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Le Défilé de File la Laine - Page 67

  • Le Petit Chaperon voit Rouge (14)

    Phyllis2.jpg- Comme j'aimerais que nous partions  à la recherche de la bien aimée du Pêcheur ! Confia le petit Chaperon à Platon l'agneau et à Océne la fillette de la Haute-mer. Qu'en dites vous ?

    - Sans moi ! s'exclama Platon. Je n'ose pas imaginer les dangers encourus dans une telle aventure. Mon coeur éclaterait de frayeur !

    -  Je voudrais moi aussi être à la recherche de quelque chose ou de quelqu'un, dit Océane songeuse. Il serait si agréable d'y arriver après bien de péripéties...

    La petite fille n'avait, à la différence de ses camarades aucun but précis, ce qui la rendait un peu triste. Voyant cela, Phyllis voulu la consoler.

    - Il faudrait que tu réflechisses à l'être ou à la chose qui te manque le plus au monde, dit-elle à son amie.

    - Parfois, mon île me manque... D' autres fois, je pense à mes livres préférés que je relirais avec plaisir. Elle hésita avant de poursuivre. Il y avait aussi un  album avec  des vieilles photographies qu'un jour j'ai trouvé dans une malle...

    - Des photographies ? s'écria le petit Chaperon rouge. Quel genre de photographies ?

    - Des portraits de ma... maman. Du moins je crois... Je ne l'ai jamais connue,conclut-elle.

    Phyllis poussa un cri de surprise. Elle avait remarqué la tristesse qui gagnait Océane lorsqu'elle parlait de sa maman ou lorsqu'à l'aide du miroir enchanté elle prenait de ses nouvelles. Se penchant, elle serra son amie dans ses bras.

    - Nous la retrouverons ! affirma-t-elle avec chaleur. Nous chercherons ta maman, et tu pourras rester avec elle. Pour toujours ! l'enfant2.jpg

    L'émotion qui étreignit Océane fut si vive qu'elle ne put réprimer les larmes qui lui montèrent aux yeux.

    Le matin, c'est pleins d'entrain que les deux fillettes avec Platon, allèrent à la rencontre du reste du groupe. Phyllis ne cachait pas sa joie et Océane heureuse ne tarissait pas sur ce qu'elle allait dire et faire lorsqu'elle retrouverait sa maman.

    Le Cracheur de feu  riait en écoutant les jeunes filles et proposa d'accueillir la maman dans sa troupe. Il  suggera qu'on cherchât un nom pour la compagnie et on lança divers dénominations, mais aucune ne remporta l'unanimité. Le Pêcheur se joignit à la gaieté générale et Platon ne cessait de sauter allégrement autour du pont. Seul le Capitaine resta à l'écart  de la petite troupe et parut plus sombre que d'habitude.

     

  • Le petit Chaperon voit rouge (13)

    Capitaine4.jpgNos héros prirent soin du naufragé. Ils lui donnèrent un petit lit confortable sur le pont inférieur, désinfectèrent et pansèrent ses blessures, lui donnèrent de l'eau à volonté et de une nourriture saine, et se chargèrent de surveiller son sommeil à tour de rôle. Phyllis et Océane voulurent veiller le malade, mais le Capitaine décréta que c'était un travail d'adultes. Bon gré, mal gré, les fillettes n'eurent droit qu'à des brèves visites quotidiennes  pour ne pas fatiguer le malade mais elles envoyaient Platon régulièrement aux nouvelles. Cela dura deux jours et le troisième, enfin, le Capitaine autorisa l'homme à sortir de sa cabine et s'asseoir avec les autres sur le pont afin de profiter du soleil.

    Phyllis brûlait d'impatience. Elle voulait tout savoir sur l'inconnu : qui était-il ? Comment s'était-il retrouvé seul rescapé du naufrage ? Qu'étaient devenus ses compagnons ? Elle refréna sa curiosité cependant, car elle remarqua le visage pâle du voyageur et sa difficulté à se déplacer sans l'appui solide du Capitaine et du Cracheur de feu.

    - Il n'a pas l'air de recouvrer vite ses forces, confia Phyllis à Platon et à Océane. A mon avis, il faudra le transporter à l'hôpital le plus proche.

    - Mais nous sommes en plein océan ! s'exclama Platon. Où peut-on trouver d'hôpital ?

