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humour - Page 7

  • Cendrillon et les talons aiguilles (3)

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    Un soir où  le sommeil tardait à venir, Cendrillon quitta son lit. « Inutile de rester allongée, pensa-t-elle. Je vais prendre un peu l'air. » Sur la pointe des pieds, Cendrillon alla vers une porte fenêtre qui donnait sur le balcon de sa chambre,  l'ouvrit et  sortit  à l'air frais de la nuit. Le ciel était limpide. Les étoiles brillaient  au-dessus de sa tête. Cendrillon se pencha et regarda les astres, perdue dans ses pensées. Fermant les yeux, elle respira profondément l'air pur. Elle souhaita que quelque chose changeât dans sa situation. A peine son souhait formulé, qu'elle entendit un léger tintement comme le son d'une clochette de cristal. Intriguée, Cendrillon regarda l'obscurité autour d'elle  et vit une lumière argentée s'approcher rapidement. Peu après, devant ses yeux ébahis, se tenait sa marraine, la Fée. Cendrillon s'inclina gracieusement devant elle. Sa marraine ouvrit ses bras et la jeune princesse s'y réfugia avec émotion. Les effusions des retrouvailles terminées, Cendrillon invita sa visiteuse à entrer dans son boudoir de peur que quelqu'un les surprît.

    «  Marraine chérie ! Que je suis contente de vous voir !

    -Moi de même, mon enfant. Cela fait longtemps que je ne t'ai pas vue.

    -C'est vrai, chère marraine, depuis la cérémonie du mariage ! Que me vaux le plaisir de votre visite à une heure pareille ?

    -A toi de me le dire ! J'ai entendu ta prière. Que se passe-t-il ? N'es-tu donc pas heureuse avec ton Prince ?

    - Si, si ! Il ne s'agit pas de cela, chère marraine.

    -Qu'est-ce donc ? Tu peux tout me dire. Ouvre ton cœur. »

    Cendrillon expliqua en détails son profond ennui et poursuivit.

    « Je sais que d'autres me blâmeraient dans ces circonstances et me jugeraient ingrate. J'ai tout ce que je peux désirer, voire plus encore !

    -Alors ?

    - Alors ? Voyez-vous marraine chérie, au palais chacun pense à mon bien-être, à mon bonheur ; ils prennent soin de moi, ils m'aiment et me respectent. Sauf ...

    - Sauf ? demanda la Fée avec un léger sourire.

    - Ne croyez pas que je n'apprécie pas ma nouvelle existence ou les gens qui m'entourent. Tant de gentillesse ! Je n'ai pas l'habitude que l'on me montre autant de prévenances. Avant, lorsque j'habitais  chez ma belle mère, c'était difficile ! Je travaillais beaucoup et on me traitait durement. Mais j'avais l'habitude d'organiser mon temps. Je n'avais que peu de moments de tranquillité, mais j'étais libre d'agir à ma guise. Ici au palais, je n'ai aucune autonomie ! Pas un seul instant où les autres ne décident pas ce que je dois dire ou faire ! Je ne décide de rien, je ne choisis même pas ce que je dois porter ou à quelle heure je dois aller me coucher ! Cela me pèse profondément et pour être honnête, bien que mes journées soient très remplies, je m'ennuie ! Tous ces bals, toutes ces réceptions ! J'ai l'impression que je suis réduite bêtement à sourire et à danser !»

    « Je crois comprendre ce que tu éprouve, dit la Fée-marraine lorsque Cendrillon se tut. Cependant, il serait ridicule de vouloir retrouver tes anciennes tâches ou retourner dans ta vielle maison. Tu es trop gentille pour être vindicative mais tout de même ! Tu n'as pas oublié si vite combien tu as souffert de la cruauté de tes demi-sœurs et de ta belle mère ! »

    Cendrillon hocha négativement la tête. La Fée-marraine poursuivit.

    « Il devrait y avoir un moyen de t'occuper différemment, mais je ne vois pas du tout comment ! »

    La Fée réfléchit longuement et au bout d'un moment qui parut interminable à Cendrillon elle dit : «  Je crois que j'ai une alternative à te proposer. Tu n'es pas obligée d'accepter tout de suite. Je ne peux changer le cours des événements et ta situation de Princesse ne te permet pas de négliger tes obligations à la cour au près du Prince. Quoi que tu fasses tu ne peux quitter ta place au palais. » Conclut-elle.

