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Le Défilé de File la Laine - Page 55

  • La Ville engloutie 18 (Le petit Chaperon II)

    Ker ys.jpgDepuis quelques heures déjà, la foule se bousculait, impatiente de voir par elle-même la visiteuse  que était arrivée  la veille au port, à bord du navire du Hollandais volant.  Partout dans le pays, les cloches sonnèrent et les héraults de la ville annoncèrent la cérémonie qui allait se dérouler dans la salle de réceptions du palais, ce soir. Le Capitaine et ses amis avaient été  accueillis par un comité officiel et, ils furent accompagnés en grandes pompes au palais où on leur sérvit à boire et à manger. Ensuite, on les invita à prendre du repos en vue des festivités qui les attendaient le lendemain. Les rues débordaient de gaité, des décorations embellissaient les fenêtres, les places, les maisons. Les gens portaient des habits neufs, des fanfares jouaient de la musique. Enfin, le moment arriva où l'on vint les chercher pour la cérémonie.

    La salle d'audience était somptueusement éclairée. Des dizaines de gens se pressaient derrière les cordons de sécurité pour voir les visiteurs. Le maître des lieux, assis sur son siège était habillé des ses habits de parade. Un brouhaha d'excitation s'éleva lorsque les gardes, suivis de la Dame et du Capitaine en premier penetrèrent dans la salle aux plafonds hauts. Suivaient Phyllis qui tenait Platon dans ses bras, accompagnée d'Océane puis le Pêcheur et le Cracheur de feu fermaient la marche. La procession s'avança devant le siège au centre de la pièce et la Dame s'inclina devant le vieil homme qui s'était levé pour les accueillir. Tout bruit cessa. L'assistance ne voulait pas perdre un seul mot de ce qui allait se dire. L'homme s'avança vers les visiteurs.

    - Soyez les bienvenus, tous dans mon royaume. Aujourd'hui est un très grand jour entre tous. Grâce à vous, Hollandais, ce pays va recouvrir la joie et le bonheur. Voici plusieurs dizaines d'années que nous attendions un moment comme celui que nous sommes en train de vivre.

    Le Hollandais s'inclina légérement à cette annonce. Le vieil homme poursuivit.

    - Le destin a voulu que votre navire  échoue près de ma terre. Votre courage et votre détermination vous ont permis de porter mon message à ma bien aimée femme. Car cette dame, n'est autre que mon épouse chérie qu'un sort atroce avait condamné à vivre en éxil loin de nous et de son pays. Si un homme, suffisamment déterminé faisait le voyage en portant mon message et il acceptait de nouveau de la reconduire jusqu'à moi, le mauvais sort en serait vaincu pour toujours. Vous avez accompli cela ! Malgré les contraintes. Vous êtes revenu avec elle !

    La Dame remercia à son tour le Capitaine et son mari reprit la parole pour déclarer les festivités qui allaient durer trois jours entiers, ouvertes.

    A cet instant précis de l'histoire, les enfants vers du mûrier interrompirent le vieux Bombyx . Ils réclamèrent  le récit des aventures  du roi et de sa reine.

    - En voilà des manières ! bougonna le Bombyx. Quand est-ce que vous apprendrez à ne pas m'interrompre ? De plus, je ne peux pas commencer un autre récit sans avoir au préalable terminé le premier ! Pour qui me prenez-vous ? Je ne suis pas la princesse Shéhrasade qui raconte Les Mille et une nuits ! Une histoire à la fois ! Sinon, ma vielle tête va tout embrouiller !

    Bien que les enfants vers du mûrier n'avaient jamais entendu parler de Shéhrasade, ou des Milles et une nuits,  ils se turent de peur que le Bombyx ne voulût pas continuer.

    - Voilà qui est mieux ! je disais donc !

    Les festivités durèrent trois journées entières. On dansa, on chanta, on s'amusa. Le Cracheur de feu profita de l'occasion pour présenter quelques tours de son cru et Phyllis le petit Chaperon rouge et Platon l'agneau, le secondèrent admirablement.

