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  • Le Petit Chaperon voit rouge (12)

    Le Vaisseau manoeuvra sous la férule du Capitaine et s'approcha de l'épave accrochée sur les roches au milieu de l'océan. On réduisit les Tempête_de_mer_avec_épaves_de_navires.JPGvoiles et dans un grincement terrifiant, on  jeta l'ancre. Après quelques soubresaut, l'immense navire  se stabilisa. Le Capitaine et le Cracheur de feu lachèrent les bouts qui retenaient la barque de secours qui toucha la surface plane de l'eau dans une gerbe d'écumes. Le Capitaine passa le premier sur l'échelle en corde ; mais avant que ses pieds solides ne touchent le fond de l'esquif  qui devait les conduire vers le naufragé, il se tourna vers les deux fillettes qui observaient la scène et de sa voix profonde et mélodieuse dit.

    - Nous ne serons pas absents longtemps, mais quoi qu'il arrive, je veux que vous restiez sagement à nous attendre dans ma cabine. Utilisez le miroir pour suivre l'évolution de la situation. Quoi qu'il arrive ne faites rien qui pourrait vous mettre en danger. Ai-je votre parole ?

    Phyllis se précipita, enlaça le Capitaine, l'embrassa sur la joue et répondit.

    - Nous vous le promettons, Capitaine. Prenez soin du naufragé et faites attention à vous !

    Embarassé, le Capitaine toussa pour cacher son émotion et finit de descendre suivit du Cracheur de feu. Les deux fillettes et Platon observèrent la barque s'éloigner vers les récifs jusqu'à ce qu'elle soit avalée par une brume étrange qui commença à se lever de la surface marine jusque-là limpide.

    - Vite ! Dans la cabine du capitaine, intima Phyllis. Nous devons suivre leur progression dans le miroir !

    Epave.jpgIls se pressèrent tous les trois vers la porte de la cabine et s'installèrent devant le miroir enchanté qui se troubla d'abord avant de laisser paraître les deux occupants de la barque qui ramaient autour de l'épave. Le Capitaine mania le gouvernail pendant que le Cracheur de feu continuait à pousser les rames. Ils firent le tour des rochers pour trouver le meilleur angle d'approche. Puis, le Capitaine prépara un filin qu'il avait apporté et la barque se trouva accrochée sur les rochers. Tirant sa veste et ses bottes, il entra dans l'eau et avec précaution il nagea vers le navire éventré. Une fois sur  place, il prit appui sur les pierres qui emprisonnaient la coque et se hissa sur les brisants. Chaque minute sembla une éternité au petit Chaperon et ses compagnons. Mais le Capitaine se pencha, et extirpant un corps piégé entre la nef et la roche, le hissa sur ses épaules. Il entreprit de revenir vers le canot où attendait le Cracheur de feu, mais le sol et les asperités ralentissaient sa marche alourdie par le poids du naufragé. Avec mille précautions, après une très lente progression, il se remit à nager vers la barque en tractant la victime derrière lui. Arrivé à la hauteur du canot, le Capitaine laissa le Cracheur de feu tirer le corps hors de l'eau avant de se hisser lui aussi à bord. Ils reprirent la direction du vaisseau où quelque temps plus tard, ils allongèrent sur le pont leur étrange fardeau.

     

  • Le Petit Chaperon voit rouge (11)

    669_miroir.jpg C'était un vrai bonheur de constater combien Phyllis et Océane s'entendaient bien. Physiquement, les deux fillettes étaient comme le jour et la nuit : les cheveux de Phyllis avaient la couleur d'un miel dorée et descendaient en cascade bouclée sur ses épaules. Ses lèvres rose souriaient et illuminaient ses beaux yeux violets. Océane était brune. Sa peau mâte laissait voir qu'elle venaient d'un pays innondé de soleil. Elle fixait ses interlocuteurs une interrogation dans ses grands yeux noirs. Elles passaient des heures à se raconter leurs expériances solitaires et à comparer leurs souvenirs mutuels. Elles apprenaient à s'apprivoiser. Parfois elle s'amusaient à jouer à cache-cache ou à la corde à sauter et Platon faisait toujours partie de leurs jeux. Une seule ombre ternissait parfois ce tableau idyllique. Lorsque Phyllis évoquer le souvenir de sa maman, le regard d'Océane s'emplissait de tristesse car elle n'avait gardé aucun souvenir de sa propre mère. Le petit Chaperon, perspicace, compris la douleur de son amie et prit la décision d'éviter le sujet.

    Le temps passait agréablement pour nos amis et rien ne semblait perturber leur progression vers la destination finale de leur voyage, quand une belle après midi lumineuse, le miroir enchanté se troubla et parla alors que personne ne le faisait attention à lui.