    Voyant la déception assombrir le joli visage de sa filleule et ajouta : « Néanmoins, un peu de magie devrait aider à te sortir d'affaire ! »

    En attendant ces propos, Cendrillon se réjouit.

    « Je vous adore marraine chérie !s'exclama-t-elle en la prenant dans ses bras et l'embrassant bruyamment sur les deux joues.

    -Pas si vite ! Ce ne sera qu'une solution provisoire, tu le sais ! Mais ça vaux le coup d'essayer. Voici mon idée. »

    La Fée marraine entreprit de raconter son plan à Cendrillon.

    « Je peux créer un avatar qui prendrait ta place au palais pendant que tu seras occupée ailleurs. Tu agirais à ta guise puis te reprendrais à nouveau ta place sans que personne ne soit jamais au courant. »

    La joie de Cendrillon fut si grande qu'elle se mit à virevolter autour de la pièce. « Comme cela semble excitant ! Je suis si impatiente que je ne pourrais pas attendre demain matin ! »

    « Prends garde Cendrillon ! Je ne suis qu'une Fée -marraine. Ma magie est limitée et mes sortilèges ne sont  pas permanents. Je ne peux accomplir ce tour de force que pour une courte période !

    « Oui, je comprends. »

    « Aussi, je dois t'avertir. Tu devras te débrouiller seule. Il faudra t'expédier à une autre époque afin d'éviter que tu te trouve face à ton avatar ou que vous vous retrouviez simultanément au même endroit ; car ça rendrez fou tout le monde ! »

    Ne voyant pas d'objection, Cendrillon acquiesça. Elles mirent en place les détails du plan. Enfin, la Fée-marraine sortit sa baguette magique, souhaita bonne chance à sa filleule et d'un tour savant, expédia Cendrillon dans notre monde.

     

  • Cendrillon et les talons aiguilles (2)

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    Cendrillon s’ennuyait.

    Depuis un certain temps déjà, le luxe, les fastes du palais, les bals avaient perdu leurs attraits. Assurément, elle vivait dans des appartements spacieux. Elle possédait des équipages luxueux, des habits pour chaque occasion, des bijoux et des parures somptueux. Des dizaines de serviteurs prévenaient ses moindres désirs. Elle avait une dame de compagnie pour discuter, s’amuser, se promener avec elle lorsque le Prince était occupé et une femme de chambre pour l’aider à se laver, s’habiller, se coiffer. A table la nourriture était abondante et variée et les cuisiniers s’activaient toute la journée pour satisfaire ses goûts. Les distractions étaient nombreuses, les cérémonies et les réceptions régulières. En été elle partait avec le Prince et sa famille aux bains de mers. En hiver à la montagne. En automne à la chasse, au printemps à la campagne. Chaque matin, elle recevait dans son salon particulier des visiteurs de marque venant des quatre coins du pays. Elle s’entretenait de musique, de philosophie, d’art, de poésie avec d’illustres Maîtres. Chaque soir, elle assistait à divers spectacles : théâtres, ballets, opéras, concerts. Lorsque la nuit venait, après s’être retirée dans sa chambre, c’est totalement épuisée que Cendrillon se jetait sur son vaste lit et dormait d’une traite jusqu’au matin suivant. Cependant, malgré cette vie que d’autres envieraient et appelleraient dorée Cendrillon s’ennuyait ferme. Elle avait beau faire, la vie au palais et à la cour lui pesait.

    Au début, bien évidemment, elle avait été enchantée de sa chance, flattée d’avoir été choisie par le Prince pour devenir sa femme. Touchée de l’affection que chacun lui témoignait, émue par l’amour et la gentillesse du Prince, émerveillée par les richesses qui l’entouraient, Cendrillon se considéra la plus heureuse fille du monde, voire de l’univers tout entier. Son bonheur aurait été total si une petite idée n’était pas venue assombrir ses pensées, tel un grain de sable qui se glisse dans une mécanique et la dérègle. C’est que depuis son mariage, son entrée au Palais et à la cour du Roi, Cendrillon n’avait rien fait ou décidé d’elle-même. Aucune activité n’avait été choisie par elle, aucun travail de quelque nature qu’il fût n’avait été entrepris sous son initiative personnelle. Cela, Cendrillon ne le supportait que difficilement.

