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contes - Page 15

  • Le Petit Chaperon voit rouge (17)

    Sirène.jpgDans son obscure royaume, la Sirène au corps d'albâtre frissonna  dans son sommeil.

    Étendue sur sa couche de corail elle rêvait. Au cours de l'éternité,  aucun humain n'avait osé murmurer son nom, aucune créature ne s'était aventurée la défier. Elle maîtrisait son univers et les déstinées des êtres qui la côtoyaient. Insatiable, elle en demandait davantage aux marins qui par malheur croisaient sa route.  Avec le temps, les villages se tranformèrent en villes grouillantes de population, les petits ports de pêche devinrent de centres internationaux, des zones franches accueillant de nombreuses  victimes,  un vivier inépuisable d'individus, de milliers d'amoureux transis prêts à toutes les folies, à tous les sacrifices pour la rejoindre.  Les promesses d'amour éternel qui jalonnaient sa longue existence étaient  les mêmes  aussi loin qu'elle remontait dans sa mémoire.

    Dans son lit perlé, la Sirène se troubla.

    La main qui traça  sur un papier les lettres de son prénom  avait marqué, par là même, un trait sur le coeur de pierre.  Chaque trace s'enfonça plus profondément dans la cuirasse  qui le protégeait, le gardant ainsi à l'abri des sentiments, ou de toute autre faiblesse.  Une ombre  parcourut la quiétude de la créature.  Elle n'avait que les eaux profondes pour domaine, l'éternité pour compagnon, la solitude pour progéniture ! Un douleur aiguë la fit sursauter. Elle se révéilla et regarda autour d'elle avec crainte. S'était-elle forvoyée ? Des siècles durant elle n'avait fait que poursuivre sa déstinée. Jusqu'à présent, elle était satisfaite de son sort, contente de sa nature, de sa vie, lui semblait-il. Un doute s'insinua dans son esprit.

    Ne devait-elle pas désirer autre chose ? Ne pouvait-elle pas souhaiter un changement dans cette routine si artistiquement huilée ?Bateau 2.jpg

    Elle se mit à réfléchir sur les êtres qui, comme elle, étaient condamnés à la solitude éternelle, au silence et à l'abandon.  L'immortalité était à ce prix. Ce navire qu'elle  voulait voir  sombrer corps et biens par tous les moyens, n'était pas commandé par un de ceux qui ont échangé leur repos contre l'éternité ? Cet humain maudit qu'on surnommait le Hollandais volant n'était-il pas un de ses semblables dans l'enfer marin à parcourir inlassablement les mêmes contrées dans l'isolement total ?

    La Sirène sentit un froid parcourir son échine et serra autour d'elle ses couverture d'algues. Quelque chose avait changé. Des modifications à ces règles immuables jusqu'à ce jour s'étaient produites. Elle le savait.

    Dans son vaisseau maudit, le Hollandais volant n'était désormais plus seul !

     

     

  • Le Petit Chaperon rouge (16)

    Capitaine 2.jpgLa détérioration du matériel s'aggravait et rendait la navigation ardue. Grâce à son expérience,  le Capitaine maintenait le cap ; néanmoins, arriva le moment où, ne pouvant réculer davantage, il réunit tout le monde dans sa cabine et leur dit.

    - Il est temps que vous soyez informés sur les faits étranges  survenus sur le navire. Depuis un moment déjà, j'ai constaté la disparition progréssive des objets nécessaires à la navigation. D'abord, mon sextant disparut, le compas se mit à tourner dans toutes les diréctions sans relâche,j'ai trouvé des bouts rongnés, des voiles déchirées, des cartes abimées ! Au début j'ai cru à une farce commise par l'un d'entre vous...

    - Capitaine, pourquoi nous aurions fait cela ? intervint le petit Chaperon rouge. Nous sommes peut-être facétieux mais nous n'oserions pas toucher à vos instruments.