    - Phyllis, va prévenir le capitaine, j'ai à lui parler.

    La fillette quitta ses jeux avec ses amis et se dirigea vers la cabine du Capitaine. Elle frappa à la porte et l'ouvrit après qu'une voix l'invita à entrer.

    - Capitaine, le miroir enchanté m'envoie vous prévenir. Il veut vous parler.

    Le Capitaine s'étonna de la nouvelle mais sans rien dire, suivit Phyllis sur le pont où le miroir tenait compagnie à Océane et à Platon, pendant que le Cracheur de feu s'entraînait à des nouveaux tours pour son spéctacle.

    - Qu'attendez-vous de moi, miroir ? Demanda le Capitaine une fois devant l'objet.

    - Je vous ai demandé de venir car j'ai vu dans mes profondeurs, à sept lieues d'ici où nous naviguons, accroché à des roches, les restes d'une épave.

    - Il n'est pas rare de rencontrer des épaves dans ces mers, répondit le Capitaine. Ce sont des eaux dangereuses et si un navire se fait piéger par une tempête il risque d'échouer.

    - Je le sais très bien, dit le miroir. Mais cette fois-ci c'est différent ! Près de l'épave, accroché à la coque déchiquetée gît un corps qui nécessite de l'aide.ile.jpg

    Phyllis qui ne perdit pas une miette de la conversation intervint.

    - Il faut le sauver Capitaine !

    Tout le monde acquiesça et le miroir précisa.

    - Il faut faire vite Capitaine, sinon, la personne échouée sur ce rocher, elle ne pourra pas survivre. La nuit tombe rapidement. Si vous voulez agir, il faut le faire tant que le soleil est encore visible.

    Sans plus attendre, sous le commandement du Capitaine, chacun voulut prendre part à l'intervention et le grand Vaisseau se dirigea vers le lieu du naufrage.

     

  • Le Petit Chaperon voit rouge (10)

    Capitaine 3.jpgAprès le sauvetage de Platon et de la petite fille océane, le Capitaine fut célébré en héros par les compagnons. Son expérience de la mer et des éléments permirent un tour de force admirable et Phyllis ne tarissait pas d'éloges à son sujet.

    - C'est le Capitaine qui a eu l'idée de revenir sur le point d'impact. Il a pu calculer les circonstances, les conditions nécessaires à l'intervention.

    - Tu minimise ma contribution, jeune fille ! s'indigna le miroir enchanté. Qui, selon vous, a permis de localiser l'île océane ? Qui donna les longitude et latitude exactes ? Qui rapporta les conditions météorologiques appropriées au Capitaine lors de la disparition de l'agneau ?

    - Oh ! Joli miroir, ne vous fâchez donc pas ! répliqua Phyllis. Je ne mets pas en doute la précieuses contribution qui fut la votre à un moment aussi primordial ; mais vous devez admettre que le navire est un bâtiment lourd et peu maniable.  De plus, il  a fallu calculer avec précision  notre position sur les cartes, sonder le fond avant l'abordage pour ne pas ensabler le vaisseau ! Si le Capitaine avait manqué de sang froid au moment de la manoeuvre, nous serions tous écrasés sur les récifs et les écueils qui entourent l'île.

    - Nous aurions tous tapissé les fonds marins à l'heure qu'il est, ricana le Cracheur de feu. Adieu lointaine Europe, adieu spectacles et tournées musicales.

    Le miroir se rangea aux arguments de la petite fille mais considéra à part lui-même qu'on dépréciait  son travail et resta boudeur.

    Le petit Chaperon rouge toute à la joie de retrouver Platon avait oublié les règles de la stricte politesse. Elle s'empressa d'y rémédier et souhaita la bienvenue à bord de la petite rescapée qui devait avoir environ son âge et lui présenta ses compagnons. Puis, curieuse de connaître mieux la jeune fille, Phyllis lui demanda.

    -  Au fait, comment t'appelles-tu ?

    Un hésitation se lut sur le visage de la visiteuse et elle sembla embarassée.

    L'enfant.jpg- Je...euh, il ne me semble pas l'avoir déjà entendu, dit-elle en rougissant. C'est que...j'ai toujours vécue seule sur mon île. Personne ne venait jamais, et personne ne m'appela par mon prénom. Du moins, si c'est le cas, je ne garde aucun souvenir.

    - Ne t'en fais pas, s'écria Phyllis. Nous te trouverons un joli prénom, qu'il te siéra à merveille. Hum, d'ailleurs j'ai une idée. Puisque nous t'avons recueillie en Haute-mer, tu es une fille océane. Nous te nommerons Océane !