    Même l’amour de son Prince, les égards avec lesquels il l’entourait, l’affection du Roi et de la Reine ses beaux-parents, ne suffisaient pas à chasser cette morosité qui, insidieusement pesait sur son cœur et la rendait mélancolique. Elle comparait son ancienne existence à sa situation actuelle et elle soupirait tristement.

    Parfois, assise au fond d’un confortable fauteuil près de la fenêtre dans son salon privé, Cendrillon rêvait. Que de souvenirs lui revenaient en mémoire !

    Elle ne pouvait s’empêcher de songer à l’époque où elle habitait dans la maison paternelle avec ses deux demi-sœurs et leur mère. Là-bas, elle avait toujours tellement à faire ! Elle se souvint qu’elle s’occupait elle-même de la maison de sa marâtre : du ménage, de la cuisine, du jardin et du potager, du poulailler, des travaux divers et variés qui l’accaparaient chaque jour. Il fallait laver le linge, nettoyer, astiquer les casseroles, préparer les repas. La jeune fille devait aider ses sœurs à leur toilette, ranger leurs chambres, faire les courses. Elle réfléchissait aussi aux mille et une petites choses qui constituaient jadis son quotidien. Elle pensait avec nostalgie à l’époque où elle cousait, raccommodait ses pauvres vieux habits, où elle lavait ses cheveux sans se soucier de s’éclabousser un peu, ou elle cueillait des fleurs pour embellir sa mansarde. Elle revoyait les moments agréables où elle s’asseyait près de la cheminée pour se réchauffer les mains et où les cendres venaient se déposer sur ses gros sabots de bois et les rendaient gris au point que ses belles sœurs l’avaient surnommée de ce nom ridicule Cendrillon. (Au début elle détestait qu’on la nomme ainsi, mais petite à petit, elle considéra que ça lui allait bien et désormais, personne ne l’appelait autrement.) Elle n’avait été que le souffre douleur de ses deux demi-sœurs et de sa belle mère. Mais elle avait son libre arbitre et pouvait faire ce que bon lui semblait à ses rares moments de liberté. Avec un pincement au cœur, elle sortait de sa cachette un plumeau apporté en souvenir de son ancienne existence lors de son mariage et le contemplait avec tristesse.

  • Cendrillon et les talons aiguilles (1)

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    La chaleur atteignait son zénith et une agréable torpeur gagnait les habitants d'un  grand mûrier vert et feuillu où, depuis quelque temps, avait élu domicile un vieux, très vieux Bombyx. Midi venait de sonner et à cette heure de la journée tout paraissait silencieux et calme. Profitant de cette quiétude, le vieux Bombyx s'allongea à l'ombre d'une feuille épaisse et grasse s'apprêtant à faire une sieste pour profiter de la tranquillité de l'après-midi.

    «  Ah ! Que la vie est agréable lorsqu'on n'a aucune contrainte ou obligation excepté le souci de son propre bien-être !   Rien de tel qu'une bonne sieste pour recouvrer ses forces en attendant la fraîcheur de la soirée. Je pleins ceux qui sont obligés de travailler sous cette chaleur excessive ! » Pensa le vieux Bombyx et  ferma les yeux avec beaucoup  satisfaction.

    A peine eut-il le temps de se plonger dans le sommeil qu'un bruit désagréable se perturba le silence le tirant brusquement de sa somnolence. Au début, il ignora cette perturbation  intempestive et se contenta de rester immobile. Cependant, le bruit se réitéra. Contrarié, le vieux vers du mûrier se tourna de côté et essaya de se rendormir en vain.   A intervalles régulières le bruit persistait.  Intrigué,  il ouvrit les yeux et se redressa tant bien que mal sur son séant.

    « Sapristi ! N'y a-t-il plus moyen de dormir tranquille dans ce mûrier ? »  S'indigna notre ami. Qui s'avise de déranger un vieux vers en pleine sieste ? » Il regarda autour de lui, mais ne vit rien de particulier. Un long moment s'écoula.

    «  Hum ! se dit-il. J'ai peut-être imaginé la chose», et il s'installa encore une fois le plus confortablement possible sous le feuillage. Mais voilà que le bruit reprit  s'intensifiant et  force fut de se réveiller pour de bon. Il n'avait plus du tout sommeil. Sortant de son abri, le vieux Bombyx scruta l'alentour dressant l'oreille. Il s'avança  de quelques pas dans la branche un peu plus loin, tout en cherchant d'où pouvait provenir la cacophonie qui l'empêchait de se reposer quand tout à coup une grosse goutte vint s'écraser sur sa tête.