    Le quatrième jour, alors que nos amis prenaient leur petit déjeuner, la Reine les invita à l'accompagner dans les jardins du palais. Ils sortirent au soleil.

    - Capitaine, lorsque vous êtes venu me trouver à Amsterdam, j'avais perdu tout espoir de retourner un jour ici. Vous avez exaucer mon plus cher désir en m'y conduisant. Il est temps pour moi de vous remercier comme il se doit  de ce service. Phyllis m'a tout dit sur votre rencontre : comment elle et le Cracheur de feu ont embarqué avec vous, vos péripéties, l'arrivée d'Océane sur votre navire, comment vous avez sécouru le Pêcheur, ainsi que toutes les misères subies par la Sirène des mers. J'aimerai vous aider. Vous repartirez bientôt vers la Hollande. Pour que la Sirène des mers trouve le repos et ne vous poursuit plus, il faut que le Pêcheur accomplisse un pélarinage à l'endroit même de la renaissance de la Sirène. Car, sachez qu'elle est née deux fois ! D'abord dans l'antiquité, berceau de toutes les  légendes et de tous les mythes puis, dans l'imagination d'un homme solitaire et inventif qui lui donna une seconde existence. Conduisez le Pêcheur dans ce pays et la Sirène des mers vous laissera tranquilles.

    - Quel est donc ce pays ? et qui est responsable de la renaissance de la Sirène des mers ? demanda le Pêcheur. Je suis prêt à partir dès demain, si je peux faire en sorte que le monstre marin nous laisse en paix !

    - Partez au Danemark, au pays du conteur Andersen. Trouvez sa maison. Et devant la statue dédiée à  "sa petite sirène" faites une prière en  jetant dans l'eau une poiognée du sable de l'oubli, conclut-elle. Et elle sortit de sa poche un minuscule sachet rempli de sable qui sous la lumière du soleil brilla de toutes les nuances de l'arc-en-ciel.

     

  • Sans nom

    Quelques fleurs sauvages dans un jardin

    Des coquelicots, des marguerites,

    Des narcisses ou des anémones

    Un arbre

    Des rideaux de pluie, des ruisseaux,

    De l'herbe douce et grasse,

    Des mots nouveaux, sonores et beaux

    Montagne bleue


    Cours, cours petit enfant !

    Imprime l'image dans tes yeux,

    Emporte-la , sans nom, ni visage

     

     

     

  • L'art religieux (Paques)

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    A la gloire du Seigneur
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    (Vitraux de la Cathédrale Saint Jean de Besançon )

  • La Ville engloutie 17 (Le petit Chaperon II)

    Amsterdam 2.jpgAmsterdam ! Le vaisseau du Hollandais volant touchait enfin les rivages de son pays natal ! L'équipage, accoudé au bastingage se recueillait  silencieux derrière le Capitaine, contemplant  les quais de la ville  tant désirée. Des centaines de canaux sérpantaient à travers les bâtiments et s'entortillaient autour des rues étroites et arborées. Autour de la gare centrale une foule affairée allait et venait. Des bicyclettes faisaient tinter leurs sonnettes, les terrasses des cafés étaient pleines de monde, des mouettes poussaient des cris stridents comme des paroles de bienvenue.

    - Je hâte de visiter la ville ! dit Phyllis le petit Chaperon rouge. Tout semble si beau ! Viens Platon, Océane ! Soyons les premiers à descendre.

    - Pas si vite jeune fille ! la retint le Capitaine qui malgré son émotion gardait la tête froide. Ne nous précipitons pas à terre sans d'abord nous assurer que nous ne courons aucun danger.

    - Quel danger peut-il y avoir ? Nous sommes arrivés au bout de notre voyage !

    - Le Capitaine a raison, Phyllis, dit le Cracheur de feu. Il ne faut pas nous précipiter et risquer de tomber dans un piège. Après tout, nous ne savons pas ce qui est devenue la Sirène des mers !