    La petite fille trouva le prénom d'une belle sonorité et le répéta à plusieurs reprises.

    - Océane, murmura-t-elle. Cela me plaît. C'est comme le bruissement  des vagues, le ressac des écumes  qui s'éteignent sur le sable.

    Ainsi, Océane fut baptisée en souvenir de son île. Le soir-même, nos compagnons organisèrent une fête en son honneur, et le Cracheur de feu donna une performance exceptionnelle et l'on pouvait voir à des lieues à la ronde les volutes orangées s'élever dans le ciel de velours.

  • Le petit Chaperon voit rouge (9)

    images3.jpg

    Après les révélétions du miroir enchanté, les trois compagnons restèrent songeurs un long moment.

    - N'y aurait-t-il pas un moyen de ramener Platon et la petite fille sur le vaisseau ? demanda Phyllis au Capitaine. Après tout, vous êtes un  Capitaine expérimenté. Ce ne serait pas la première fois que vous affronterez des phénomènes aussi étranges. Vous devez trouvez une solution ! Il le faut.

    Le Capitaine ne répondit pas et sembla plongé dans une profonde méditation. Phyllis et le Cracheur de feu respectèrent son silence et au bout d'un moment, l'homme se leva et, tirant un petit carnet d'une ancienne armoire sculptée, se mit à le consulter, parcourant rapidement les pages jaunies à la recherche de quelque indice. Il termina et rangea le carnet  à sa place avant de prendre la parole.

    - Il est vrai qu'au cours de mes périples j'ai du faire face à de multiples dangers et à des situations complexes. Néanmoins, j'ai toujours affronté ces événements seul. Il s'interrompit et réspira profondément avant de poursuivre. Depuis le jour où je j'ai quitté mon pays natale, jamais aucun passager ne prit place dans mon navire. Aucun marin ne m'accompagna et aucun humain ne voulut le faire. Tel est ma malédiction ! Les années passèrent et je me suis habitué à cette solitude et je m'en accommode. Et voilà qu'un jour par ennui ou par jeu je vous propose de monter dans mon vaisseau en étant quasi certain que cela ne pourrait se faire et que vous refuseriez. Vous prendriez peur comme de centaines d'autres personnes à qui je l'avais déjà proposé. Je n'avais pas cru cela possible. Pourtant, nous voilà ensemble. Je ne sais si c'est un signe du destin.  Le fait est que cela est. Aussi étrange que cela puisse paraître, quelque chose a changé dans les données initiales. Il me vient donc l'idée, de rebrousser chemin, et dans les  mêmes conditions que ce matin, repasser sur le point d'impact avec l'île sur laquelle se trouve Platon et la petite fille.  En calculant avec précision notre trajectoire, en prenant en considération les facteurs météorologiques,  il serait  possible de récuperer, l'agneau et la petite fille au bord du navire. Rien n'est sûr et je n'ai aucune garantie de la réussite de ce projet, mais  cela vaut la peine d'être tenté, conclut-il. maroc.jpg

    Phyllis s'enthousiasma à l'idée. Reconnaissante envers le Capitaine, notre petit Chaperon s'élança vers lui, entoura de ses bras frêles son cou puissant, et lui imprima un baiser sonore sur la joue. Elle craignit que son audace ne déplût au Capitaine ;   pour dissimulé sa gêne, l'homme détourna le visage et toussa avant de lancer ses ordres à Phyllis et au Cracheur de feu. La petite fille se promit de faire attention à l'avenir et,  heureuse s'occupa du mieux qu'elle put.

    Fébrilement, les préparatifs se mirent en place, grâce au miroir enchanté on prévint Platon qui alla à la rencontre de la petite fille de l'île afin de l'informer de la situation,  on discuta, conjéctura, supputa et enfin on agit.

    Malgré les mises en garde du Capitaine et du Cracheur de feu sur un échec éventuel, Phyllis pérsuadée du succès de leur plan ne se laissa pas décourager et ne cessait de bavarder avec Platon et sa nouvelle amie océanne. Le moment de l'impact fatidique approchait inéxorablement. Phyllis ferma les yeux et pria avec toute l'ardeur de sa jeunesse. Elle resta ainsi, immobile, n'osant pas faire le moindre geste lorsque un cri de triomphe retentit d'un bout àl'autre du vaisseau. C'était le cracheur de feu posté dans la câle à l'endroit où Platon avait disparu qui faisait éclater sa joie. Quelques instants plus tard, on le vit surgir dans la cabine du Capitaine, avec à ses trousses, Platon et la petite fille océane.

    Ils avaient réussi !