    « Se mettrait-il à pleuvoir sans nuage dans le ciel et par un soleil aussi radieux ? » s'étonna-t-il.

    Il leva les yeux. Sur une branche au-dessus de lui, mal caché parmi les feuilles du mûrier, se tenait une minuscule petite chenille qui n'avait pas plus de quelques semaines. Le Bombyx identifia là, la source de ses ennuis.

    « Hé ! C'est toi petite qui fais ce raffut et m'empêche de dormir ?  N'as-tu rien d'autre à faire que t'empêcher les personnes âgées de trouver un repos justement mérité ? Va donc jouer ailleurs ! » Dit-il courroucé.

    La petite chenille ne répliqua rien. Elle se mit à pleurer de plus belle. Ses sanglots étaient  à fendre le cœur d'une pierre et notre ami n'était pas de ceux qui restent insensibles à la détresse d'autrui.  Adouci devant tant de chagrin, le vieux Bombyx  monta sur la branche supérieure et s'assis ses côtés. De sa voix la plus douce et enjouée, il tenta de consoler la petite chenille.

    « Allons, allons ! Que se passe-t-il ? Qu'est-ce qui te fait tant pleurer ? Ne veux-tu pas confier à un vieux grand-père ce qui te cause tant de chagrin ? »

    -          Je... c'est... ma, ma grande... sœur, bredouilla l'enfant. Elle ne veut pas, me... me lire une histoire et elle s'est moqué de moi, parce que je ne sais pas encore...pas lire...

    -          Ha, ha ! Juste ça !?  Bien trop de chagrin pour pas grand' chose. Voyons ! Sèche tes larmes. Moi, je te raconterai une belle histoire si te le désires.

    Un grand sourire illumina le visage de la petite chenille qui oublia de pleurer et elle s'écria : «  C'est vrai ! ? Vous feriez ça pour moi ?

    -          Bien sur, mais pour le moment il fait trop chaud pour faire quoi que se soi. Rentre chez toi et dès que l'heure de la sieste sera passée reviens me trouver sous ma grande feuille et je te raconterai autant d'histoires que ton cœur peut désirer.

    -          Je pourrai venir avec mes amis ?

    -          Oui. Maintenant rentre chez toi. »

    Rassérénée, la petite chenille s'en alla toute réjouie à cette perspective et le vieux Bombyx regagna  son abri et se plongea, enfin, dans un court sommeil réparateur.  Deux heures plus tard, lorsqu'il se réveilla, il vit arriver la petite chenille accompagnée de sa sœur et de quelques autres enfants-vers du voisinage, enchantés d'écouter une des histoires du plus célèbre conteur du mûrier. Ils s'assirent respectueusement en cercle autour du vieux Bombyx et attendirent qu'il veuille prendre la parole. Flatté, le conteur prit son temps avant de se lancer. Il se racla la gorge.

    « D'abord, commença-t-il, je tiens à vous dire que j'ai horreur de l'impertinence. Vous ne devez donc pas m'interrompre à tout venant  en posant de questions incongrues. A vous de réfléchir et trouver des réponses satisfaisantes à vos interrogations.  Ensuite, vous le savez déjà, tout ce que je vous révèlerai est la stricte vérité vraie. Je l'ai vu de mes propres yeux lorsque j'étais encore jeune et je parcourais le monde. »

    Les enfants-vers du mûrier acquiescèrent et le récit débuta.

     

  • La Ville engloutie 28 (Le Petit Chaperon II)

    Amsterdam3.jpgUn enfant ne voit pas les choses de la même manière que les adultes. Mlagré son chagrin, Phyllis voulu connaître la surprise que lui avait réservé le Capitaine. Sans perdre un instant, ce dernier lui mit entre les mains un petit paquet enveloppé dans du papier à fleurs, décoré d'un ruban rouge.

    - De la part de nous tous, pour que tu te souviennes de nous. Avec notre plus profonde affection et reconnaissance, conclut-il.

    Le petit Chaperon rouge contempla le paquet e hésita un instant. Elle se souvint de la petite sculpture que le Pêcheur lui avait fait cadeau un jour, le seul objet qu'elle avait de lui. Puis, d'une main tremblante elle défit le ruban et ouvrit le papier. Emballé dans un plastique transparent, il y avait un livre : Le Petit Prince, par Antoine de Saint-Exupéry. Sur la couverture un dessin fait de jolies couleurs, représentait un petit garçon blond, regardant une rose rouge. Fébrilement, Phyllis déchira la cellophane et se mit à feuilleter le livre. al_St_Exupery07_Le_Petit_Prince_1__3.jpg

    Intriguée elle lu quelques lignes de-ci de-là, et tomba sur certaines qui l'enchantèrent.

