléchissez ! Nous avons fait naufrage à un lieu coupé du monde ! Personne, je dis bien, personne ne pouvait savoir que nous avons échoué sur les rivages d'Ys ! Aucune créature humaine ne pouvait le savoir !Même nous, avons eu du mal à déterminer notre position, encore moins une femme seule qui n'a jamais voyagé en dehors de son quartier ! Souvenez-vous ce que Phyllis nous a dit sur sa mère ! Comment a-t-elle pu arriver jusqu'ici ? Par quel moyen de transport ?

    - Mais...

    - Ressaisissez-vous ! C'est un piège !

    Le Cracheur de feu parut ébrenlé. Il secoua la tête comme pour chasser une mauvaise idée.

    - Qui...

    Il ne finit pas sa phrase. Sur son visage on pouvait lire l'étonnement se transformer en détermination. Il venait de comprendre. Sans perdre une seconde, les deux hommes se hâtèrent vers le reste du groupe. Ils craignaient qu'un malheur ne soit arrivé. Le petit attroupement se tenait toujours au même endroit. Préstamment, le Cracheur de feu attrapa par la main droite, Océane par la main gauche et les éloignat vivement de la prétendue mère.

    - Platon, éloigne- toi ! hurla-t-il.

    Une confusion s'ensuivit. Océane, de peur, se mit à pleurer. Phyllis essaya de se libérer de l'emprise de son ami sans succès, le Capitaine et les deux marins à qui il avait fait signe entourèrent la femme. Des cris et de bêlements se mêlèrent et les passants commençaient à former un attroupement, curieux de savoir ce qui se passait. Cependant, la dame resta impassible. Elle sourit et d'une voix calme et mesurée dit.

    - Que se passe-t-il Capitaine ? Vous avez l'air bouleversé !

    - Vous n'êtes pas la mère de Phyllis ! Ni un être humain ! Vous ne l'avez jamais été. Vous êtes la Sirène des mers, et vous cherchez notre perte !

    - Vous êtes un malin, Capitaine, je ne peux le nier, ricana la Sirène. Ce n'est que partie remise. Partez si le coeur vous en dit, mais j'emporte avec moi le mouton,  en gage de la dette que vous avez contracté envers moi,  poursuit-elle, en tenant fermement Platon entre ses bras puissants comme un géant le ferait d'un jouet.

    Un dans un éclat vert et or, la mère de Phyllis laissa place à la créature des mers qui plongea dans la mer, et disparut en traînant dans son sillage Platon l'agneau.

     

  • La Ville engloutie 4 (Le petit Chaperon II)

    roulotte2.jpg Une douce torpeur gagnait Phyllis que le balancement de la roulotte berçait.  La matinée avançait, chaude, réconfortante.  Le soleil jouait dans les feuillages  au rythme cadancé des pas des chevaux.  La petite fille ferma les yeux  et ne tarda pas à s'endormir. Elle se trouva dans son ancienne chambre, dans la maison de sa maison et il lui sembla entendre sa maman fredonner. Elle sourit dans son sommeil et se tourna sur le côté. La porte de sa chambre s'ouvrit et sa maman parut sur le seuil.

    - Phyllis ! Il est l'heure de se réveiller. Tu ne dois pas être en retard pour l'école.

    Dans un sursaut, le petit Chaperon rouge se réveilla.  Se redressant, elle  regarda autour d'elle quelque peu déçue. Non, elle n'était pas à la maison mais dans une roulotte de forains en route pour la Capitale.

    " La Capitale ? Mais de quelle capitale s'agit-il ?" pensa-t-elle en regréttant de ne pas avoir été plus attentive durant ses cours de géographie.

    - Capitaine, dans quel pays nous sommes ? Et quel est le nom de la Capitale où l'on va ?

    Tous les regards  se tournèrent vers  le Capitaine. Il avait longtemps voyagé. C'était un excellent marin et un bon navigateur. Il maîtrisait très bien la géographie de la planète. Ils attendirent qu'il se décidât à parler.

    - Eh bien, au moment de notre naufrage, notre position était la latitude 47-58 N et longitude 004- 10W.

    - Ce qui veut dire ?

    - Cela signifie que nous sommes  en Cornouaille.

    - En Cornouaille !? s'écria épouvanté le Pêcheur. Quelle Cornouaille ?

    Un silence interrogatuer s'ensuivit. Puis le Capitaine précisa d'une voix inexpressive.

    - Au royaume du roi Cradlon.

    - Vous voulez dire...

    Le Capitaine hocha affirmativement la tête.

    - Ker Is.

    Phyllis et Océane ne comprirent pas tout de suite ce qu'impliquait cette réponse. Ni l'une ni l'autre n'avaient entendu parler de Ker Is. Mais le Pêcheur continuait à fixer le Capitaine avec une expression de peur sur son visage et le Cracheur de feu était visiblement bouleversé lui aussi.

    - Qu'est-ce Ker Is ?  insista le petit Chaperon rouge.

    - Il s'agit de la ville d'Ys qui  fut jadis une ville marine légendaire. La fille du roi, Dahut, était fascinée par la mer, dit-on.  Elle demanda à son père de bâtir pour elle une ville d'une beauté inégalée.  Le roi Gradlon pour satisfaire sa fille, construisit une cité d'une splendeur inégalée. Cependant, la ville sombra dans la luxure et la débauche. Le diable trompa Dahut et vola la clef des portes qui protégeait la ville de la marée et livra la ville aux flots de l'océan déchaîné. Ainsi, périt Ys, engloutie par les eaux, conclut le Capitaine.

    - Mais alors, si la ville d'Ys a péri, comment se fait-il que nous y allons ? fit naïvement Océane.

    - C'est ce que nous devons découvrir,  soupira le Capitaine. Dans quelques heures nous chercherons à le savoir.