    - C'est aussi mon raisonnement, répliqua le Capitaine. Or, si ce n'était personne parmi vous, quelqu'un d'autre sabote le navire.

    - Oh ! fit Phyllis. Qui cela peut-il être ? Pourquoi il ferait une chose pareille ?

    - Oui, pourquoi ? s'écrièrent les autres.

    - C'est ce qu'il faut apprendre rapidement, répondit le Capitaine. J'ai réfléchi à la question. Tous les problèmes commencèrent le jour où le Pêcheur fut accueilli sur le bateau.

    Tous se tournèrent vers le Pêcheur.

    - Y aurait-il quelque chose que vous avez oublié de nous dire ? questionna le Capitaine. Lors de votre arrivée, vous nous avez dit être à la recherche de votre bien aimée ? Comment se nomme-t-elle ? demanda sévérement le Capitaine.

    Le Pêcheur serra ses mains et fit un geste ampli de ferveur en diréction du Capitaine et de ses compagnons.

    - Je vous jure que je ne suis pour rien dans tout cela !

    - Qui est votre bien aimée ? insista le Capitaine impérturpable. Dites son nom ! nous devons le connaître si nous voulons survivre ! Car le saboteur du navire cherche à nous faire périr ! Si nous devons combattre l'ennemi, nous devons savoir à qui nous avons à faire.

    - Mon Dieu, Capitaine ! Ne soyez pas si dur avec lui, le défendit Phyllis. Il nous le dira. N'est-ce pas que vous le direz ?

    Le Pêcheur prit sa tête entre ses mains. Il parut deséspéré.

    - Je ne peux pas le dire ! J'ai juré sur mon âme que je ne dévoilerais jamais son nom, sous peine de voir tout mon village englouti par les flots ! Sirène 5.jpg

    Ils réstèrent silencieux un moment, quand soudain, Phyllis, notre petit Chaperon ingénieux s'écria.

    - J'ai trouvé ! Si le Pêcheur ne peut dire le nom de sa bien aimée sous peine de voir son village disparaître, il peut néanmoins l'écrire !

    Des cris de joie retentirent dans tout le navire. Sans perdre un instant, le Capitaine posa devant le Pêcheur une feuille de papier et un crayon. Le Pêcheur s'en saisit et d'une écriture malhabile, traça les quelques lettres du prénom de la Sirène.

     

     

  • Le Petit Chaperon Rouge (15)

    Sirène 4.jpg- Vous l'aurez compris chers amis, dit le Bombyx aux enfants-vers du mûrier, que tant de bien-être ne peut malheureusement pas continuer indéfiniment. La vie est une affaire compliquée ; il est déconseillé d'être négligeant.

    Nos personnages, tout à leurs projets avaient négligé les forces obscures des profondeurs. Ils ne savaient pas que leur optimisme suscitait des jalousies envieuses. A l'abri du besoin dans le Vaisseau, ils étaient observés depuis un moment déjà par une créature vindicative et hostile : la Bien aimée du Pêcheur. Cette créature était d'un beauté sans égal en haute mer. Sa peau blanche comme l'albâtre, ses cheveux d'or fondu encadraient un visage d'une pérfection divine, ses yeux miroitaient la mer et l'océan tels des saphirs du plus pur éclat, sa voix était faite pour attirer vers elle les marins et les garder auprès d'elle. Son buste se fondait dans une queue  souple et agile où brillaient mille feux quand le soleil la caressait. La bien aimmée du Pêcheur n'était autre qu'une Sirène.

    Des nombreuses légendes circulent sur ces êtres à part dans le monde sous-marin ; de célèbres auteurs ont chanté leurs charmes. Mais derrière leur visage et le corps sans défauts, se cache le coeur le plus cruel du monde de la mer et de l'océan. Voilà quel être épiait nos personnages et suivait leur trajectoire sans être vu.