    - C'est...

    Elle ne finit pas sa phrase. Océane lui prit le livres des mains et s'exclama d'une voix enjouée.

    - Oui, Phyllis ! C'est l'histoire du Petit Prince qui voulait que l'aviateur lui déssine un mouton ! C'est l'histoire que Platon cherchait !

    - Platon s'agita dans les bras d'Iris et sauta à terre.

    - Mon aviateur ? s'écria-t-il. Cet aviateur que nous cherchions depuis si longtemps ? Je finissait par croire qu'il n'existait pas, qu'il s'agissait d'un mensonge juste bon à calmer mon impatience et à me faire accepter les difficultés du voyage.

    Oubliant tout le reste, les trois amis s'installèrent dans un coin et se mirent à feuilleter le livre. Phyllis commenta d'abord les images. Ensuite, elle se mit à lire le texte. Océane et Platon ne tardèrent pas à s'imaginer parcourant le vaste désert où avait échoué l'aviateur. Les adultes regardèrent avec tendresse le tableau si touchant de cette jeunesse insouciante.

    Le temps passa rapidement et la nuit devenait de plus en plus noire. Il fallait qu'on se sépare et malgré ses réticences, Phyllis n'eut pas de mal à quitter ses amis, heureuse de pouvoir profiter de son livre à sa guise.Dans sa chambre d'hôtel, elle lut et relut des passages entiers de ce merveilleux livre. Platon avait demandé de rester éveillé pour regarder à nouveau les images. Ce n'est que très tard que le sommeil les surprit tous deux penchés sur les pages illustrées.

    Le lendemain, le soleil brillait et il faisait très chaud lorsqu'ils descendirent tous sur les quais à la rencontre du Hollandais volant et de son vaisseau fantôme. Mais ils eurent beau chercher, regarder partout, ils ne trouvèrent aucune trace du navire, ni d'aucun membre de l'équipage. Découragés ils revinrent sur leur pas et Phyllis ne put s'empêcher d'éprouver un sentiment de culpabilité au fond de son coeur. Pendant qu'elle se reposait au fond de son lit douillet, le Capitaine, Océane et le reste de ses amis, disparaissaient telle une brume qui s'évapore au soleil.

    - Il est temps pour nous de regagner notre pays et notre maison, Phyllis, lui dit sa maman. Tu as manqué pas mal de jours d'école et il faudra que tu t'y remettes. Quant à moi, je ne peux pas rester en vacances éternellement. Dès demain, nous entreprendrons les démarches nécessaires pour notre retour. Évidemment, Platon vient avec nous.

    Le Cracheur de feu, regarda Iris au fond de ses yeux si semblables à ceux de Phyllis.

    - Chère Iris, dit il en rougissant. Depuis le temps que nous voyageons ensemble, je me suis attaché à votre fille. Je veux dire, poursuivit-il que je ne peux envisager de vous laisser partir seules au pays. Permettez-moi de vous accompagner, si vous le voulez bien. Après tout, Phyllis est un peu comme ma fille désormais, conclut-il en devenant cramoisi.

    Un sourire illumina le visage de Phyllis qui dans son enthousiasme ne remarqua pas le trouble de sa mère.

    - Oh ! Oui, maman ! accepte, s'il te plaît ! Ce serait si fabuleux que nous vivions tous les trois ensemble ! Tu ne serais pas obligée de travailler si durement pour subvenir à nos besoins et nous passerions de superbes moments ensemble !

    Émue, Iris baissa la tête et rougit à son tour.Dans un souffle à peine audible elle murmura "oui". Après quoi, le Cracheur de feu lui prit maladroitement sa main et la serra dans la sienne.

     

    Des années plus tard, Phyllis le petit Chaperon rouge garda précieusement le livre que le Hollandais volant lui avait offert ce soir-là sur son vaisseau fantôme et chaque fois qu'elle tournait ses pages, la nostalgie  gagnait son coeur et son esprit, et  elle revivait en mémoire les fabuleuses aventures qu'ils avaient vécu ensemble.

    FIN