    - Le Capitaine doit le savoir, affirma confiant le petit Chaperon. Il suffit de faire cap vers le littoral le plus proche et de confier notre malade aux soins de médecins et d'infirmière expérimentés.

    Décidée de mettre son plan à exécution, Phyllis et ses amis trouvèrent le Capitaine assis devant son bureau en train d'écrire dans le journal de bord. Dès qu'ils eurent expliqué les raisons de leurs visite ils fixèrent avec espoir le Capitaine. Ce Capitaine qui écouta  attentivement, pâlit.

    - Cela est impossible ! finit-il par murmurer. Nous sommes à des lieues de toute terre. Nous ne pouvons rien faire d'autre à part souhaiter qu'il recouvre ses forces petit à petit. 3.jpg

    Plus d'une semaine s'était écoulée depuis que le Cracheur de feu et le Capitaine avaient secouru l'inconnu, lorsqu'un soir, pendant que la compagnie savourait le coucher du soleil sur le pont, l'étranger vint les rejoindre. Il était encore un peu faible, mais il marchait sans aide et son visage semblait reposé. Il s'installa et son regard fixa l'horizon qui se teintait de magnifiques couleurs dorées.

    - Je suis contente de savoir que vous allez mieux, monsieur.  Je ne veux pas être indiscrète,  dit Phyllis, mais, je ne peux m'empêcher de vous poser la question qui me vient à l'esprit comme à tous ceux présents sur ce navire. Qui êtes vous ?

    L'inconnu sourit faiblement à la petite fille et une sorte de nostalgie voila son regard.  Après un silence il dit.

    - Je  ne suis qu'un pauvre pêcheur fou ! J'étais à la poursuite de ma bien aimée* lorsque la tempête m'éloigna de la côte et me jeta sur les récifs me laissant pour mort. Sans votre aide, s'en était fait de moi !

     

    *Oscar Wilde, Le Pêcheur et son âme.

     

  • Le Petit Chaperon voit rouge (12)

    Le Vaisseau manoeuvra sous la férule du Capitaine et s'approcha de l'épave accrochée sur les roches au milieu de l'océan. On réduisit les Tempête_de_mer_avec_épaves_de_navires.JPGvoiles et dans un grincement terrifiant, on  jeta l'ancre. Après quelques soubresaut, l'immense navire  se stabilisa. Le Capitaine et le Cracheur de feu lachèrent les bouts qui retenaient la barque de secours qui toucha la surface plane de l'eau dans une gerbe d'écumes. Le Capitaine passa le premier sur l'échelle en corde ; mais avant que ses pieds solides ne touchent le fond de l'esquif  qui devait les conduire vers le naufragé, il se tourna vers les deux fillettes qui observaient la scène et de sa voix profonde et mélodieuse dit.

    - Nous ne serons pas absents longtemps, mais quoi qu'il arrive, je veux que vous restiez sagement à nous attendre dans ma cabine. Utilisez le miroir pour suivre l'évolution de la situation. Quoi qu'il arrive ne faites rien qui pourrait vous mettre en danger. Ai-je votre parole ?

    Phyllis se précipita, enlaça le Capitaine, l'embrassa sur la joue et répondit.

    - Nous vous le promettons, Capitaine. Prenez soin du naufragé et faites attention à vous !

    Embarassé, le Capitaine toussa pour cacher son émotion et finit de descendre suivit du Cracheur de feu. Les deux fillettes et Platon observèrent la barque s'éloigner vers les récifs jusqu'à ce qu'elle soit avalée par une brume étrange qui commença à se lever de la surface marine jusque-là limpide.

    - Vite ! Dans la cabine du capitaine, intima Phyllis. Nous devons suivre leur progression dans le miroir !