    - Elle  nous aurait  suivi ?

    - Qui sait ? Il vaux mieux être précautionneux. Et d'abord, il faut que nous apportions le paquet qu'on nous a confié à destination.

    Phyllis fut obligée de reconnaître qu'il fallait attendre. Ainsi le Capitaine s'occupa des formalités portuaires, descendit en ville pour se procurer ce dont ils auraient besoin et revint quelques heures après. Il donna quartier libre à l'équipage mais laissa quelques hommes à bord pour surveiller le navire. Ceci fait, il réunit ses compagnons pour leur expliquer ce qu'ils allaient faire par la suite et tous ensemble ils partirent à la recherche du destinataire de la bourse.

    Ils empruntèrent les rues de la ville et ne tardèrent pas à se trouver devant une porte rouge. Un majordome vint leur ouvrir lorsqu'ils frappèrent et on les pria d'attendre qu'on les reçût. Puis, le majordome les conduisit dans un salon coquet et confortable où assise devant la fênêtre, une dame les attendait. Elle les invita à s'asseoir et commanda du thé.

    - Vous avez exprimé le désir de me rencontrer. De quoi s'agit-il ?

    - Nous avons un paquet pour vous, Madame, répondit le Capitaine. Mais avant, nous devons vous remettre en mains propres  cette lettre.

    Il tira de la poche de sa veste la lettre du vieil homme et la lui tendit. La femme regarda stupéfaite l'enveloppe, la tournant entre ses doigts fins et délicats. Elle sembla hésiter.

    - Qui vous a confié cette lettre ? finit-elle par dire.

    - Notre navire a échoué au cours d'une tempête au large de la Cornouaille il y a quelques jours. Il a fallu réparer les dégats et nous avons pu trouver secours sur le littoral...

    - N'en dites pas davantage ! l'interrompit leur hôtesse. Permettez-moi de lire cette missive.

    D'une main tremblante et brisa le sceau qui maintenait les pages fermées et les approcha de la fenêtre de profiter de la lumière du jour pour la lire. Elle parcourut rapidement les feuillets à plusieurs reprises comme si elle avait de la peine de croire ce qu'elle lisait.

    - Monsieur, puis-je voir le paquet qui accompagne cette lettre ?

    Le Capitaine se leva, sortit la bourse de sa poche, la déposa sur un guéridon près de la femme et regagna sa place sans un mot. Elle prit la bourse, l'ouvrit et sortit devant les yeux émerveillés de l'assistance un magnifique médaillon sculpté dans de l'or massif pendu à une chaîne. Elle l'examina attentivement et d'une légère pression, elle l'ouvrit, tirant de l'intérieur une tresse où s'entremêlaient des cheveux noirs et or.A la vue de cela, la femme fut émue aux larmes.

    - Je ne sais pas qui vous êtes, monsieur. Mais en m'apportant ce médaillon, vous me restituez une partie de mon passé ! Je ne pensais pas vivre assez longtemps pour profiter d'un instant aussi privilégié. J'aurais une faveur à vous demander. Vous pouvez refuser. Mais si vous acceptez, je vous garantis que vous ne le regretteriez pas.

    - Je vous écoute, madame. répondit le Capitaine.

    L'inconnue se leva de son siège et fit quelques pas vers le Hollandais.

    - Accepteriez-vous de me conduire vers l'homme qui vous a confié ce message pour moi ? demanda-t-elle.

    Tout le monde retint son souffle. Le Capitaine était aussi étonné que les autres. Il parut réflechir un moment et malgré les protestations qu'il lut dans le regard de ses compagnons,  il dit.

    - Si tel est votre souhait, Madame, je me ferai un plaisir de vous y conduire.

    Ainsi, à peine quelques jours après son arrivé à Amsterdam, le navire du Hollandais volant reprenait la mer pour Ker Is, avec à son bord une nouvelle passagère.