    - Ainsi donc le pêcheur a survécu au naufrage ! pensa-t-elle. Maudits soient les passagers qui l'ont recueilli, et maudit soit leur navire ! Aucun homme, excepté Ulysse n'a survécu à mon appel ! Aucun mortel n'a pu vaincre, après m'avoir observée, le désir de me rejoindre dans mon royaume.

    Retournant dans ses cavernes marines, la Sirène se mit à réflechir et à éllaboré son plan de vengeance. Elle réunit autour d'elle ses alliés, ses serviteurs, ses amis et leur dit.

    - Avant vingt huit jours, lorsque la lune entrera dans sa phase noir, le vaisseau doit sombrer dans les profondeurs avec son équipage. Aucun des passagers ne doit survivre !Hollan.jpg

    Pendant ce temps, sur le navire, le Capitaine devenait de plus en plus sombre et taciturne. Des incidents sans importance au début commencèrent à gêner les manoeuvres. D'abord, le sextant du navire disparut de la cabine, puis, le compas changea plusieurs fois de direction, une carte se trouva déchirée et certaines des cordes usées. Lorsqu'une des voiles se détacha et s'envola dans un maëlstrom vers le large, le Capitaine ne cacha plus son inquiétude. Quelqu'un sabotait le navire.

     

     

  • Le Petit Chaperon voit Rouge (14)

    Phyllis2.jpg- Comme j'aimerais que nous partions  à la recherche de la bien aimée du Pêcheur ! Confia le petit Chaperon à Platon l'agneau et à Océne la fillette de la Haute-mer. Qu'en dites vous ?

    - Sans moi ! s'exclama Platon. Je n'ose pas imaginer les dangers encourus dans une telle aventure. Mon coeur éclaterait de frayeur !

    -  Je voudrais moi aussi être à la recherche de quelque chose ou de quelqu'un, dit Océane songeuse. Il serait si agréable d'y arriver après bien de péripéties...

    La petite fille n'avait, à la différence de ses camarades aucun but précis, ce qui la rendait un peu triste. Voyant cela, Phyllis voulu la consoler.

    - Il faudrait que tu réflechisses à l'être ou à la chose qui te manque le plus au monde, dit-elle à son amie.

    - Parfois, mon île me manque... D' autres fois, je pense à mes livres préférés que je relirais avec plaisir. Elle hésita avant de poursuivre. Il y avait aussi un  album avec  des vieilles photographies qu'un jour j'ai trouvé dans une malle...

    - Des photographies ? s'écria le petit Chaperon rouge. Quel genre de photographies ?

    - Des portraits de ma... maman. Du moins je crois... Je ne l'ai jamais connue,conclut-elle.

    Phyllis poussa un cri de surprise. Elle avait remarqué la tristesse qui gagnait Océane lorsqu'elle parlait de sa maman ou lorsqu'à l'aide du miroir enchanté elle prenait de ses nouvelles. Se penchant, elle serra son amie dans ses bras.

    - Nous la retrouverons ! affirma-t-elle avec chaleur. Nous chercherons ta maman, et tu pourras rester avec elle. Pour toujours ! l'enfant2.jpg

    L'émotion qui étreignit Océane fut si vive qu'elle ne put réprimer les larmes qui lui montèrent aux yeux.

    Le matin, c'est pleins d'entrain que les deux fillettes avec Platon, allèrent à la rencontre du reste du groupe. Phyllis ne cachait pas sa joie et Océane heureuse ne tarissait pas sur ce qu'elle allait dire et faire lorsqu'elle retrouverait sa maman.

    Le Cracheur de feu  riait en écoutant les jeunes filles et proposa d'accueillir la maman dans sa troupe. Il  suggera qu'on cherchât un nom pour la compagnie et on lança divers dénominations, mais aucune ne remporta l'unanimité. Le Pêcheur se joignit à la gaieté générale et Platon ne cessait de sauter allégrement autour du pont. Seul le Capitaine resta à l'écart  de la petite troupe et parut plus sombre que d'habitude.