    Epave.jpgIls se pressèrent tous les trois vers la porte de la cabine et s'installèrent devant le miroir enchanté qui se troubla d'abord avant de laisser paraître les deux occupants de la barque qui ramaient autour de l'épave. Le Capitaine mania le gouvernail pendant que le Cracheur de feu continuait à pousser les rames. Ils firent le tour des rochers pour trouver le meilleur angle d'approche. Puis, le Capitaine prépara un filin qu'il avait apporté et la barque se trouva accrochée sur les rochers. Tirant sa veste et ses bottes, il entra dans l'eau et avec précaution il nagea vers le navire éventré. Une fois sur  place, il prit appui sur les pierres qui emprisonnaient la coque et se hissa sur les brisants. Chaque minute sembla une éternité au petit Chaperon et ses compagnons. Mais le Capitaine se pencha, et extirpant un corps piégé entre la nef et la roche, le hissa sur ses épaules. Il entreprit de revenir vers le canot où attendait le Cracheur de feu, mais le sol et les asperités ralentissaient sa marche alourdie par le poids du naufragé. Avec mille précautions, après une très lente progression, il se remit à nager vers la barque en tractant la victime derrière lui. Arrivé à la hauteur du canot, le Capitaine laissa le Cracheur de feu tirer le corps hors de l'eau avant de se hisser lui aussi à bord. Ils reprirent la direction du vaisseau où quelque temps plus tard, ils allongèrent sur le pont leur étrange fardeau.

     

  • Le Petit Chaperon voit rouge (11)

    669_miroir.jpg C'était un vrai bonheur de constater combien Phyllis et Océane s'entendaient bien. Physiquement, les deux fillettes étaient comme le jour et la nuit : les cheveux de Phyllis avaient la couleur d'un miel dorée et descendaient en cascade bouclée sur ses épaules. Ses lèvres rose souriaient et illuminaient ses beaux yeux violets. Océane était brune. Sa peau mâte laissait voir qu'elle venaient d'un pays innondé de soleil. Elle fixait ses interlocuteurs une interrogation dans ses grands yeux noirs. Elles passaient des heures à se raconter leurs expériances solitaires et à comparer leurs souvenirs mutuels. Elles apprenaient à s'apprivoiser. Parfois elle s'amusaient à jouer à cache-cache ou à la corde à sauter et Platon faisait toujours partie de leurs jeux. Une seule ombre ternissait parfois ce tableau idyllique. Lorsque Phyllis évoquer le souvenir de sa maman, le regard d'Océane s'emplissait de tristesse car elle n'avait gardé aucun souvenir de sa propre mère. Le petit Chaperon, perspicace, compris la douleur de son amie et prit la décision d'éviter le sujet.

    Le temps passait agréablement pour nos amis et rien ne semblait perturber leur progression vers la destination finale de leur voyage, quand une belle après midi lumineuse, le miroir enchanté se troubla et parla alors que personne ne le faisait attention à lui.

    - Phyllis, va prévenir le capitaine, j'ai à lui parler.

    La fillette quitta ses jeux avec ses amis et se dirigea vers la cabine du Capitaine. Elle frappa à la porte et l'ouvrit après qu'une voix l'invita à entrer.

    - Capitaine, le miroir enchanté m'envoie vous prévenir. Il veut vous parler.

    Le Capitaine s'étonna de la nouvelle mais sans rien dire, suivit Phyllis sur le pont où le miroir tenait compagnie à Océane et à Platon, pendant que le Cracheur de feu s'entraînait à des nouveaux tours pour son spéctacle.

    - Qu'attendez-vous de moi, miroir ? Demanda le Capitaine une fois devant l'objet.

    - Je vous ai demandé de venir car j'ai vu dans mes profondeurs, à sept lieues d'ici où nous naviguons, accroché à des roches, les restes d'une épave.

    - Il n'est pas rare de rencontrer des épaves dans ces mers, répondit le Capitaine. Ce sont des eaux dangereuses et si un navire se fait piéger par une tempête il risque d'échouer.

    - Je le sais très bien, dit le miroir. Mais cette fois-ci c'est différent ! Près de l'épave, accroché à la coque déchiquetée gît un corps qui nécessite de l'aide.ile.jpg

    Phyllis qui ne perdit pas une miette de la conversation intervint.

    - Il faut le sauver Capitaine !

    Tout le monde acquiesça et le miroir précisa.

    - Il faut faire vite Capitaine, sinon, la personne échouée sur ce rocher, elle ne pourra pas survivre. La nuit tombe rapidement. Si vous voulez agir, il faut le faire tant que le soleil est encore visible.

    Sans plus attendre, sous le commandement du Capitaine, chacun voulut prendre part à l'intervention et le grand Vaisseau se dirigea vers le lieu du naufrage.